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Rapport sur le calvaire de l’écriture en Tifinagh au Maroc
The Wayback Machine - https://web.archive.org/web/20050108074315/http://amazighworld.org:80/studies/articles/rapport_sur_calvaire_ecriture_tifinaghe_maroc.php

 
 
   
   

 

 

 

 
   

 

 

 

 

 

 
   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rapport sur le calvaire de l’écriture en Tifinagh au Maroc

TIFINAGH : caractère de l’écriture au Nord de l’Afrique

La première langue qu’ait connu le Nord de l’Afrique est la langue amazigh dont le caractère Tifinagh a toujours été utilisé par les Imazighen dans leurs écrits, productions et créations littéraires et artistiques. 

           Néanmoins cette écriture a du subir sa première épreuve avec les vandales : sous leur colonisation. Elle fut tellement présentée que quiconque en connaissait l’usage était exterminé, le but avoué étant d’extirper cette langue de sa zone d’utilisation. 

           Les colonisations ultérieures adoptèrent la même politique de répression et d’extermination de ses restes. Seuls y échappèrent, un peu plus au Sud, les touaregs qui continuent encore , de nos jours à l’utiliser. 

           Au Nord , et dans le visiteur de leur résistance , les Imazighen (hommes et femmes) essayèrent de sauvegarder leur écriture sous forme de tatouages sur leurs corps ou comme dessins et motifs dans les tapisseries et l’architecture. 

           Actuellement , le visiteur des musées Nord africains peut en trouver des traces et , à titre d’exemple , le musée national marocain de Rabat en conserve sur pierre avec indication significative suivants : « Ecriture ancienne ». 

           Cependant , la situation de l’écriture amazighe en caractère Tifinagh a connu un certain renouveau avec apparition du mouvement culturel amazigh sur tout le territoire de Tamazgha. Au Maroc par exemple , la société civile a donné naissance , depuis 1967 , à quelques dix huit (18) associations culturelles amazighes dont l’objectif est l’affirmation de l’identité amazighe et son enrichissement. Toutes militent activement en vue de la reconnaissance  constitutionnelle de la dimension amazigh de notre identité marocaine ; toutes participent à l’exercice des droits culturels et linguistiques , et ce , conformément aux conventions et pactes internationaux dans le domaine des droits de l’homme. 

          Malheureusement , dans le cadre de l’exercice de ces droits , les militants de ces association sont souvent fait l’objet d’arrestations arbitraires et de répression pour le seul fait qu’ils aient écrit en caractère Tifinagh. Ainsi , des enseignes de bureau , hôtels et établissements commerciaux , écrits en Tifinagh , portées lors de défilé ouvrier du 1er Mai. Un citoyen ayant écrit en Tifinagh , s’est même confisqué sa carte national. de façon très succincte , nous citons quelques faits principaux et très significatifs.

I - En 1982 la pancarte d’un avocat à Rabat , a été arrachée pour avoir porté une transcription en Tifinagh 

        Croyant exercer l’un de ses droits fondamentaux en s’exprimant ainsi dans sa langue maternelle , cet avocat a fait l’objet d’une arrestation et d’une garde à vue de dix jours pour « écriture en Tifinagh » et ceci en violation flagrante de la procédure du code pénal qui limite cette garde à vue à 48 heures. Même s’il n’a fait l’objet d’aucune inculpation , les autorités qui ont arraché sa pancarde lui ont signifié qu’il pourrait désormais l’écrire en toute langue qu’il souhaite sauf le Tifinagh et ce jusqu’à ce que «  les autorités supérieures statuent sur l’objet ».

II – En 1983 , deux enseignes d’Hôtels touristiques furent arrachées à Agadir , pour la même raison , l’emploi du caractère Tifinagh
Il s’agit , en l’occurrence , des Hôtels TAMELLALT et IGOUDAR. Des « instructions » leur parviennent des autorités de la province d’Agadir et leur intimèrent l’ordre d’effacer l’inscription en Tifinagh et de ne garder que celles écrites en arabe et en français. Des photos prises à l’époque témoignent encore de ce fait.
III – En 1994 : Saisi d’un calendrier écrit en Tifinagh , et arrestation des membres de la section de TAMAYNUT à Inezgane.

     Restés pendant un jour dans les locaux de la police judiciaire , qui a saisi tous les calendriers écrits en Tifinagh et qui les a présentés au procureur du Roi à Inezgane , ils furent libérés sans qu’aucune inculpation ne leur soit notifiée.

IV- 1994 : Saisie des banderoles pendant le défilé du 1er Mai 1994 et arrestations et jugement de 7 membres de l’association Amazighe « TILELLI ».

         Dans le cadre de la célébration du 1er Mai 1994 , des membres de Tilelli , également enseignants syndiqués ( syndicat national de l’enseignement ) ont défilé avec des banderoles écrites en Tifinagh , le lendemain ils furent arrêtés et présentés au parquet qui les a poursuivis pour « incitation à des activités dont l’intention est de provoquer des troubles , émission , sans autorisation , de slogans portant atteinte aux principes de la constitution et incitations à des activités qui porte atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat etc…Trois d’entre eux furent condamnés à une année de prison ferme et dix mille (10.00,00)dirhams d’amende (environ 2500$). Cette peine fut réduite à 3 mois de prison et cinq cent dirhams (500 ) dirhams par la cour d’appel. ils bénéficièrent de la grâce royale mais …après avoir purgé leur peine.

V – en Mai 1994 , un écrivain public dont l’enseigne était écrite en Tifinagh a failli rejoindre les militants de Tilelli en prison 

    Juste après l’arrestation de ceux – ci , M Ali Chrouit , écrivain public à Goulmima , a été menacé de prison par les autorités locales , s’il n’ôtait pas son enseigne écrite en Tifinagh. Il dut obtempérer.

VI – Juin 1995 ; Interdiction du carnaval « Bi- Ilmaoune » à D’chira pour l’utilisation du caractère Tifinagh et arrestation de plusieurs participants   

   Le carnaval « Bi- Ilmaoune » est l’une des manifestations des fêtes de l’aide N’TFASKA. Les jeunes dont certains sont procédé sont habillés de peaux de boucs font le tour des quartiers ou des douars en chantant et en jouant quelques sketchs traditionnels….

          S’étant aperçu de l’utilisation, pour la première fois , de l’écriture Tifinagh , les autorités locales ont procédé à l’arrestation d’une trentaine de participants qui furent relâchés par la suit , sauf l’un d’entre eux sera présenté au tribunal et inculpé de « Rébellion » …mais il a été acquitté.

VII – 1996 : Saisie de banderoles écrites en Tifinagh lors de la soirée musicale du chanteur Iddir et interrogatoire du président de la section casa blancaise de TAMAYNUT.

    Lors de la soirée musicale du chanteur amazigh Iddir , trois banderoles écrites en Tifinagh ont été par les autorités de Casa blanca et le président de la section de TAMAYNUT à Casa fut convoqué pour interrogatoire dans les locaux de la police le 12 / 6 / 96.

VIII – Juin 1996 : les autorités locales de Tarrast ( Inezgane) ont usé de menaces et de pressions à l’encontre de citoyens avant écrit les enseignes de leurs établissements ( une dizaine ) en caractère Tifinagh. 

   L’ arrestation des militants de TAMAYNUT pour avoir produit un calendrier amazigh , n’a pas empêché une dizaine de leurs concitoyens de la même ville d’exercer leurs droits culturels et linguistiques en écrivant les enseignes de leurs locaux commerciaux en Tifinagh ….Mais , comme toujours les autorités les ont obligés à faire disparaître uniquement l’écriture Tifinagh de leurs enseignes. Pour protester contre ces pratiques illégales certains ont également supprimé les parties écrites en arabe et en français. 

            En conclusion , les faits évoqués plus haut dénotent la détermination des imazighen à militer en vue de l’exercice de leurs droits culturels et linguistiques, de la sauvegarde de leur identité culturelle de leur écriture et son caractère Tifinagh …., lesquels droits , rappelons – le , sont garantis par les convention et pactes internationaux.Paradoxalement, même si l’Etat marocain a souscrit à ces pactes et conventions , les autorités publiques continuent dans la pratique à les ignorer. En l’absence de la reconnaissance constitutionnelle de la dimension amazigh de notre identité , une partie des citoyens sont privés de l’un de leurs droits fondamentaux à savoir l’expression orale et écrite dans leur langue maternelle.        TUDERT  ITMAZIGHT ).(Vive Tamazight).

Rapport établi le 8 / 7 / 96 par le président de  TAMAYNUT ( Hassan Idbalkassm).

 
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