Une réflexion autour des noms donnés à la dissidence religieuse étudiée aboutit à proposer l'emploi d'une nouvelle dénomination, celle d'"hérésie des bons hommes". Historiquement erronés, même s'ils reprennent parfois la terminologie choisie à l'époque par l'Eglise, les noms couramment utilisés, en particulier "cathares" et "catharisme", devraient être abandonnés, car ils éludent la dimension de construction à des fins persécutrices qui est constitutive de l'hérésie. Cette dernière est d'abord une qualification juridique, qui transforma la dissidence en déviance par un effet d'"implantation perverse" (Michel Foucault) propre à l'efficacité du droit. Le nom de "bons hommes", issu de la pratique des hérétiques, rappelle que la contestation consistait d'abord à reconnaître des autorités concurrentes de l'Eglise et que son contenu concernait l'ordre théologico-politique du monde dans son ensemble. Les idées et pratiques dissidentes n'étaient ni stables, ni cohérentes, car elles n'étaient pas soutenues par des institutions. Avant d'être une erreur, l'hérésie était une errance.