Le lecteur curieux, amateur de poésie, étudiant en histoire ou en lettres, était jusquà une date relativement récente assez dépourvu lorsqu'il se mettait en quête d'une biographie de
Saint-John Perse. Les pages biographiques que l'on trouvait dans le volume de la Pléiade avaient été rédigées par le poète lui-même et relevaient, sous l'apparence austère d'une chronologie sèche et neutre, d'une autofiction plus que d'un reflet de la réalité. Il fallait alors se contenter des chapitres biographiques que l'on trouvait dans les divers ouvrages de critique littéraire.
En 2005, enfin, les lignes commencent à bouger,
Joëlle Gardes publie son bel ouvrage "
Saint-John Perse, les rivages de l'exil", aux éditions Aden. Beau texte, plume soignée, rédigé dans une langue très littéraire. Mais qui manque, pour l'historien, de notes et de sources.
En 2008,
Renaud Meltz publie chez Flammarion "Alexis Léger dit
Saint-John Perse", ouvrage d'une grande rigueur historique mais entièrement à charge et qui brille par une assez désolante absence de sensibilité littéraire, plume de plomb, poids des mots et choc des clichés.
Il faudra donc attendre 2013 pour que l'ouvrage de
Henriette Levillain vienne offrir aux lecteurs une biographie de haute qualité, de grande tenue, et d'une rigoureuse objectivité. Tous les épisodes de la vie du diplomate sont évoqués, sources à l'appui, confrontation des témoignages et des interprétations... Quant à l'oeuvre poétique, le lecteur la voit quasiment naître sous ses yeux, page après page, au fil des exils et des retours ;
Henriette Levillain montrant une fois encore sa subtile connaissance des poèmes de
Saint-John Perse, de sa poétique et de ses images.