© REVUE GÉOGRAPHIQUE DES PYRÉNÉES ET DU SUD-OUEST
tome 63, FASC. 2, pp. 341-354, Toulouse, 1992-1993.
CHRONIQUE
UNE DYNAMIQUE RÉCENTE D'ÉLEVAGE OVIN: L'EXEMPLE DE LESBOS, EN MER EGÉE
L'île grecque de Lesbos (1630 km2), proche des côtes de l'Asie mineure, dans le nord-est de l'Egée, est bien connue pour ses activités oléicoles : l'huile d'olive y constitue la première production agricole et le principal produit d'exportation, au point de faire confondre toute l'île avec une région de production spécialisée. Ce n'est toutefois que dans la moitié est de l'île que l'oliveraie prend la forme d'une monoculture ; à l'ouest, elle se fait discontinue, les oliviers moins nombreux, les plantations moins massives : dans un contexte relativement sec, les sols argileux, peu profonds sur des substrats volcaniques et sur des pentes parfois fortes, sont le plus souvent laissés en friches mais utilisés pour l'élevage. On dénombrait dans l'île environ 500 bovins et 250000 ovins à la fin de la décennie 1980. Or l'élevage de brebis, qui est une vieille tradition de l'île de Lesbos, a enregistré là, en quelques années, des transformations qui sont révélatrices des capacités d'évolution et d'adaptation de l'exploitation agricole dans un monde insulaire qui est plus divers et plus mobile que ne le manifestent les symptômes de déclin, de déprise et parfois d'abandon sur lesquels on insiste très souvent à son propos. Le fait est que la croissance du cheptel ovin à Lesbos accompagne la réduction de la population départementale passée de 104 620 habitants en 1981 à 95 000 en 1991 (1), soit une baisse de 9,2 % comparable seulement, pour cette période, à celle du petit département dEvrytanie, entièrement montagneux, en Grèce centrale.