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Tic : pourquoi ? types ? prise en charge ? | Santé Magazine
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Tics : pourquoi ces troubles involontaires convulsifs ? que faire ?

Publié par Dora Laty  |  Mis à jour le

En collaboration avec Dr George Retali (neurologue)

Clignements des yeux, grimaces, imitations gestuelles, crises d'insultes ou d'obscénités... Les tics, troubles involontaires convulsifs, affectent environ 5% des enfants. Plus rare à l'âge adulte, ce trouble s'estompe généralement avec le temps. Dans les formes graves comme le syndrome Gilles de Tourette (SGT), un traitement médicamenteux est parfois nécessaire. Explications. 

Définition : c'est quoi un tic ?

Les tics sont des mouvements ou des sons soudains, répétitifs voire stéréotypés qui apparaissent en dehors de leur contexte habituel. "Aussi inutiles que difficilement contrôlables, les tics touchent préférentiellement l'enfant et disparaissent souvent à l'âge adulte.  Le traitement des tics peut passer par la psychothérapie et parfois la prescription de neuroleptiques dans les cas sévères comme dans le syndrome Gilles de la Tourette", selon le docteur George Retali, chef de l'unité de neurologie au CHU de Bastia. 

L’incidence de la maladie est d’au moins 4% pour les garçons et 1% pour les filles âgés de 5 à 16 ans en milieu scolaire (source 1). 

Il peut s'agir de tics moteurs simples ou plus complexes ou encore de sons ou de vocalisations. 

Lorsque les tics sont particulièrement sévères, on parle desyndrome Gilles de la Tourette (SGT): les tics prononcés apparaissent alors pendant l'enfance et sont souvent associés à d'autres troubles du comportement comme le TDA/H, les TOC, le trouble panique... Le SGT touche environ une personne sur 2000 en France et plus souvent les garçons que les filles (source 2). La gêne fonctionnelle occasionnée par le SGT est souvent majeure et aboutit souvent à une marginalisation des patients. 

Une autre conséquence des tics est l'automutilation engendrée par ces mouvements : morsures de lèvres, de langue, érosions cutanées et dommages oculaires... 

Quelles sont les différentes formes de tics ?

"On distingue différents types de tics : il peut s'agir de gestes, de bruits ou de vocalisations. Les tics sont reconnaissables par leur caractère inapproprié au contexte et inutile", selon le praticien. 

  • Les tics moteurs simples  : reniflements, clignements des yeux, toux répétitive ; 
  • Les tics moteurs complexes : sauts, attouchements personnels ou extra-personnels, séquences motrices plus ou moins complexes, imitations gestuelles (échopraxies)...) ; 
  • Les sons ou les vocalisations : bruits discrets, cris violents, aboiements, répétition des mots d'autrui (écholalie), besoin de prononcer des mots orduriers et scatologiques (coprolalie)...

Tics et tocs : quelle différence ?

Contrairement aux tocs (ou Troubles obsessionnels compulsifs), les tics ne sont pas associés à une pensée obsessionnelle. Ils ne sont pas des compulsions ou des rituels mais des  gestes isolés et non associés à une idée. 

Tics et spasmes : quelle différence ?

"Les tics sont des mouvements ou des vocalisations difficilement contrôlables mais pas totalement involontaires puisque le sujet peut les réprimer pendant quelques minutes. En revanche les spasmes sont des contractions musculaires totalement involontaires que le sujet ne peut maîtriser", souligne le docteur George Retali.

Quelles sont les causes des tics ?

Les tics pourraient être en rapport avec un dysfonctionnement de certaines régions profondes du cerveau : les ganglions de la base, aboutissant à une mauvaise planification des comportements. Au cours du développement normal, le cortex cérébral colonise de façon progressive les ganglions de la base contrôlant par de là même leur fonctionnement. Dans les tics, ce processus semble altéré.

De son côté, la mise en jeu anormale d’un réseau d’aires corticales préfrontales et prémotrices serait en cause dans le syndrome Gilles de la Tourette (SGT). L’origine du SGT n'est pas connue. Toutefois, certains facteurs prédisposants environnementaux (prénataux et périnataux) ou génétiques ont été mis en évidence. Et c’est surtout l’hypothèse immunologique post-infectieuse qui a retenu l’attention au cours des dernières années : le SGT semble en effet plus fréquent chez des enfants ayant présenté des infections streptococciques à répétitions telles que des angines. 

Quels sont les facteurs de risque des tics ?

Les facteurs de risque des tics sont : 

  • des antécédents familiaux de tics : soit par transmission héréditaire des anomalies cérébrales comme c'est le cas dans le syndrome Gilles de la Tourette (SGT), soit par mimétisme car il n'est pas rare que les enfants prennent les mêmes tics qu'un parent, un frère ou une sœur. " On ne considère pas les tics comme un trouble héréditaire sauf pour le cas du syndrome Gilles de la Tourette dont il existe des formes familiales", souligne l'expert ; 
  • un terrain nerveux ou anxieux : il a d'ailleurs été observé que les patients atteints de tics présentaient aussi souvent d'autres troubles psychiatriques comme les TOC, le trouble panique, une hyperactivité... 

Quels sont les facteurs favorisant le déclenchement des tics ?

Généralement les tics se déclenchent en cas de facteurs de stress : une naissance, l'entrée à l'école, le décès d'un proche, un déménagement, une séparation, une situation malaisante... Ces gestes inconscients permettent au patient de décharger ses tensions afin de retrouver son calme et son niveau d'attention.

Dr George Retali, neurologue : La gestion du stress et la relaxation sont donc au cœur du traitement des tics.

Quelles sont les personnes à risque de tics ?

Les personnes à risque de tics sont :  

  • les personnes qui ont des antécédents familiaux de SGT ; 
  • les personnes affectées par un trouble du comportement ou un trouble anxieux (TDA/H, TOC...). 

Quels sont les symptômes des tics ?

Il existe deux grandes catégories de tics :

  • les tics moteurs ou bruits simples : grimaces faciales, soubresauts de la tête ou des bras, clignements des yeux, reniflements, grognements, mordillements des lèvres…
  • les tics ou bruits complexes : bruits de bouche importants, raclements de gorge, sautillements, propos vulgaires (coprolalie), répétition de ses propres mots ou de ceux d’une autre personne (écholalie)…

Le plus souvent, les patients peuvent contrôler les tics sur des périodes de temps plus ou moins longues (quelques minutes). Cependant ce processus de contrôle s’accompagne d’une tension interne qui aboutit à un effet rebond avec des tics plus prononcés. 

Pendant le sommeil, les tics sont généralement absents et diminuent au repos.

Comment évoluent les tics ?

Dans près de la moitié des cas, les tics régressent voire disparaissent totalement à l'âge adulte. Ils atteignent généralement leur sévérité maximale entre 8 et 12 ans puis se stabilisent avant de s'estomper. Toutefois, un traitement est nécessaire lorsque les tics occasionnent une gêne au quotidien et/ou ne diminuent pas avec le temps. 

Quelles sont les conséquences des tics ?

Les tics peuvent être à l’origine de :

  • séquelles physiques liées à ces gestes : morsures de lèvres, de langue, érosions cutanées mais également lésions oculaires, voire énucléation dans les cas extrêmes) ;
  • un repli sur soi, des difficultés socio-professionnelles et relationnelles ainsi qu'une marginalisation dans les formes graves et handicapantes comme le syndrome Gilles de la Tourette ; 
  • une dépression. 

Peut-on prévenir ces troubles involontaires compulsifs ?

Les tics sont difficiles à prévenir.

Lorsqu’ils sont connus, il existe quelques mesures utiles pour limiter leur fréquence ou prévenir leur amplification :

  • utiliser les techniques et exercices de relaxation et de gestion du stress ;
  • pratiquer une activité physique régulière ou un loisir afin d’évacuer l’énergie inutile ;
  • éviter ou limiter la consommation d’excitants (café, alcool…) ;
  • demander à l’entourage d’être tolérant (ne pas faire remarquer constamment à la personne qu’elle a des tics, ni l’humilier ou la punir).

Comment est établi le diagnostic de tics nerveux ?

Le diagnostic des tics est établi par le médecin et ne nécessite pas d’examen complémentaire. Une échelle d’évaluation de la fréquence et de l’intensité des tics permet une mesure de la sévérité de la maladie.

Le diagnostic du syndrome Gilles de la Tourette se base sur l’évaluation des symptômes des patients par examen clinique, Imagerie par résonance magnétique (IRM) et électroencéphalogramme.

Quels sont les traitements des tics ?

Généralement une prise en charge psychologique permet de venir à bout des tics légers à modérés. Toutefois le recours aux médicaments peut être nécessaire dans les cas plus graves comme dans le SGT. 

Psychothérapie et relaxation dans les cas légers à modérés

"Le stress et l'émotivité sont les premiers facteurs sur lesquels, il est judicieux d'agir par la psychothérapie et des techniques de relaxation", pour le docteur George Retali. 

Le traitement des tics légers à modérés repose uniquement sur :

Parfois le recours aux médicaments dans les cas graves

Le traitement médicamenteux est généralement réservé au syndrome de Gilles de la Tourette (SGT). L’idée d’une hyperactivité du système dopaminergique dans les tics a depuis longtemps conduit à proposer les neuroleptiques (agents bloquants de la dopamine) pour leur traitement. Les neuroleptiques classiques restent un traitement de référence mais ils présentent de nombreux effets secondaires qui limitent leur utilisation, notamment chez l’enfant. Depuis quelques années sont apparus des neuroleptiques de nouvelle génération qui ont moins d’effets secondaires. Néanmoins, le risque d’altération cognitive, compromettant la scolarité, limite leur utilisation aux formes les plus sévères. 

Lorsque les tics sont associés à d'autres troubles, d'autres médicaments peuvent être prescrits : des antidépresseurs et des anxiolytiques (en cas de troubles anxieux ou de toc), du méthylphénidate (en cas de TDA/H)... 

Chez des patients présentant un handicap particulièrement lourd, la stimulation cérébrale profonde représente un espoir mais son intérêt sur le long terme reste à être évalué.

Sources

Publié par Dora Laty  |  Mis à jour le

En collaboration avec Dr George Retali (neurologue)

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