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Cupule (archéologie) — Wikipédia Aller au contenu

Cupule (archéologie)

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Photographie d'une pierre à cupules
L'archéologue O. G. S. Crawford interprète les cercles concentriques autour des cupules comme les yeux d'une déesse mère. Selon une autre interprétation, ces anneaux pourraient être des symboles solaires ou lunaires représentant des halos atmosphériques[1].
Certaines cupules sont reliées entre elles par des rigoles, ce qui les transforme en « haltères ».

En archéologie, une cupule est un pétroglyphe constitué d'une dépression circulaire ou ovale creusée par l'homme à la surface d'un rocher naturel, d'une dalle mégalithique ou d'une paroi de grotte.

Description

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« La cupule est un enlèvement de matière, d'une géométrie le plus souvent circulaire, de section courbe, généralement obtenu par percussion lancée sur une surface rocheuse[2]. »

Appelées aussi « pierre à cupules », « pierre cupuliforme » ou « pierre à écuelles », les cupules sont un type de pétroglyphe réalisé à la surface de rochers ou d'affleurements rocheux ou sur des mégalithes. Il s'agit d'une dépression concave, de forme circulaire ou ovale et d'une profondeur de quelques millimètres, martelée généralement à l'aide de percuteurs en pierre (quartz, granit), parfois retrouvés in situ[3]. Une cupule n'est pas une cavité d'origine naturelle mais résulte d'une anthropisation, éventuellement par transformation d'une petite dépression naturelle.

Les cupules sont généralement de taille modeste, de quelques centimètres ou dizaines de centimètres de diamètre, et ont des parois incurvées et régulières. En deçà de 2 cm, les archéologues parlent plutôt de « point » ; au-delà de 2 cm on parle plutôt de « cuvettes », « bassins » ou « vasques », qui résultent le plus souvent d'une érosion différentielle[4].

Une suite de cupules isolées mais alignées forme une ligne de cupules. Si les cupules sont regroupées sur une surface limitée, elles constituent une plage de cupules, lorsqu'elles sont juxtaposées et chevauchantes, ou un nuage de cupules lorsqu'elles sont éparses[6]. Certaines cupules sont entourées par des anneaux concentriques symétriques, également creusés dans la pierre, ou reliées par une rigole. Leur disposition est en général horizontale mais aussi parfois verticale (mégalithe de la pierre femme, à Vénérieu, dans l'Isère).

Interprétations

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Au XIXe siècle, l'observation fréquente de cupules sur des mégalithes conduit à leur donner des interprétations fantaisistes[7] : récolte et évacuation du sang sacrificiel (celtomanie), projection d’un zodiaque ou des constellations visibles (archéoastronomie), forme d’écriture, cadastres préhistoriques, etc. « Et, tout comme ces fameux supports en pierre, dont la compréhension passait inévitablement par une diffusion de l’idée « mégalithique », certains archéologues n’hésiteront pas à envisager une progression est-ouest du phénomène en constatant que des cupules sur affleurements rocheux se retrouvent jusqu’au Caucase (Blavatsky 1880[8])[9] ». On distingue deux types de cupules : les cupules à fonction figurative et les cupules à fonction utilitaire[10]. Les tendances interprétatives actuelles inventoriées par Bednarik (en) sont[11] :

  • des cuvettes résultant du concassage, broyage (graines, noix ou colorants), affûtage ou polissage de matières, employées comme petit mortier ;
  • des jeux par lesquels d’autres objets (graviers, céréales…) passent d’une cupule à l’autre ;
  • des lithophones, par percussion répétée sur certains points particulier d’un rocher ;
  • des « représentations » dans le cadre de programmes iconographiques portés par un récit mythique ou une cosmogonie particulière (la cupule peut représenter une tête avec ses yeux, les seins ou le sexe féminin d'une représentation anthropomorphe, telle une déesse mère ou une « idole » ; un bouclier ; servir de départ à des figurations soléiformes[Note 3], etc.).

De plus, ces cupules ont pu être réemployées par des populations qui ne les ont pas produites mais qui les utilisent dans le cadre de libations reliées à des rites de fertilité (dépôts de graines, de matières grasses, de liquides — lait, d'hydromel — ou combustion de matières…)[2] comme le suggèrent les rigoles qui relient parfois ces creux entre eux sur des surfaces plus ou moins horizontales[12]. Elles ont pu être utilisées aussi comme récipients à teinture (godets servant au tatouage)[13], comme trou d'emmanchement, comme puits sacrés[Note 4].

La présence de cupules est attestée partout dans le monde. Elles sont très présentes sur les reliefs, particulièrement en montagne[15]. Elles se rencontrent fréquemment en Europe continentale. Près d'un millier de blocs ou de dalles à cupules sont répertoriés en Suisse et en Savoie, qui recèlent de nombreux blocs erratiques[16]. On en trouve également le long de la façade atlantique (nord de l'Angleterre, Écosse[17], [18], Irlande, Bretagne, île d'Yeu[19], île de Noirmoutier, Galice et Portugal), sur la façade atlantique du Maroc du nord (région de Tanger)[20], le long des côtes méditerranéennes (nord-ouest de l'Italie, Thessalie), comme au Mexique, au Brésil, en Inde et en GuadeloupeTrois-Rivières).

L'interprétation de l'usage et des significations des cupules reste difficile, de même que leur datation qui peut s'échelonner depuis le Magdalénien jusqu'à l'Âge du bronze. Très souvent associées à un passé ancien inconnu (préhistorique)[2], elles datent pourtant parfois de périodes beaucoup plus récentes (entre le début du XIVe siècle et la fin du XVIIIe siècle comme à Madagascar[21]. Compte tenu de leur présence sur une aire géographique immense, l'explication de leur existence et de leur morphologie ne peut être unique mais doit varier selon le temps et les environnements socio-économiques[2].

Notes et références

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  1. Également appelé « Fesses de Sorcière », cette pierre comporte deux grandes cuvettes de 25 cm de large et 40 cm de long) qui, selon la légende, seraient les empreintes laissées par ces personnages assis sur ce bloc de grès. En réalité, ces cavités polies ont servies de meules dormantes pour écraser des céréales ou des baies avec des molettes-pilon[5].
  2. Cette pierre des redevances comporte plusieurs vasques selon l'importance de leur contenance, avec une ouverture inférieure de vidange.
  3. Signes solaires avec ou sans rayons. Ces signes peuvent être réduits à de simples points en peinture ou à des cupules en gravure. Exemples : cupules avec rayons, cupule au centre d'un cercle de cupulettes…
  4. Selon Bernard Rio, certaines pierres à cupules en Bretagne peuvent être interprétées comme de petits puits sacrés. L'eau de pluie conservée dans les cupules aurait eu des vertus guérisseuses pour les yeux et ces cupules pourraient aussi être associées à un rite de fécondité, représentant la cavité utérine. Jusqu'au milieu du XXe siècle, dans les fontaines Ar Vir de Plouescat et Saint-Guénaël de Lanester, les pèlerins puisaient l'eau pour la verser sur une pierre à cupules dans lesquelles ils trempaient leurs mouchoirs avant de s'humecter les yeux[14].

Références

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  1. (en) Walter Tape, Atmospheric Halos, Wiley, , p. 230
  2. a b c et d Serge Cassen, Christine Boujot et Valentin Grimaud, Carnac, récit pour un imagier, Nantes, Université de Nantes - LARA, , 161 p. (ISBN 9782957760107), p. 73
  3. Michel Martzluff (dir.), Roches ornées, roches dressées: aux sources des arts et des mythes, Presses universitaires de Perpignan, , p. 174
  4. Michel Martzluff (dir.), Roches ornées, roches dressées: aux sources des arts et des mythes, Presses universitaires de Perpignan, , p. 307
  5. Emile Boutin, Pays de Retz, Noirmoutier, île d'Yeu, France-Empire, , p. 29.
  6. Henry de Lumley et al., « Cupule isolée, groupe de cupules isolées, plage de cupules juxtaposées et chevauchantes, nuage de cupules éparses sur les roches gravées de la région du mont Bego. Représentation de l'amas stellaire des pléiades », L'anthropologie, vol. 123, no 3,‎ , p. 485-667 (DOI 10.1016/j.anthro.2019.102724)
  7. Jean Abelanet, Itinéraires mégalithiques, Editions Trabucaire, , p. 41
  8. (en) H. P. Blavatsky, « Cup-Mark Inscriptions », The Theosophist, vol. 1, no 6,‎ , p. 346-349 (lire en ligne).
  9. Serge Cassen, Valentin Grimaud, « La clef de la mer. Une étude des représentations gravées sur la Pierre de Saint-Samson (Côtes-d’Armor). Laboratoire de recherche archéologie et architectures », Lithogénies, vol. 1,‎ , p. 98 (lire en ligne).
  10. Jean Abélanet, Signes sans paroles. Cent siècles d'art rupestre en Europe occidentale, Hachette, , p. 152
  11. (en) R.G. Bednarik, « Cupules. Rock Art Research, 25, 1, p. 61-100. », Rock Art Research, vol. 25, no 1,‎ , p. 61-100 (lire en ligne).
  12. Michel Martzluff, Roches ornées, roches dressées, Presses universitaires de Perpignan, , p. 236
  13. (en) Ralph Linton, Archaeology of the Marquesas Islands, vol. 23, The Museum, , p. 96.
  14. Bernard Rio, Le cul bénit. Amour sacré et passions profanes, éditions Coop Breizh, , p. 47.
  15. « pierres a cupule - alpes » (consulté le )
  16. Léonard Kramer et Michel Mauvilly, « Blocs à cupules, des pierres énigmatiques », Cahiers d'archéologie fribourgeoise = Freiburger Hefte für Archäologie, vol. 21,‎ , p. 20-21 (ISSN 1423-8756, lire en ligne, consulté le )
  17. « Cup and Ring carvings ......... What are they ?? », Yorkshire Rock Art
  18. « Drumtroddan », The Whithorn Trust
  19. Marcel Baudouin, « La Roche aux Fras, Pierre à 95 cupules et 6 cavités pédiformes, à l'île d'Yeu (Vendée) », Bulletin de la Société préhistorique française, t. 11, no 10,‎ , p. 484-513 (lire en ligne)
  20. (es) Cravioto, E. G., & García, H. G., « Un santurario de Cazoletas (Cupules) en Tánger (Douar Ziaten) », Akros: Revista de Patrimonio, (14),‎ , p. 7-14
  21. Rafolo Andrianaivoarivony, Ann Harivola Rakotondrazaka et Vololomboahangy Ranivoarisoa, « Les roches anthropisées d’Ambohimanga et d’Ambohidratrimo (Hautes-Terres centrales de Madagascar) », dans Michel Martzluff (dir.), Roches ornées, roches dressées : aux sources des arts et des mythes, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, (DOI 10.4000/books.pupvd.4022), p. 299-314

Bibliographie

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  • Jean-Mary Couderc, Géographie et archéologie des cupules, La Simarre, , 402 p. (lire en ligne)
  • Léonard Kramer et Michel Mauvilly, « Blocs à cupules, des pierres énigmatiques », Cahiers d'archéologie fribourgeoise (Freiburger Hefte für Archäologie), vol. 21,‎ , p. 20-21 (ISSN 1423-8756, lire en ligne, consulté le )

Articles connexes

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Liens externes

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