Style (écriture)
Parfois improprement appelé stylet, le style est un petit instrument cylindrique d’os, de fer, ou d’autre matière dure, long de 8 à 15 centimètres environ, et de quelques millimètres de diamètre, dont une extrémité est effilée et pointue, et l’autre assez forte et aplatie.
Usage
[modifier | modifier le code]L’extrémité pointue sert à écrire sur une tablette à écrire, soit une tablette de cire ou une tablette d'argile, ou de la cire coulée sur tout autre support. L’extrémité évasée sert à effacer par lissage ce qui est écrit, ou à étaler un produit qui révélera les marques faites sur la cire.
En Occident, son usage est très ancien. Le style est mentionné dans la Bible (Vulgate 2R 21,13) : « et delebo Jerusalem, sicut deleri solent tabulæ: et delens vertam, et ducam crebrius stylum super faciem ejus » : « J'effacerai Jérusalem comme on efface ce qui est écrit sur des tablettes. Je passerai et repasserai souvent le style par-dessus, afin qu'il n'en demeure rien. ».
Les Romains ont beaucoup utilisé le style avec des tablettes de cire, ainsi qu'en témoignent de nombreuses représentations, notamment des peintures murales trouvées à Pompéi et à Herculanum (voir l'article Codex). Le style y est désigné sous le nom latin de stilus, mais aussi sous les noms grecs de graphium ou grapheion. Il était en métal, en os ou en ivoire[1].
Les peuples slaves du nord l'ont utilisé pour écrire sur des écorces de bouleau ; il porte alors le nom de pisalo
En Orient, en particulier en Inde du Sud et à Ceylan, le style est utilisé pour écrire sur des bambous ou des feuilles de palmier. La partie plate (plus large que dans le style romain) sert à étaler du noir de fumée ou de la cendre sur le support, ce qui, après nettoyage, permet de faire apparaître les caractères gravés.
Son utilisation en Europe, liée à la tablette de cire ou à l'écorce de bouleau, s’est raréfiée à partir du XVe siècle quand le papier a fait lentement disparaître ce type de support d’écriture ; elle s’est toutefois poursuivie jusqu’au XIXe siècle.
Il renaît à la fin du XXe siècle, sous le nom de stylet, pour écrire sur l’écran des assistants personnels.
Sens dérivé
[modifier | modifier le code]Par extension, le style en est venu à désigner l'ensemble des procédés d'expression et figures de rhétorique employés dans le discours ; il est l'objet d'étude de la stylistique : « Dans l'Antiquité, le style désignait ce poinçon de fer ou d'os qui servait à écrire sur de la cire, et dont l'autre extrémité, aplatie, permettait d'effacer ce qu'on avait écrit. Il y a quelque chose d'émouvant, des siècles après, à reconnaître dans cet objet l'ancêtre du stylo. Mais à l'époque déjà, par glissement métonymique de l'instrument à son résultat, le style est aussi la manière d'écrire, la tournure de l'expression. Cicéron l'emploie dans ce sens figuré dès le premier siècle avant notre ère[2] ».
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (es) J. Carlos Iglesias-Zoido, « Lectura privada en Roma : soportes y formatos del libro antiguo », dans La Villa de los Papiros, Barcelone, Editorial Planeta, , p. 15-32
Références
[modifier | modifier le code]- Iglesias-Zoido 2013, p. 24-25
- Camille Laurens, Tissé par mille, éditions POL, 2008