« Les hérésies, du XIIe au début du XIVe siècle », dans "Structures et dynamiques de la vie religieuse en Occident (1179-1449)", ed. Marie-Madeleine de Cevins, Jean-Michel Matz, Rennes : PUR, 2010, p. 373-386

Revue de l'histoire des religions, 2023

Le développement de la pratique hérésiographique en islam coïncide avec l’émergence des orthodoxies musulmanes aux iiie-ive/ixe-xe siècles. Il s’agit dès lors d’analyser le lien entre la production littéraire des hérésies et la formation théologico-politique de l’orthodoxie au sein des différents courants de l’islam. Cette problématique est abordée à partir de l’analyse du rôle joué par la production hérésiographique de nouvelles représentations anti-apocalyptiques des hérésies shīʿites des débuts de l’islam dans les dynamiques de cristallisation des orthodoxies musulmanes et de stabilisation des pouvoirs politiques et religieux. English : The development of the heresiographic practice in Islam coincides with the emergence of Islamic orthodoxies during the 3rd-4th/9th-10th centuries. This study therefore analyzes the link between the literary production of heresies and the theologico-political formation of orthodoxy within the various currents of Islam. This subject is approached through a study of the role that heresiographic production of anti-apocalyptic representations of early shi’i heresies plays in the dynamics of formation of Islamic orthodoxies and the stabilization of political and religious authorities.

2014

Si l’histoire traditionnelle de l’hérésie au Moyen Âge s’est longtemps confondue avec celle des exclus de la société, l’approche récente se focalise davantage sur les diverses autorités qui, au c½ur du pouvoir, élaborent la norme religieuse : l’hérésie n’existe que parce que l’orthodoxie en a d’abord décidé. Il reste que, loin de se présenter comme une essence immuable, l’hérésie se révèle tout au long du Moyen Age un concept et une qualification d’une très grande plasticité. L’extension progressive du domaine de l’hérésie à de nombreuses formes de dissidence finit par lui assurer le statut d’un crime englobant. Cette enquête collective repose sur la conviction que c’est encore en se situant aux marges de l’hérésie, au contact d’activités répréhensibles voisines, telles que l’usure, la sorcellerie ou encore la rébellion politique, que l’on peut le mieux saisir les principes et les mécanismes de la fabrique de l’hérésie.

Revue belge de Philologie et d'Histoire, 2020

Compte-rendu dans la Revue belge de Philologie et d'Histoire de l'ouvrage édités par Franck Mercier & Isabelle Rosé, "Aux marges de l'hérésie. Inventions, formes et usages polémiques de l'accusation d'hérésie au Moyen Âge", Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017.

Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre, 2010

Archives de sciences sociales des religions

Pierre d’Alcantara (1499-1562), entré chez les frères mineurs en 1515, réformateur franciscain et auteur mystique, est considéré comme le fondateur de l’une des mouvances dans lesquelles s’enracinent, quelques années plus tard, les frères mineurs récollets. Il fut par ailleurs un proche de Thérèse d’Avila qu’il accompagna dans son projet de réforme du Carmel. Il est canonisé en 1669. Ces deux éléments marquants de sa vie, la réforme de son ordre et la proximité avec Thérèse d’Avila, lui a valu une mémoire bien entretenue chez les récollets comme chez les carmes déchaux. À l’échelle du Royaume de France, il est devenu un véritable objet de concurrence historique et dévotionnelle, au moins après 1622 et sa béatification, chaque famille religieuse ancrant le personnage dans son histoire institutionnelle pour accaparer sa réputation de sainteté. C’est surtout entre les années 1620 et 1670 que la concurrence a été la plus vive, à grand renfort de biographies, de récits de miracles, de fêtes publiques à l’occasion de la béatification et de la canonisation. Les récollets sont finalement parvenus à obtenir, au XVIIIe siècle, le bénéfice exclusif de la sainteté de Pierre d’Alcantara, tandis que les carmes déchaux se repliaient sur d’autres saints du Carmel.