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Un outil de combat spatial. Le Commandement de l’espace en 2030
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Un outil de combat spatial. Le Commandement de l’espace en 2030

Le domaine spatial connaît une accélération technologique, industrielle, des usages et de sa géopolitique. Porté par l’innovation, l’espace est le théâtre d’une nouvelle forme de compétition qui sert aussi bien des intérêts commerciaux que ceux des grandes puissances.

Ce constat peut être illustré par le succès du modèle SpaceX comme par la compétition militaire dans l’espace. Ainsi, le déploiement de la constellation Starlink, entrepris par SpaceX et soutenu par le gouvernement américain, s’appuie sur un investissement inédit de 20 milliards de dollars. Starlink a pour but de fournir un accès à Internet sur l’ensemble du globe, ce qui représente, comme souvent dans ce milieu, un intérêt dual. Le tir antisatellite réalisé en novembre 2021 par les forces armées russes visait un de leurs satellites inactifs, qui évoluait en orbite basse (400 à 2 000 km). La génération de débris qui s’est ensuivie complique indubitablement la gestion des collisions à ces altitudes concernant des satellites d’observation de la Terre (duaux), des constellations de connectivité (à l’instar de Starlink) et la Station spatiale internationale.

Par ailleurs, le domaine spatial se caractérise par un cadre juridique libéral et une forte difficulté technologique pour détecter de manière autonome des comportements inamicaux, voire hostiles, dans un délai opérationnellement acceptable.

Ces caractéristiques créent logiquement des zones grises où des stratégies hybrides peuvent être déployées dans une logique de contestation, sous le seuil du conflit armé. Enfin, les années 1990 et la Revolution in military affairs ont accentué l’importance de la maîtrise de l’espace et de ses moyens stratégiques dans les conflits de basse comme de haute intensité. Ainsi, la vision de la conflictualité au travers du triptyque compétition/confrontation/affrontement se prête tout particulièrement au domaine spatial.

En France, ces constats d’opportunités, de risques, voire de menaces, ont été identifiés dans la Stratégie spatiale de défense (SSD) de 2019, motivant la création du Commandement de l’espace (CDE) au sein d’une armée de l’Air qui devint ensuite « armée de l’Air et de l’Espace ». Dans ce contexte, le rôle du CDE est de contribuer à la mise en œuvre de la feuille de route tracée dans une SSD ambitieuse, mais équilibrée. Ambitieuse, car elle vise à renforcer notre autonomie stratégique dans le domaine spatial et à assurer notre liberté d’accès et d’action dans ce milieu. Équilibrée, car la SSD s’appuie sur des volets organisationnel, capacitaire, opérationnel et « diplomatique ». Ces quatre volets concourent à la création de l’outil de combat spatial des armées à l’horizon 2030.

Une nouvelle organisation

Sur le plan organisationnel, les décisions prises à sa création, le 3 septembre 2019, font du CDE une partie intégrante de l’armée de l’Air et de l’Espace en tant que grand commandement placé sous l’autorité organique de son chef d’état-­major. Le CDE exerce également des responsabilités interarmées sous l’autorité fonctionnelle du chef d’état-­major des armées. Les responsabilités confiées au CDE lui permettent de concentrer une expertise au service de la cohérence, de l’efficacité opérationnelle, de la visibilité et de la simplicité de l’organisation spatiale militaire.

Pour réaliser ces missions, le CDE s’appuie sur la Brigade aérienne des opérations spatiales (BAOS) qui assure la tutelle de deux unités qui lui sont rattachées : le Centre opérationnel de surveillance militaire des objets spatiaux (COSMOS) et le Centre militaire d’observation par satellites (CMOS). La BAOS comprend également un Centre de commandement et de contrôle des opérations spatiales (C3OS) qui constitue l’échelon de niveau opératif des opérations spatiales militaires. Le C3OS dispose ainsi des moyens de communication sécurisés lui permettant d’entretenir un dialogue opérationnel continu dans un cadre national, interministériel et international.

Montée en puissance RH et compétences

Comptant 219 personnes à sa création, le CDE en rassemble aujourd’hui près de 300, réparties sur quatre sites (Creil, Paris, Lyon et Toulouse). À l’horizon 2025, le COSMOS, le CMOS et le C3OS auront progressivement rejoint le Centre spatial de Toulouse (CST, appartenant au CNES) et, pour les accueillir, l’armée de l’Air et de l’Espace a créé cet été une formation administrative (la FA101) sur le modèle d’une base aérienne. La FA101 préfigure la future implantation du CDE au cœur de l’écosystème spatial français et la ministre des armées a récemment validé la construction d’infrastructures pérennes au profit du CDE au sein de la FA101. Avec une date de livraison prévue en septembre 2025, ces infrastructures constitueront à la fois un objet visible de l’ambition nationale et un véritable outil opérationnel en accueillant le Centre des opérations spatiales militaires ainsi que le NATO Space center of excellence, dont la mise en œuvre a récemment été confiée à la France. En 2025, le CDE s’appuiera sur un effectif de 470 personnes qui, pour la plupart, seront affectées à Toulouse. Jusqu’à la livraison de ces nouvelles infrastructures, le personnel du CDE sera hébergé dans des locaux temporaires.

La satisfaction des besoins annuels en ressources humaines et la génération d’expertise sont des enjeux majeurs de la montée en puissance du CDE et une préoccupation de l’armée de l’Air et de l’Espace qui fournit près de 85 % des effectifs globaux.

En effet, l’évolution de la nature des opérations spatiales militaires amène les armées à acquérir les compétences nécessaires pour opérer nos satellites d’intérêt, concourir au renseignement d’intérêt spatial et établir une situation spatiale, appelée Space domain awareness (SDA).

Les opérations spatiales militaires de demain reposeront sur les spécialistes du CDE qui développent des compétences rares. Opérer une plate-­forme satellitaire dans l’espace en appui d’opérations multimilieux et multichamps constitue un défi en soi. Pour le relever, le CDE peut d’ores et déjà s’appuyer sur l’expérience et l’expertise du CNES au travers de synergies géographiques et fonctionnelles développées entre ces deux entités. Cet effort sera diversifié dans le futur grâce à des opérateurs commerciaux dits « de confiance » qui pourraient accueillir des militaires du CDE pour que ces derniers puissent acquérir de nouveaux savoir‑faire.

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