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BATIMENT/La tour métallique de Fourvière – Histoires lyonnaises
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BATIMENT/La tour métallique de Fourvière

Histoires lyonnaises plonge dans ses archives et vous propose de découvrir ce texte publié pour la première fois dans la revue municipale de Lyon C’est 9 à Lyon n° 27 en octobre 1991, de manière anonyme.

« Moi qui suis une curiosité de la ville… ! » s’était exclamé monsieur Gay au cours d’un procès contre le journal La comédie politique. Lyonnais jusqu’au fond du cœur, Pierre Gay avait de quoi faire éclater sa fierté. Surtout son orgueil de propriétaire.

Un siècle après, les Lyonnais se souviennent du passage, aujourd’hui fermé, qui porte son nom, et peuvent encore contempler la Tour métallique bâtie sur ses terres au sommet de la colline de Fourvière.

Immobile, silencieuse, elle vous salue du haut de ses 375 mètres d’altitude lorsque vous entrez à Lyon. Aux côtés de la basilique de Fourvière, la Tour métallique aborde sans peur et sans complexe son centenaire. Eh oui ! Quand on a évité la fonte et la honte d’être répudiée par sa propre ville, on commence à croire à l’immortalité.

La tour métallique depuis le bout de la rue, rue animée – AML 4FI_2498 (vers 1910)

Quand l’art et le métal fusionnent…

Tout droit sortie de l’imagination d’une poignée d’hommes, la Tour de Fourvière est en quelque sorte la petite sœur de la Tour Eiffel. L’histoire commence en 1892, à l’époque où les constructions métalliques font fureur, ainsi qu’en témoigne le succès recueilli par la Tour Eiffel lors de son inauguration quatre ans auparavant. Le 13 avril, madame Gay, alors veuve, concède 200 m² de sa propriété, et ce pour 40 ans, à la société anonyme de la Tour de Fourvière, au capital de 278 000 F, à charge pour cette dernière de construire l’édifice.

Les travaux commencent en 1893 par l’édification d’une base architecturale de 18,5 m. de côté et 10 m. d’élévation, à laquelle l’architecte Collet donne un aspect monumental d’un effet très gracieux. La Tour, d’une hauteur de 85 m., est située 212 m. au-dessus de la Saône. Les fondations, profondes de 4 m., comprennent 4 piliers de béton reliés par des voûtes. L’espace libre abrite les deux cylindres de l’ascenseur d’environ 7 m. de long annexé dans les 7200 tonnes de maçonnerie. Un réservoir de 23 m² d’eau se trouve au sommet, sous la plateforme. Cet ascenseur hydraulique (le nec plus ultra à cette époque) avait une capacité de 22 personnes ! Le cabinet Roux-Meulien se chargea du lanternon, la partie métallique étant l’œuvre de Collonge.

Affiche publicitaire – AML 26FI_3 (1894-1900)

Au sommet de la Tour, une plateforme, à 357 m. d’altitude, permettait aux visiteurs de scruter l’horizon jusqu’à 300 km à la ronde : la famille Gay améliorait encore la renommée de sa propriété. En effet, depuis 1860, Pierre Gay avait ouvert un restaurant et fait construire un petit pavillon chinois qui servait d’observatoire, le long du passage créé au milieu de son domaine. Moyennant une somme modique, ce sentier ombragé et agrémenté de divers monument permettait de rejoindre Fourvière depuis la montée des Carmes-Déchaussés. Inaugurée le 2 mai 1894, la Tour donne tout son éclat à l’Exposition universelle la même année. Madame Gay n’attend pas l’échéance de 1932 et rachète le monument en 1910 pour la somme de 18 000 F. La Tour fut dénommée successivement Tour Avelan, du nom de l’amiral commandant de l’escadre russe présent lors de sa construction, puis Tour Paufique du nom du président du conseil d’administration qui l’inaugura. A présent, on l’appelle Tour de Fourvière ou plus simplement Tour métallique.

Le personnel (?) pose devant l’entrée du restaurant, cliché Pernet 8PH_233 (sd)

Dans la tourmente

En 1943, la Tour échappe de peu à l’enfer. L’Office des fers, fontes et aciers, plus avide que jamais, a le projet de transformer les quelque 2100 tonnes de métal qui la composent en armes diverses. Elle échappe de justesse à la fournaise mais doit subir un nouvel affront : celui de l’opinion publique. Pour ou contre la démolition de la Tour ? Un débat municipal est lancé au lendemain de la guerre. Cet édifice de ferraille fait de l’ombre à la basilique de Fourvière, pense alors la majorité des Lyonnais. Mais un miracle n’arrive jamais seul. Avec l’opiniâtreté qui fait la grandeur des minorités, un groupe se constitue pour conserver la Tour métallique. Comité qui sort victorieux, en brandissant l’argument de la sauvegarde du patrimoine lyonnais.

Une nouvelle vocation

Dernier coup de théâtre en 1953 : la Tour de Fourvière, alors propriété de la fille de Pierre Gay, Pauline Buchin, est achetée par la RTF pour la somme de 15 millions de francs. Motif ? Sa situation unique au sommet de la colline de Fourvière intéresse la jeune société de radiotélévision. La Tour métallique quitte alors définitivement le domaine du monument touristique pour celui, plus prosaïque, de la technique. L’édifice subit les modifications nécessaires à sa nouvelle fonction d’émetteur : suppression des pavillons d’angle, remplacement de l’ascenseur hydraulique par un modèle électrique plus réduit et enfin installation d’émetteurs au premier étage et d’antennes au sommet. Aujourd’hui, la Tour appartient à TDF, descendante directe de l’ORTF depuis 1975. Eclairée depuis 1991 par la Ville de Lyon, en collaboration avec TDF, elle supporte de nombreux émetteurs de télévision, de radio [et de téléphonie !].

Les antennes de radiotélévision ont remplacé le lanternon – AML 1PH_3550 (1973)

De nuit, la Tour de Fourvière illuminée semble veiller sur la Ville de Lyon qui s’étend à ses pieds. A l’aube, la Saône lui offre ses premiers reflets mordorés. A croire que l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de l’édifice dans les années quarante a fait définitivement place à la sérénité… La Tour métallique a remporté sa dernière victoire sans bruit : gagner l’estime des Lyonnais par-delà les guerres et les médisances.

Merci à Lorraine Perret et Maurice Buchin pour leur précieuse collaboration dans le cadre de ce reportage.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
histoires lyonnaises (27 mars 2024). BATIMENT/La tour métallique de Fourvière. Histoires lyonnaises. Consulté le 24 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/w48d


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