| FOYER, subst. masc. I.− Lieu où l'on fait du feu. A.− 1. Espace spécialement aménagé pour y faire du feu; en partic., partie de la cheminée où brûle le feu. Foyer de la cheminée, de la cuisine; foyer sans feu; foyer de pierre. Synon. âtre.J'entrai dans une de ces huttes : c'était un taudis sans fenêtre, avec un foyer de pierres brutes placé au centre (Gautier, Tra los montes,1843, p. 58).Les lourds landiers, qui allèrent remplacer dans le foyer les pierres glissées sous les bûches (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 160).Une bûche s'effondra, des braises roulèrent hors du foyer. L'Allemand se pencha, ramassa les braises avec des pincettes (Vercors, Silence mer,1942, p. 37): 1. ... M. de Coëtquidan s'était approché de sa cheminée, où le feu se mourait. Délicatement, avec ses ciseaux, il s'était coupé deux poils de la barbe, et il les avait posés sur la pelle du foyer, qu'il tenait maintenant au-dessus de la braise. Bientôt les poils commencèrent de grésiller. Alors une expression d'amusement, de jubilation enfantine apparut sur le masque barbu du vieillard...
Montherl., Célibataires,1934, p. 749. SYNT. Foyer étroit, grand, large; braises, bûches, cendres du foyer;, feu, flamme du foyer; tirage du foyer; pierre du foyer; coin du foyer; s'asseoir devant le/près du foyer. ♦ Marbre du foyer ou, p. ell., foyer. Dalle (de marbre, de pierre, etc.) scellée devant le foyer afin de l'isoler du parquet. La Toutouque [une chienne] cuisait (...) sur le marbre brûlant du foyer (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 152).D'un pincement de lèvres, il repoussa la cigarette, la laissa tomber à ses pieds, sur le marbre du foyer (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 967). Rem. La plupart des dict. gén. mentionnent a) Le sens de « cadre de bois entourant le marbre du foyer ». b) Tapis de foyer ou, p. ell., foyer. Petit tapis placé devant le foyer. 2. Spéc. Foyer d'incendie. Endroit où le feu se déclare, où il est le plus ardent et d'où il se propage. Une caisse d'acide, ou d'autres liqueurs chimiques (...) avait pris feu d'elle-même, et répandu une fumée si épaisse sous les ponts, qu'il avait été très-difficile de découvrir le foyer de l'incendie (Voy. La Pérouse,t. 3, 1797, p. 261).Dans le fond du foyer de l'incendie, des charpentes semblables à des ifs de feu, tournant, se tordant avec des vibrations ignées (Goncourt, Journal,1864, p. 109). − Au fig., gén. dans le domaine des relations internat.Lieu où se concentrent des tensions, des troubles qui peuvent s'étendre et dégénérer en conflits plus graves. Dans le cas d'une expédition en Turquie ou d'une irruption dans les principautés, il était d'une mauvaise politique de laisser un foyer d'incendie aux portes de la Pologne (Balzac,
Œuvres div.,t. 3, 1836, p. 63). 3. TECHNOL. Partie d'un appareil de cuisson ou de chauffage, domestique ou industriel, où brûle le combustible. Foyer d'un poêle, d'un fourneau; foyer à grille, à chargement automatique; grille du foyer. On a cherché (...) [à] faire le chargement d'une manière continue, de façon à maintenir le foyer toujours dans le même état. Les foyers dits à alimentation continue sont basés sur ce principe (Ser, Phys. industr.,1888, p. 431).Dans la chaufferie à six foyers, des ouvriers (...) piquaient le mâchefer des grilles avec de longs ringards qu'ils retiraient rouges (Hamp, Champagne,1909, p. 97).La mère tisonna le foyer de la cuisinière (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 150): 2. ... il ne s'arrêta dehors que devant le bâtiment des générateurs. La porte, grande ouverte, laissait voir sept chaudières à deux foyers. Au milieu de la buée blanche, dans le sifflement des fuites, un chauffeur était occupé à charger un des foyers, dont l'ardente fournaise se faisait sentir jusque sur le seuil...
Zola, Germinal,1885, p. 1154. Rem. La docum. atteste a) Un emploi de foyer (en parlant d'une pipe) au sens de « fourneau ». Tous les visiteurs [d'Omer-Pacha, dans un dessin de Guys] sont rangés sur des divans, ajustant à leurs lèvres des pipes, longues comme des sarbacanes, dont le foyer repose à leurs pieds (Baudel., Curios. esthét., 1867, p. 342). b) Qq. très rares emplois au fig. ou p. métaph. Il n'y eut plus dans Gwynplaine que le cœur, foyer, et l'amour, flamme (Hugo, Homme qui rit, t. 2, 1869, p. 149). B.− P. méton. 1. Feu (qui brûle dans le foyer). Foyer allumé, ardent, éteint. L'horizon était en feu; mais, par endroits, on distinguait des foyers plus intenses, des gerbes d'un pourpre vif (Zola, Débâcle,1892, p. 605).De distance en distance, des foyers s'allument (Maran, Batouala,1921, p. 50): 3. Explosions et incendies de tous côtés aux pourtours de la ville. J'ai compté plus de vingt foyers. Ils ne sont pas le fait de l'aviation anglo-américaine : les Allemands, traqués, devant que d'évacuer la ville, font sauter leurs dépôts.
Gide, Journal,1943, p. 235. SYNT. Foyer brûlant, flamboyant, incandescent; foyer qui éclaire, qui s'éteint; ardeur, clarté, lueur, pétillement du foyer. − HIST. ANC. Foyer sacré ou, p. ell., foyer (Ε
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α ou Vesta). Foyer domestique devant toujours être alimenté, centre religieux de la demeure; foyer commun auprès duquel sont placés les dieux tutélaires de la ville (cf. feu sacré, feu I B 1 b). Les Romaines Restaient près du foyer sacré Et chantaient en filant la laine Des hymnes aux dieux ignorés (Maurois, Silences Bramble,1918, p. 168).Les plus anciens sanctuaires et les plus essentiels, notamment celui de Vesta, foyer commun auprès duquel étaient conservés les Pénates du peuple romain, mystérieux fétiches liés au salut de la Ville (P. Grimal, La Civilisation romaine,Paris, Arthaud, 1960, p. 29): 4. Au milieu de chaque demeure s'élève la pierre sacrée du foyer, l'autel domestique. Elle est le centre de la famille, image de ce centre immobile du monde que nos pères ont appelé Histiè.
Ménard, Rêv. païen mystique,1876, p. 65. 2. P. métaph. Foyer de l'amour, de la passion. Cet homme, en apparence froid et compassé, semblait contenir en lui-même un foyer secret dont la flamme agissait sur nous (Balzac, Deux rêves,1830, p. 351).Ce qu'une morale de restriction hypocrite a nommé les plus bas instincts de l'homme devenait ainsi l'ardent foyer où la vie puisait son inextinguible flamme (Zola, Travail,t. 2, 1901, p. 216): 5. « O Hoffnung! Hoffnung!... » Le cri éternel de notre Beethoven... De toutes les formes du Divin, qu'il chercha et qu'il épousa, celle qui fut la plus persistante... Car elle était le foyer même de son énergie, le noyau brûlant de sa création, et l'imbrisable élan de sa vaillance...
Rolland, Beeth.,t. 1, 1937, p. 64. Rem. La docum. atteste qq. emplois p. ext. et métaph. Quelques-uns [au marché des Innocents] se chauffaient autour de feux comme ceux que font les soldats qui campent, − d'autres s'allumaient des foyers intérieurs dans les cabarets voisins (Nerval, Bohême gal., 1855, p. 149). Dans l'ardent foyer de ta chevelure, je respire l'odeur du tabac mêlé à l'opium et au sucre (Baudel., Poèmes prose, 1867, p. 185). Toujours ces quarante de fièvre, ce petit corps qui brûle, ce foyer intérieur qui dévore une petite âme (Renard, Journal, 1901, p. 632). II.− P. ext. Lieu servant d'abri à des personnes. A.− 1. Lieu où habite, où vit une famille. Foyer des ancêtres, de la famille; quitter, regagner son foyer. Heureux celui qui retrouve le soir le foyer domestique, et s'y assied au milieu des siens (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 270).Nous habitions autrefois les uns, notre petite cité, les autres, la campagne, à deux kilomètres et demi de foyer à foyer (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 78).Elle sourit et s'esquiva, le laissant seul. Seul, avec cette sensation d'un foyer retrouvé, ce rêve d'une douceur féminine à son chevet (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 782): 6. ... l'image de ma première nuit de vol en Argentine, une nuit sombre où scintillaient seules, comme des étoiles, les rares lumières éparses dans la plaine. Chacune signalait, dans cet océan de ténèbres, le miracle d'une conscience. Dans ce foyer, on lisait, on réfléchissait, on poursuivait des confidences. Dans cet autre, peut-être, on cherchait à sonder l'espace, on s'usait en calculs sur la nébuleuse d'Andromède. Là, on aimait.
Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 139. SYNT. Foyer domestique, maternel, paternel; humble, pauvre foyer; la douceur, les joies du foyer; le gardien du foyer; femme, mère au foyer (cf. femme 2esection II B 2); le retour au foyer; retourner au foyer; retrouver son foyer. 2. En partic. a) Foyer conjugal, familial. Domicile conjugal, familial. Et c'est pour des femmes comme ça que les maris délaissent le foyer conjugal! (Feydeau, Dame Maxim's,1914, III, 17, p. 71).Le jeune Bernard a brusquement quitté le foyer familial, où il n'aurait jamais dû entrer (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1118). b) Gén. au plur. Pays natal, domicile habituel. Réintégrer ses foyers; rentrer dans ses foyers. Des familles entières se déplaçant d'une contrée à une autre. Une famine, une épidémie, ou simplement la difficulté de vivre les a forcées à abandonner leurs foyers (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 44). ♦ Renvoyer un soldat dans ses foyers. Le démobiliser. Ils [des prisonniers de guerre] se trouvaient sur le point d'être renvoyés dans leurs foyers (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 359). 3. P. méton. Ensemble des personnes qui composent la famille (vivant sous le même toit); la vie familiale. Toute l'instruction que peut et doit acquérir une femme, la fillette et la jeune personne [la] reçoivent, et la mêlent, revenues dans leur famille, à l'éducation du foyer (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 759).Sabine, gâtée par la promiscuité de cette fille, poussée à tout, devenait l'effondrement final, la moisissure même du foyer (Zola, Nana,1880, p. 1465).La vie française est dominée par la femme; c'est elle qui règne, est maîtresse du foyer (Barrès, Cahiers, t. 11, 1917-18, p. 370): 7. Non seulement l'individu n'existe pas, mais son existence serait contraire à la conception même du foyer qui est peut-être le noyau, peut-être la contraction de la cité, en tout cas fait avec elle un organisme indissoluble dont rien, sans ruiner l'une ou l'autre, ne saurait être retranché. La liberté de l'être humain n'est ni conçue, ni concevable hors le groupement familial qui ne conçoit pas non plus la sienne hors de son enclos et de ses dieux, le groupement familial voisin la limitant de toute part.
Faure, Espr., formes,1927, p. 20. ♦ Fonder* un foyer. Rem. Foyer désigne souvent simultanément le lieu où vit la famille et la famille elle-même (cf. les ex. supra). B.− P. ext. Lieu de réunion, d'asile pour certaines personnes. Foyer populaire, rural; foyer de jeunes travailleurs, du soldat; foyer d'accueil et d'hébergement. Une serviette de livres à offrir, si pesante qu'elle rappelait les légendaires serviettes des temps héroïques du Foyer et de la Bibliothèque Américaine (Du Bos, Journal,1927, p. 188).Cinq familles ensevelies sous les décombres du « Foyer du Combattant », grand immeuble de ciment armé, qui s'est écroulé tout entier (Gide, Journal,1943, p. 164).À Paris, l'Assistance Publique a organisé des foyers du vieillard où les vieux du quartier peuvent venir passer la journée dans un endroit confortable avec diverses possibilités de distraction (Travail social,1953, 3etrimestre, p. 29). − En partic., domaine du spectacle ♦ Foyer des acteurs, des artistes ou, p. ell., foyer. Salle commune où se réunissent les comédiens. Une pièce d'Augier : événement au foyer des acteurs non moins qu'au foyer du public, attentifs l'un et l'autre à la reprise de Philiberte (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 767).Comme il passait devant le foyer des artistes, il avait aperçu, par les portes ouvertes, le délabrement de la vaste pièce, honteuse de taches et d'usure au grand jour (Zola, Nana,1880, p. 1332).Répétition. Antoine est là et fait travailler, d'abord en scène, puis au foyer (Renard, Journal,1900, p. 571). ♦ Foyer de la danse (cf. danse I B 3 b). ♦ Foyer du public ou, p. ell., foyer. Salle où les spectateurs peuvent circuler, prendre des consommations pendant les entractes. Il [Du Tillet] se maintint dans la sphère élevée des gens qui mêlent les plaisirs aux affaires, en faisant du foyer de l'Opéra la succursale de la Bourse (Balzac, C. Birotteau,1837, p. 63).Au foyer, ils retrouvent la salle bruyante, émue et défaite, qui se remet, renoue ses histoires de la vie à cette minute de l'art dramatique (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 216). III.− P. anal. A.− Source d'un rayonnement. 1. Point, centre d'où rayonne de la lumière, de la chaleur. Une table d'architecte, sur laquelle une lampe à réflecteur était le seul foyer lumineux du hall (Cocteau, Enf. terr.,1929, p. 132): 8. ... nous concevons, par exemple, que les planètes continueraient de graviter vers le soleil et de tourner régulièrement autour de cet astre, quand il cesserait d'être pour elles un foyer de lumière et de chaleur, absolument comme elles le font dans l'ordre actuel des choses, où la régularité de leurs mouvements paraît si bien adaptée au mode d'influence des rayons solaires.
Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 205. 2. Au fig. Centre d'où provient quelque chose, lieu à partir duquel se développe, se répand quelque chose. Foyer de corruption, d'intrigues; foyer de rébellion; foyer de civilisation, de culture. Si un coup de minorité abolissait un moment la propriété capitaliste, partout s'allumeraient des foyers de résistance imprévus (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 90).Ne reste-t-elle pas [l'Italie] le foyer d'émission d'où les métiers de la pierre et du marbre se répandirent dans toute l'Europe? (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 157).La volonté est là, déjà, qui dirige notre attention et la concentre sur tel ou tel foyer émetteur de sensations (Larbaud, Journal,1934, p. 320): 9. Le pays [la Grèce] est si pauvre et si désert, qu'à peine avons-nous pu nous procurer pour notre ordinaire quelques figues et de l'eau potable. C'est pourtant ici, me dis-je souvent, qu'est le berceau d'une civilisation, mère de la nôtre, le premier foyer d'où les arts et les sciences rayonnèrent sur le monde.
Reybaud, J. Paturot,1842, p. 289. − Spéc., MÉD. a) Lieu où apparaissent des cas d'une maladie quarantenaire résultant de cas importés ou non (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971). Foyer d'épidémie. Des foyers multiples d'une peste qui avait toutes les caractéristiques de la peste orientale, [ont] pu éclater soudainement dans l'Europe du Moyen Âge en des endroits sans aucun contact avec l'Orient (Artaud, Théâtre et double,1938, p. 28).Les foyers d'infection sont en extension croissante. À l'allure où la maladie se répand, si elle n'est pas stoppée, elle risque de tuer la moitié de la ville avant deux mois (Camus, Peste,1947, p. 1255). b) Partie du corps où se trouve le siège principal d'une maladie, d'une lésion. Foyer tuberculeux. Dans le foyer de fracture et autour de lui, tous les processus structuraux et fonctionnels s'ordonnent en vue de la réparation (Carrel, L'Homme,1935, p. 240).Un praticien averti, qui sait où est le foyer d'infection, et qui vide l'abcès avant de commencer son pansement (Martin du G., Thib.,Épil., 1940, p. 1001). ♦ Foyer pulmonaire. ,,Zone du poumon atteinte d'un processus pathologique`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Un [sujet] dont les ganglions trachéo-bronchiques étaient caséifiés, bien qu'on ne pût découvrir aucun foyer pulmonaire (Calmette, Infection bacill. et tubercul.,1920, p. 160). Rem. Certains dict. gén. mentionnent foyer purulent. Endroit où se forme le pus d'un abcès. B.− Point de convergence, de concentration. 1. Emplois techn. a) OPT. Point constitué par le sommet du faisceau conique formé par la réflexion ou la réfraction de rayons lumineux initialement parallèles. Foyer d'une lunette, d'un objectif, d'un télescope; foyer réel; foyer par réflexion, par réfraction. Des miroirs ou des lentilles à foyer (Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 138). ♦ Foyer virtuel (p. oppos. à -foyer réel, point où a réellement lieu la concentration des rayons lumineux). Point où convergeraient les rayons lumineux s'ils étaient prolongés. Dans la diffusion lumineuse il se forme en certains cas des foyers virtuels (Blondel, Action,1893, p. 245). Rem. Pir. 1964 mentionne un emploi de foyer dans le domaine de l'acoustique au sens de « point de convergence des ondes acoustiques frappant un réflecteur parabolique ou sphérique ». b) P. anal., GÉOM. Point remarquable associé à certaines courbes (coniques, ellipses, hyperboles, paraboles). Kepler [a] trouvé qu'on pouvait représenter le mouvement des planètes, en admettant qu'elles décrivent des ellipses dont le soleil occupe un des foyers (Cournot, Fond. connaiss.,1851p. 59).On nomme ellipse, la courbe lieu des points M d'un plan tels que la somme de leurs distances à deux points fixes F, F' de ce plan, appelés foyers, soit égale à une longueur donnée (Hadamard, Géom. ds espace,1921, p. 190).L'ellipse tend à rejoindre en un ses deux foyers pour réintégrer le cercle primitif (Béguin, Âme romant.,1939, p. 69). 2. Au fig. Lieu, point où se concentre quelque chose. a) [En parlant d'une chose concrète] Je me mis alors à fréquenter les foyers du haut enseignement et des lumières supérieures, le Collège de France, la Sorbonne, l'Institut (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 277).La famille, solide encore, est devenue le foyer d'une autre lutte, plus sourde (Faure, Espr. formes,1927, p. 24): 10. ... il y a une nécessité de rapprochement entre tous les membres du high life, qu'ils appartiennent au foyer même de toutes les élégances, Paris, ou qu'ils soient répandus dans les différents centres de la vie fashionable.
Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 765. b) [En parlant d'une chose abstr., d'un affect] Les yeux du paralytique, foyer de sa vie nerveuse, étincelaient de fureur (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 297).Il est impossible que l'une et l'autre de ces œuvres ne sortent pas d'un foyer commun d'idées et de sentiments (Faure, Espr. formes,1927p. 138).Le centre neuro-médical du professeur Bestombes devenait le véritable lieu de l'intense ferveur patriotique, le foyer pour ainsi dire (Céline, Voyage,1932, p. 123): 11. Tout mon être, en somme, est le lieu où se rencontrent le passé et l'avenir. Mes forces s'emploient à situer au centre même du moi le point de rencontre, à faire de ce point de rencontre le foyer de ma conscience morale.
J. Bousquet, Trad. du silence,1935-36, p. 106. c) En partic., domaine de l'écon.Groupement géographique d'industries, centre de commerce, etc. Les principaux bassins houillers où l'emploi de la force mécanique de la vapeur a localisé les principaux foyers industriels du monde (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 142).La grande firme qui est le foyer d'une agglomération d'affaires (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 186). Rem. Dans les emplois fig., foyer a) Désigne souvent à la fois un point de convergence et de rayonnement (cf. les ex. cités). L'espace économique est constitué par des centres (ou pôles ou foyers) d'où émanent des forces centrifuges et où vont des forces centripètes. Chaque centre qui est centre d'attraction et de répulsion... (Id., ibid., p. 131). b) Connote souvent, parfois explicitement, le feu, l'ardeur. Amour! Ô principe du monde! Flamme précieuse que la nature entière, comme une vestale inquiète, surveille incessamment dans le temple de Dieu! Foyer de tout, par qui tout existe! (Musset, Confess. enf. s., 1836, p. 215). Orléans est un foyer ardent de nouvelles vraies, fausses, absurdes, de bruits de toute sorte (Dupanloup, Journal, 1869, p. 313). REM. Foyère, subst. fém.Dalle ou plaque scellée devant le foyer. Synon. marbre du foyer.Les bûches sifflaient. Un tison tomba des chenets, roula jusque sur la foyère (Pourrat, Gaspard,1931, p. 79).Emploi adj. ou en appos. Plaque foyère (Clé Mots). Prononc. et Orth. : [fwaje]. Pour la prononc. de Littré : [fɔje] cf. aboyer. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 foier « âtre de la cheminée » (Couronnement Louis, 542 ds T.-L.); 2. 1572 « lieu où vit une famille » (Ronsard, Franciade, III, 86, éd. Laumonier, t. 16, p. 176); 3. a) 1575 méd. « centre de quelque chose » (A. Paré,
Œuvres, livre 20, chapitre 18, éd. J. F. Malgaigne, t. 3, p. 118); b) 1680 (Rich. : Foïer. C'est le point où se concentrent les raions du soleil). Du lat. vulg. *focarium substantivation de l'adj. b. lat. des gloses focarius « qui concerne le foyer » (TLL s.v., 986, 34), dér. du class. focus (v. feu). Fréq. abs. littér. : 3 569. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 960, b) 7 359; xxes. : a) 3 767, b) 3 884. Bbg. Archit. 1972, p. 120, 211. − Boudon (P.). Rech. sémiotiques sur le lieu. Semiotica. 1973, t. 7, pp. 190-225. − Gohin 1903, p. 358. − Quem. DDL t. 1, 8. |