Il est de bon ton de « ranimer » les mémoires. C’est à doses homéopathiques pourtant que la France accorde sa reconnaissance aux étrangers qui participèrent à sa libération. Aucun monument d’envergure ne rend hommage, par exemple, aux milliers d’Espagnols qui combattirent l’occupant nazi. En ce soixantième anniversaire de la libération de Paris, pourquoi marchander la gratitude et oublier d’honorer les femmes et les hommes morts pour la liberté aux côtés des Français ?
Après la guerre civile de 1936-1939, de nombreux Espagnols rejoignirent les rangs de la Résistance ou les armées de la France libre, comme le rappelle un tableau de Picasso, accolé au fameux Guernica, au Musée Reina Sofia, à Madrid. Il s’intitule : Monument aux Espagnols morts pour la France. Les républicains d’outre-Pyrénées ont marqué de leur empreinte la Libération. Leur présence est reconnue dans le Sud, mais plus de 10 000 d’entre eux combattirent un peu partout, en Bretagne comme dans les Cévennes ou à Poitiers, Bordeaux, Angoulême, Avignon, Montélimar, Valence, Annecy… Foix a été libérée par les seuls Espagnols, auxquels on a envoyé au dernier moment un certain Marcel Bigeard afin d’assurer une participation française aux combats.
A Bordeaux, Charles Tillon, fondateur des Francs-tireurs et partisans français (FTPF), avait contacté les organisations du Parti communiste d’Espagne (PCE) dès la fin de l’été 1940. A cette époque, les étrangers constituaient une sorte de vivier pour la résistance naissante. Ils n’avaient pas été mobilisés, et le pacte germano-soviétique les avait peu touchés. De surcroît, les communistes d’Espagne se souvenaient de l’apport français aux Brigades internationales. A Paris, à la même époque, la direction clandestine du PCE cherchait à rencontrer les dirigeants communistes français. Mme Lise London sera approchée à la mi-décembre. Si elle et son mari, Artur London, servirent d’intermédiaires, c’est que ce dernier avait combattu en Espagne au sein des Brigades internationales.
Dès lors, côté (...)