Didier GAZAGNADOU
LES POSTES À RELAIS DE CHEVAUX CHINOISES,
MONGOLES ET MAMELOUKES AU XIIIe SIÈCLE :
un cas de diffusion institutionnelle ?
La question de la transmission des nouvelles intéresse l'histoire et l'anthropologie politique car elle est intimement liée à la formation, à la stabilité et à la domination de tout appareil d'Etat l. Il convient, nous semble-il, d'établir une distinction entre la transmission des informations d'Etat et les autres systèmes de transmission (compagnies commerciales, associations religieuses et universitaires, etc), c'est à dire entre les postes à relais ou postes d'Etat et tous les autres systèmes de transmission. Seul, en effet, un appareil d'Etat possède les moyens militaires et financiers de mettre en place et de faire fonctionner, avec régularité, vitesse et sécurité c'est à dire par le biais de relais, un réseau postal assurant le transport de ses correspondances sur un territoire donné. Attestés dés la très haute antiquité au Moyen-Orient et en Chine, les systèmes de transports des correspondances d'Etat par relais d'animaux (car on utilise, selon la région, le climat, le terrain, des chevaux, des mulets, des dromadaires, des chameaux et des ânes, voire des yaks) prennent, avec la constitution de l'empire mongol au XIIIe siècle, une dimension impressionnante à plusieurs titres : par l'extension, par la maîtrise technique qu'ils supposent, par les conséquences politiques et militaires et enfin par les problèmes de diffusion qu'ils soulèvent. On mesure bien alors la nécessaire rencontre de l'historien, de l'anthropologue et du géographe.
1. G. Balandier, Anthropologie politique, Paris, PUF, rééd. 1984, p 161-162 ; Y. Renouard, « Information et transmission des nouvelles », dans L'Histoire et ses méthodes, Paris, Gallimard, 1961 (La Pléiade).