UN PEINTRE ROMANTIQUE RUSSE :
ALEXANDRE IVANOV
PAR LOUIS RÉAU
Le nom d'Alexandre Andreevitch Ivanov est presque inconnu en France, même des spécialistes de l'histoire de la peinture moderne.
Cette méconnaissance du plus grand peintre russe de la première moitié du xixe siècle n'a rien de surprenant. Ivanov n'a jamais fait le moindre effort pour entrer en contact avec les Romantiques français de sa génération qu'il aurait pu connaître sinon à Paris, où il ne vint jamais, du moins à Rome où il passa la majeure partie de sa vie. Mais Ingres, alors directeur de la Villa Médicis, lui resta aussi étranger que Delacroix.
D'autre part, ses œuvres sont toutes restées en Russie. Nos musées n'en possèdent aucune et, pour s'en faire une idée, il faut avoir été à Moscou et à Leningrad.
Ces deux raisons suffisent pour expliquer le très faible rayonnement de son art en Occident. Au surplus, on peut présumer que, même si les circonstances avaient été plus favorables, il aurait été peu compris et peu goûté en France où la peinture était animée d'un tout autre idéal et s'orientait dans des directions très différentes. La critique lui aurait reproché d'être à la fois trop Russe et trop Allemand et de rester prisonnier d'un Académisme périmé.
' Cependant son œuvre, qui nous apparaît, avec le recul d'un siècle, un grand effort avorté plutôt qu'une réussite, est loin d'être indifférente.
Ce «raté» était un génie inquiet et dévoyé qui a mal choisi ses modèles et s'est acharné, avec une mauvaise méthode de travail, à des besognes ingrates au lieu d'écouter ses voix intérieures, de suivre la pente naturelle de son tempérament. Son «cas» mérite d'être étudié tant au point de vue psychologique qu'au point de vue de la création artistique. Il y aurait plus d'une leçon à en tirer.
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