Cent ans de socialisme en Gironde

Alain ANZIANI, Décembre 1999


1. Les prémices            

Le jour de Noël 1898, quelques militants se réunissent à Bordeaux. L’un est patron ébéniste, l’autre négociant, le troisième cafetier. Ils fondent un « Comité d’Entente et d’Union Socialiste pour le Département de la Gironde « . Ces hommes veulent en finir avec un monde d’injustice et de pauvreté. Lors des premières grèves girondines, ils ont réclamé des augmentations de salaire permettant aux ouvriers de vivre. La journée de onze heures de travail est rémunérée 3,48 F pour un homme, de 1 à 2 F pour une femme, de 0,50 à 1,50 F pour un enfant alors que la livre de pain coûte 50 centimes. En juin de l’année suivante, le comité prendra le nom de « Fédération socialiste de la Gironde ». Il s’établira 23 de la rue Dauphine, devenue aujourd’hui la rue Nancel-Pénard. Quelques années plus tard, lorsque la loi de 1901 reconnaît enfin la liberté d’association, ces mêmes hommes se précipitent à la Préfecture pour faire vivre ce droit nouveau. Comme l’atteste le numéro du récépissé, ils seront les premiers à en bénéficier. La Fédération se donne des principes vigoureux : « Défendre par tous les moyens les institutions républicaines et unir toutes les forces socialistes révolutionnaires contre la bourgeoisie capitaliste et contre toutes les réactions telles que l’antisémitisme, le cléricalisme de toutes les confessions, le césarisme et le nationalisme. »

2. La 1ere moitié du XIXe siècle

Le monde ouvrier demeure faible dans un département rural dominé par les questions viticoles, le métayage et le fermage. La très lente industrialisation ne permet pas l’émergence d’un syndicalisme puissant. En 1870, la Gironde ne dénombre que 17 87 syndiqués, soit à peine trois de plus qu’un siècle plus tôt. La vie politique est à l’image de cette vie sociale. Bordeaux l’Orléaniste sera la dernière grande ville à proclamer la République. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, la classe politique restera aux mains de négociants qui tirent de la pratique des affaires une attitude marquée par l’opportunisme plus que par l’idéologie. La Gironde possède cependant quelques figures marquantes de la révolte. Flora Tristan, par exemple, la féministe. Le 22 octobre 1844, 8 000 personnes se rassembleront autour de sa tombe au cimetière de la Chartreuse. À la fin du siècle, un courant socialiste se structure. Une section de la Première Internationale compte… 58 cotisants en septembre 1867[1].

3. La Commune

En avril 1871, trois cents militants descendent dans les rues de Bordeaux, descellent des pavés et bombardent la Caserne de la Garde Nationale en criant « Vive la Commune « . Le même mois, Émile FOURCAND, chef du parti républicain, maire de Bordeaux, rompt avec la prudence de ses prédécesseurs. Une délégation municipale se rend à VERSAILLES et demande à A.THIERS de reconnaître des droits aux communes, l’amnistie des communards et la reconnaissance de la République comme gouvernement de droit inaliénable. THIERS éconduit les bordelais et les menace d’appliquer à leur ville la même sévérité que celle connue par la capitale. Néanmoins, les élections municipales des 30 avril et 7 mai 1871 montrent que ces positions républicaines sont partagées. Émile FOURCAND l’emporte, mais surtout quatre membres de l’Internationale ouvrière sont élus sur une liste de soutien à la Commune de Paris.

4. Blanqui et Jourde

« L’éternel enfermé », Auguste BLANQUI, va contribuer à l’essor du mouvement socialiste. Accusé d’être l’instigateur moral de la Commune, il est de nouveau prisonnier. En signe de protestation, ses amis déposent sa candidature à chaque élection partielle. La surprise vient de Bordeaux : le 20 avril 1879, BLANQUI bat le puissant André LAVERTUJON, directeur du journal « la Gironde ». Constatant l’inéligibilité du détenu, la chambre des députés prononce l’invalidation. Gracié par Jules GREVY, président de la République, BLANQUI se précipite pour faire campagne à Bordeaux. Au premier tour, il obtient la majorité absolue des suffrages… sans atteindre l’indispensable quart des inscrits. Au second tour, le républicain ACHARD, ancien proscrit de Napoléon III, l’emporte. Lors de cette élection, Blanqui a été soutenu par le Comité ouvrier démocratique socialiste qui a succédé à la Fédération électorale des travailleurs de Gironde, créée dés 1873 et animé entre autre par Antoine JOURDE qui deviendra le premier député socialiste de Gironde. Comptable de métier, médaillé militaire en 1870, guesdiste, il illustre toutes les contradictions du début du siècle. Aux législatives de 1885, il conduit une liste qui regroupe les cinq groupes socialistes de Bordeaux. JOURDE obtient 1171 voix ; ses colistiers plafonnent en moyenne à 553 voix. Quatre ans plus tard, comme l’ensemble des guesdistes girondins, (cf. infra), il se laisse entraîner par le verbe « insurrectionnel et social » du général BOULANGER. Grâce à l’appui des comités électoraux de ce dernier, il est élu député « républicain socialiste réformiste » dans la troisième circonscription de Bordeaux en même temps que cinq autres boulangistes. En 1890, JOURDE prend la tête de la première manifestation du 1er mai qui réclame la journée de huit heures. Puis quittant GUESDE pour JAURES, il se fait réprimander par celui-ci lorsqu’en 1898, il demande de ne pas approuver la lettre qu’un écrivain bourgeois, Émile ZOLA, vient de publier en faveur de DREYFUS. JOURDE sera réélu en 1893.

5. L’essor du socialisme en Gironde

Désormais, les socialistes commencent à s’implanter. Depuis 1892, ils administrent leur première municipalité : Lormont. Ils disposent de trois conseillers généraux. Ils ont créé des groupes à Bègles, Saint Macaire, Saint Médard, Libourne et bientôt dans chaque canton. Le 29 avril 1893, Jean JAURES participe à un meeting présidé par Camille COUSTEAU. Pourtant, les divisions locales aboutissent à la création de la Fédération du Sud Ouest du Parti Ouvrier Socialiste Révolutionnaire qui rassemble deux cents militants proches de la tendance allemaniste.

Le fait marquant de ces années sera sans conteste l’élection municipale de 1896 à Bordeaux. L’épilogue sera si surprenant que JAURES le dénoncera du haut de la Tribune de l’Assemblée nationale. À l’issue du premier tour, la « liste opportuniste  » – celle des républicains modérés – arrive en tête avec 12 840 voix. Les chiffres le démontrent : elle peut être battue. Forts de leurs 9 100 voix, les radicaux recherchent des alliés tant auprès des royalistes (5 970 voix) que du Parti Ouvrier (1 200 voix) et des socialistes révolutionnaires. À la veille du second tour, après beaucoup d’hésitation, les socialistes, acceptent « une Alliance anti-opportuniste : 18 radicaux, 8 socialistes, dont 6 guesdistes et deux « allemanistes » et… 10 royalistes. « Le pacte de Bordeaux » comprend un programme souvent oublié : la nouvelle municipalité livrera des secours matériels et des fournitures scolaires aux enfants des familles les plus pauvres dans toutes les écoles laïques ou confessionnelles et elle modifiera le règlement de la bourse du travail en faveur des syndicats. Cette alliance permettra à un guesdiste, Camille COUSTEAU, le mieux élu, de devenir le premier maire socialiste de Bordeaux le 17 mai 1896. Il succède à Alfred DANEY, l’un des notables bordelais les plus implantés. Calixte CAMELLE est nommé adjoint. Les socialistes entrent également dans les conseils municipaux de Bègles, Saint Macaire, Cenon, puis en 1900, dans ceux de Grayan et de Saint Vivien.

6. Le temps des divisons

a. L’affaire Dreyfus et le boulangisme

La réaction à adopter face à l’affaire Dreyfus est loin de faire l’unanimité chez les socialistes. Au nom de ce que nous appellerions aujourd’hui les droits de l’homme, Jean JAURES soutient l’appel d’Émile ZOLA. Engagé dans un combat de classe, Jules GUESDE s’y refuse : « nous ne pouvons reconnaître à la bourgeoisie lorsqu’une injustice frappe l’un des siens le droit de s’adresser au prolétariat » (juillet 1898). D’autres débats nationaux ou locaux conduisent les socialistes à s’affronter, et notamment, quelle position adopter face à la tentation du « boulangisme » ? Depuis une conférence sur le socialisme à Bordeaux en mars 1882, Jules GUESDE a acquis une forte influence. Les syndicats et groupes socialistes de Bordeaux, conduits par le cordonnier CHAPOULIE, l’ont rejoint en septembre. Le guesdisme girondin affiche pourtant son originalité devant la montée du boulangisme. Les Girondins ne suivent pas le célèbre avis de leur chef : « entre la peste ou le choléra, on ne choisit pas ». Pour JOURDES, pour LAVIGNE, la fin justifie les moyens. Ils considèrent que le Général BOULANGER fait éclater la république bourgeoise, et que s’y associer, permettra d’avancer vers la révolution[2]. Le succès de JOURDE, aux élections législatives (cf. supra) couronne cette tactique. Au-delà de cette première victoire, en investissant les comités électoraux boulangistes, les guesdistes s’implantent dans les milieux populaires. En 1900, le congrès fédéral de Macau recense 1 017 adhérents, répartis en 63 groupes implantés dans 43 cantons sur 46. Parmi ses amis, J. GUESDE compte un homme incontournable, un syndicaliste : Raymond LAVIGNE. En octobre 1888, au congrès du Bouscat de la Fédération nationale des syndicats et groupes corporatifs de France, LAVIGNE propose d’organiser chaque 1er mai une grande journée de manifestation internationale des travailleurs. Les anarchistes protestent : les revendications sociales, et notamment la journée des huit heures, sont pour eux des réformettes qui retarderont la révolution. En fin de compte, 3000 personnes selon la police, 10 000 selon les syndicats, se rassembleront le 1er mai 1890 à Bordeaux. L’année suivante, l’ensemble du monde ouvrier sera présent… avant d’être dispersé par les forces de l’ordre. R. LAVIGNE devient le secrétaire girondin du Parti Ouvrier Français. Créé le 4 décembre 1892, le P.O.F. compte parmi ses membres Calixte CAMELLE, conseiller général de la Bastide, adjoint au Maire de Bordeaux, trésorier, et Marcel CACHIN, militant de Mérignac, chargé de la propagande. Et il appela le premier journal du parti : la Question sociale[3].

b. L’année 1900 : réforme ou révolution ?

Regroupés dans l’association des travailleurs républicains socialistes de la Gironde, les guesdistes deviennent majoritaires dans le mouvement ouvrier. Ils comptent dix neufs groupes d’études sociales dans l’agglomération bordelaise et un groupe dans chaque canton du département. Pourtant au moment où ils croient triompher, les guesdistes commencent à s’affaiblir. En 1894, les socialistes révolutionnaires les quittent pour fonder avec les Allemanistes la Fédération du Sud Ouest du parti ouvrier socialiste révolutionnaire. Cette dernière possède dans ses rangs le très populaire Adolphe BUSCAILLET, conseiller municipal de Bordeaux, conseiller général de Bordeaux-Le Bouscat de 1904 à 1919. Pour les Allemanistes, les guesdistes sont des « intellectuels » qui se limitent trop souvent à réfléchir dans des groupes d’études sociales, coupés du peuple.

En septembre 1900, le congrès de Wagram refuse d’exclure MILLERAND, soutenu par JAURES. Raymond LAVIGNE et Marcel CACHIN demandent au millier de militants girondins de choisir définitivement entre GUESDE le marxiste et JAURES l’évolutionniste. Les partisans du premier adhèrent au Parti socialiste de France dont LAPORTE, conseiller municipal, sera secrétaire général de la section bordelaise. Au congrès de Preignac, en juin 1901, ils revendiquent 80 groupes et 956 adhérents. Les fidèles de JAURES, deux fois moins nombreux, créent le 30 décembre 1900, la Fédération socialiste de la Gironde, adhérente du Parti Socialiste Français. Parmi eux se trouvent CAMELLE qui vient de les rallier, JOURDE, DONDICOL.

Les deux tendances se haïssent. Les conséquences électorales de ce déchirement n’attendent pas. Dés les élections municipales de Bordeaux du 20 mai 1900, la « liste ouvrière et socialiste » de Cousteau et « la liste de concentration républicaine » de Camelle s’opposent. Cousteau est le candidat qui bénéficie du plus grand nombre de voix, mais sa liste est battue. Le premier maire socialiste de Bordeaux cède son fauteuil à Paul Louis Lande, élu sur la liste de… Camelle. Les élections législatives de 1902 marquent également une baisse du vote socialiste. Les guesdistes, présents dans douze circonscriptions, obtiennent 8 524 voix (4,5 % des inscrits), les amis de Jaurès, candidats dans deux circonscriptions, rassemblent 8 722 voix, soit un total des suffrages socialistes de 17 246 (8,5 % des inscrits), inférieur aux 21 519 voix (11,2 %) de 1898.

c. L’unité imposée

Dans ce climat délétère, la IIe Internationale impose l’union aux socialistes français. Dans la salle du globe, à Paris, douze délégués représentent toutes les sensibilités de la Gironde. Les guesdistes s’interrogent encore. Ils refusent un parti qui renoncerait à la révolution pour se satisfaire de réformes. En dépit de leurs doutes, le congrès de Camarsac vote le 17 avril 1905, « l’unité sans restriction, avec le vif désir de la faire aboutir, c’est-à-dire en oubliant les rancunes et les luttes fratricides du passé ». Au congrès d’unification, présidé par Marcel CACHIN et Calixte CAMELLE, les guesdistes sont minoritaires dans la commission administrative, mais l’un des leurs A. DREAN-CHAPEL dirigera la nouvelle fédération jusqu’en 1907, date à laquelle lui succédera le jaurésien Eugène DONDICOL (1907-1908). La section girondine de la S.F.I.O. se donne des statuts qui assignent comme but : « la socialisation des moyens de production par le prolétariat organisé en parti ayant conquis les pouvoirs publics ».

6. La SFIO en Gironde

Avec 1 785 adhérents, les socialistes girondins forment une Fédération puissante, la troisième de la SFIO après celles du Nord et de la Seine. L’unité pourtant ne semble pas s’accompagner pas d’une flambée d’enthousiasme dans la population. Du moins si l’on se fie au nombre d’adhérents. Les effectifs chutent : 1400 adhérents en 1907, 1 300 en 1908, 1180 en 1909, 913 en 1910. Ils ne remonteront qu’à partir de 1911 pour atteindre 2 212 en 1913.

De même, la SFIO ne connaîtra qu’une lente progression électorale. En mai 1906, présent dans les douze circonscriptions, le nouveau parti obtient 13 706 voix, soit 7,3 % des suffrages exprimés. Toutefois, en mai 1910, avec 33 235 voix et 20,10 %, la SFIO parvient à un résultat qui ne sera égalé qu’en 1924. Lors des élections cantonales, dans un département fortement rural, les résultats restent médiocres. En juillet 1904, sur 49 cantons, deux conseillers généraux sont socialistes : l’indéracinable CAMELLE, élu depuis 1898 et Adolphe BUSCAILLET. Trois ans plus tard, aucun des sept candidats de la SFIO ne s’impose. Au renouvellement de 1910, CAMELLE est une nouvelle fois réélu – il le sera jusqu’à sa mort en 1924 – ainsi que BUSCAILLET. Enfin, en 1913, Amédée SAINT-GERMAIN conquiert le canton de Bordeaux-Bègles. Les alliances électorales sont souvent la source de fortes tensions. Dans la continuité des débats d’avant 1905, certains socialistes refusent tout accord avec les radicaux. En Gironde, la question aboutira à une scission. Président du Conseil Général en 1907, Ernest MONIS est nommé Président du Conseil par le Président FALLIERE. Ce républicain radical qui a soutenu les cheminots contre les grandes compagnies de chemin de fer bénéficie davantage du soutien des socialistes nationaux que des socialistes locaux. Quelques années plus tard, le 22 octobre 1911, au congrès fédéral de Libourne, A. MARQUET dénonce « les partisans du sabotage systématisé et de la chasse au renard doctrinalisée ». Votée par 109 voix contre 37, sa motion propose de négocier des listes municipales uniques avec les républicains sur la base de la représentation proportionnelle. En 1912, cette large alliance permet à treize socialistes de figurer parmi les trente-six conseillers municipaux de Bordeaux. En réplique, le 1er mars 1914, l’aile gauche de la SFIO fonde la Fédération du Parti Ouvrier dont André LAPORTE est le secrétaire et BUSCAILLET l’un des animateurs. Dés 1908, l’aile droite ou plus exactement quelques personnalités plus à droite avaient mis en place une « Fédération républicaine socialiste de la Gironde » Présidée par le pharmacien VILLOT, cette Fédération compte de rares militants, semble-t-il essentiellement médocains.

Au sein de la SFIO, une nouvelle génération de militants apparaît. En1902, R. LAVIGNE se retire de la vie politique où il ne réapparaîtra qu’en 1920 pour exhorter les socialistes… à l’unité. Marcel CACHIN quitte Bordeaux pour Paris où il choisira le parti communiste lors du congrès de Tours. Les guesdistes sont désormais minoritaires, le Général BOULANGER s’est suicidé, l’alliance avec les centristes est écartée. Des candidats socialistes unifiés se présentent contre les « socialistes indépendants » qui sont parfois des figures historiques comme JOURDE ou COUSTEAU. La SFIO est animée par Calixte CAMELLE, issu du radicalisme, et par le jeune Adrien MARQUET, délégué au congrès d’Amsterdam et de Paris, secrétaire fédéral depuis 1909, conseiller municipal en 1912, futur maire de Bordeaux.

Qui sont les militants de ce début de siècle ? Le plus souvent, des employés ou des commerçants d’origine rurale. Raymond LAVIGNE est représentant en vin, Calixte CAMELLE, négociant en bière, Marcel CACHIN, professeur de philosophie, Edmond COSTEDOAT, professeur de lycée, REBEYROLLE, instituteur, LUZZI, avocat, Eugène DONDICOL, employé de commerce, puis imprimeur, Adrien MARQUET, chirurgien dentiste comme Antoine CAYREL… Hormis DREAN CHAPEL, et Amédée SAINT-GERMAIN, cheminot, aucun ouvrier ne figure parmi les dirigeants. Au congrès de Macau, la Fédération ne recense d’ailleurs que 9,6 % d’ouvriers. Les socialistes sont essentiellement implantés dans les quartiers ouvriers de Bordeaux-Bègles, de Bordeaux Saint Augustin, sur la rive droite de la Garonne, à Libourne, Saint Médard en Jalles, Talence. Ils sont proches de leur moyenne départementale à La Brède, Bazas ou Libourne alors qu’ils sont nettement distancés dans le Médoc ou le Réolais. Le militantisme est très actif. Chaque semaine, une réunion publique traite des sujets d’actualité – la lutte contre la vie chère, les questions internationales -, mais aussi de l’histoire du socialisme, du marxisme, de la laïcité. L’hebdomadaire de la Fédération, « Le Cri du Peuple » s’impose comme l’un des plus importants journaux socialistes. Il reste toujours aussi difficile et dangereux d’être militant. En février 1905, le rassemblement de la place des Quinconces, organisé contre les atrocités du régime tsariste est dispersé par la cavalerie. Les élus s’exposent à des sanctions professionnelles. Eugène DONDICOL, par exemple, sera obligé de quitter la Gironde. À l’intérieur du parti, pendant longtemps, les socialistes seront surveillés par des indicateurs rédigeant des rapports de police déposés aujourd’hui aux Archives départementales. L’unité si longue à se construire va bientôt se trouver confrontée à un nouveau débat national : la guerre ou la paix. Avant de se briser profondément en Gironde sur le néo-socialisme du tout puissant A. MARQUET.


[1]Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (Maitron), 2ème partie, Tome 9, p.309
[2]CF Patrick HUTTON, French historial studies, vol. 7, n°2 , cité dans le bulletin de l’IAES, n°23/24, 3ème et 4ème trimestres 1975
[3]Cité dans l’irremplaçable cahier de l’institut aquitain d’études sociales, n°2, « le mouvement ouvrier en Gironde 1870-1939 », P. BRANA, J. CAVIGNAC. Y. CUQ.


Cet article a été rédigé à partir de « Cent ans de socialisme en Gironde » (Alain ANZIANI, le Populaire Girondin, décembre 1999). Il doit beaucoup aux ouvrages cités en notes.