Le
Mwami Msiri Ngelengwa (1850-1891) fut le fils de Kalasa Mazuiri, un
Musumbwa des Nyamwezi, et de Manena de la tribu des Bahindi de la
Tanzanie. Msiri était né à une époque où les dates de naissance
n’étaient pas enregistrées et l’histoire était transmise sous une
forme orale. Néanmoins, quelques anciens Yeke estiment que sa
naissance était située aux alentours des années 1800, probablement
vers 1815. On le décrit comme ayant été un jeune homme énergique et
sûr de lui. Toutefois, il n’était pas très grand de taille, avec à
peu prés 1m 75. D’aucuns disent qu’il avait les épaules larges et le
teint foncé (Sa photo confirme cette proposition.) Msiri avait
également de nombreux cousins, dont l’un fut Kabobo, qu’il aimait
beaucoup. Tous deux exhibèrent des qualités de leaders, qui seront
témoignées par leurs liens familiaux, et une loyauté infaillible.
Il
devint Roi, on estime, à l’age de 36 ans, après le décès de son père
Kalasa Mazuiri dans le Tanganyika. A l’aube de son règne, Msiri
hérita de territoires du roi Katanga et en conquit d’autres. En fin
de compte, de nombreux rois commencèrent à lui payer le tribut, et à
lui prêter allegiance en signe de reconnaissance pour sa protection.
Plus tard, il agrandit son royaume qui inclut le Katanga entier et
une partie de la Zambie actuelle.
Msiri était impavide en temps de guerre et magnanime en temps de
paix. Il était généreux, et son dévouement pour le peuple Yeke fit
de lui un monarque aimé par ces derniers, si bien que ce sentiment
est relaté dans notre tradition orale, plus tard dans nos écrits, et
nos chants traditionnels. Il fut le premier Mwami des Bayeke au
Katanga, jusqu’au 20 décembre 1891, quand il fut assassiné par
Bodson, soi-disant capitaine de l’expédition belge, qui avait le but
dénué d’équivoques d’imposer la soumission totale au nom de Leopold
II, roi des belges.
Après sa mort, les brutalités et les travaux forcés perpétrés par
les Belges continuèrent sans relâche au Katanga et dans le D.R.
Congo propre. Son choix de mourir au lieu de devenir esclave
symbolise l’esprit Yeke qui rejette l’assujettissement et
l’oppression tyrannique des colonisateurs. Cette position morale est
inspirée par le mantra que Msiri déclara peu de jours avant son
assassinat : « Sumbwa Kufwa . » Cela veut dire : «Plutôt mourir que
d’être esclave. »
Officiellement, Msiri eut plusieurs épouses, presque 300. Toutefois,
il était lié, á une période ou une autre, á prés de mille femmes.
Néanmoins, avec certaines d’entre elles il n’eut aucunes liaisons.
Il eut plusieurs enfants, parmi lesquels il y avait des filles.
Malheureusement, dû à notre tradition orale, seuls quelques Yeke
connaissent leurs noms aujourd’hui. Cependant, nous avons dans notre
histoire les noms de 28 garçons qui devinrent des figures éminentes
dans l’histoire des Yeke (voir liste des enfants de Msiri). Trois
d’entre eux succédèrent à leur père comme rois des bayeke : Mwenda
Mukanda-Bantu, Mwenda Kitanika Mabumba, Mwenda Munongo Musamfya
Ntanga.