Clabecq
Clabecq (nl) Klabbeek | |||||
L'église vue du canal Charleroi-Bruxelles. | |||||
Héraldique |
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Administration | |||||
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Pays | Belgique | ||||
Région | Région wallonne | ||||
Communauté | Communauté française | ||||
Province | Province du Brabant wallon | ||||
Arrondissement | Nivelles | ||||
Commune | Tubize | ||||
Code postal | 1480 (anciennement : 1361) | ||||
Zone téléphonique | 02 | ||||
Démographie | |||||
Gentilé | Clabecquois(e) | ||||
Population | 4 784 hab. (1/1/2020) | ||||
Densité | 1 142 hab./km2 | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 50° 41,36′ nord, 4° 13,28′ est | ||||
Superficie | 419 ha = 4,19 km2 | ||||
Localisation | |||||
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Géolocalisation sur la carte : Région wallonne
Géolocalisation sur la carte : Brabant wallon
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Clabecq (en néerlandais Klabbeek, en wallon Clabek) est une section de la commune belge devenue, en 2017, ville de Tubize située en Région wallonne dans la province du Brabant wallon.
C'était une commune à part entière avant la fusion des communes de 1977.
Clabecq est traversée par le canal Bruxelles-Charleroi, le long duquel se trouvaient les Forges de Clabecq, une entreprise sidérurgique.
Toponymie
[modifier | modifier le code]Le nom du village est d'origine germanique et se compose de deux parties, Glad, lisse, glissant ou brillant, et *baki, ruisseau. Ce toponyme a gardé une phonétique flamande, mais la graphie est partiellement romanisée, signe d'un recul du flamand dans la région. Une évolution romane aurait donné *Glabais. On peut donc comprendre le nom du village comme « l'endroit situé là où il y a un ruisseau lisse, luisant »[1].
Démographie
[modifier | modifier le code]- Sources:INS, Rem:1831 jusqu'en 1970=recensements, 1976= nombre d'habitants au 31 décembre
Histoire
[modifier | modifier le code]La seigneurie de Clabecq
[modifier | modifier le code]À l'origine, Clabecq faisait partie du grand domaine de Tubize, possession dès le Haut Moyen Age de l'abbaye de Nivelles. À l'époque féodale, les comtes de Louvain, avoués de l'abbaye, usurpèrent une partie du domaine nivellois et y taillèrent des fiefs pour leurs vassaux. C'est là très probablement l'origine de la seigneurie[2] de Clabecq. Frizo de Clabecq, mentionné en 1183, en est le plus ancien détenteur connu. Relevant de Gaesbeek (auparavant vraisemblablement des Aa), le fief de Clabecq comprenait un château, des terres et des droits seigneuriaux, ainsi qu'un nombre important d'arrière-fiefs qui s'étendaient jusqu'à Tourneppe. À côté de cette seigneurie laïque, une seigneurie foncière d'une certaine importance, dont le centre était la ferme de Vraimont, continua d'appartenir au chapitre de Nivelles.
Les Forges de Clabecq[3]
[modifier | modifier le code]En 1752, à sa requête, Antoine Otton vicomte de Flodorp, seigneur de Clabecq, obtint l'autorisation de l'Impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, duchesse de Brabant, de reconstruire un moulin à farine sur la Sennette, à l'endroit d'une chute d'eau de 2,72 m de hauteur[4]. En effet, le seigneur du lieu se trouvait continuellement importuné par les habitants du village, au nombre d'environ 150 communiants, qui souhaitaient disposer pour moudre leur grain d'un moulin à eau qui ne soit pas trop éloigné. Avant la construction du moulin de Clabecq, ils se trouvaient dans l'obligation de parcourir une demi-lieue pour atteindre le moulin le plus proche. Et comme celui-ci venait souvent à manquer d'eau, il leur fallait régulièrement se déplacer à une lieue de distance de chez eux. Comme il n'y avait pas de moulin banal à Clabecq, les arguments avancés permirent l'octroi d'érection d'un moulin à eau à Clabecq, près du pont sur la Sennette (le texte de l'octroi donne à cette rivière le nom de Samme, nom que la Sennette à vraisemblablement porté anciennement). Ce moulin à moudre le grain sera finalement démoli vers 1889, après avoir coexisté pendant plus d'un siècle avec les Forges[5].
Quelques années plus tard, en 1781[6], la transformation de ce moulin par l'adjonction d'une roue supplémentaire destinée à actionner un moulin à battre le fer donna naissance aux forges de Clabecq. Cette usine connaîtra une croissance soutenue durant toute l'industrialisation du XIXe pour devenir un fleuron de la sidérurgie belge. Petit hameau agricole, Clabecq s'urbanisa rapidement et vit fleurir les cités ouvrières.
La paroisse
[modifier | modifier le code]Sur le plan paroissial, Clabecq resta une dépendance de la paroisse de Tubize jusqu'en 1863. C'était d'ailleurs une des rares communes de Belgique à ne pas avoir d'église avant cette date.
Patrimoine et tourisme
[modifier | modifier le code]Les édifices religieux
[modifier | modifier le code]Jusque dans la seconde moitié du XIXe siècle, Clabecq était l'une des rares communes de Belgique au centre de laquelle il n’y avait pas d’église. Le territoire clabecquois était alors une dépendance paroissiale de Tubize. Bâtie en 1867, l’église Saint-Jean-Baptiste, de style néo-roman, est l’œuvre de l’architecte Émile Coulon. Face à son entrée principale, sur une placette arborée, se dresse, à l’ombre d’un tilleul planté lors du 100e anniversaire de l’Indépendance, l’élégante statue de Josse Goffin (1830-1887), ancien maître des Forges, sculptée par l’artiste Jacques de Lalaing (1858-1917) en 1888. En direction de Braine-le-Château, par la rue Saint-Jean, on rejoint la petite chapelle Saint-Jean-Baptiste, datant du XIXe siècle. On dit qu'elle remplace une chapelle plus ancienne, érigée dès le XVe siècle. Plus bas dans la rue Saint-Jean, on trouve le Temple protestant de l’Église Évangélique, de fort bel aspect, construit en 1902.
Le château de Clabecq
[modifier | modifier le code]Si l’on prend la rue du Château, on aboutit à l’antique demeure des seigneurs de Clabecq (famille de Flodorp puis passée par héritage à la famille de la Croix de Chevrières de Sayve). On prétend que le château de Clabecq actuel remplace une fortification plus ancienne bâtie à quelques distances de là, mais cela reste à démontrer. L’édifice actuel remonte au plus tôt au XVIe siècle. Entièrement construit en pierre d’arkose locale, il a bien failli disparaître. Devenu propriété des Forges de Clabecq (1947), il servit tout un temps de logements pour des familles italiennes dans les années 1950. C’est alors qu’on lui donna le nom de « château des Italiens ». Laissé à l’abandon trop longtemps, il fait actuellement l’objet d’une restauration profonde et d’une réaffectation en logements. Ce château est doublé d’une très belle ferme du XVIIIe siècle, entièrement en arkose[7]. Il est appelé aujourd'hui le « Château des Italiens ».
Les carrières d’arkose
[modifier | modifier le code]À proximité de ce château, on observe encore les vestiges d’anciennes carrières d’arkose, pierre typiquement locale dont sont faits la plupart des édifices anciens des environs. Ces carrières étaient seigneuriales[8]. La plus grande d’entre elles, dans une propriété privée, est remplie d’eau et constitue un milieu naturel au milieu des habitations ouvrières de Clabecq.
Les fermes anciennes
[modifier | modifier le code]Comme Tubize, Clabecq doit sa renommée à l'industrialisation du XIXe siècle et en particulier à ses célèbres forges. On oublie pourtant trop vite qu'au XVIIIe siècle encore il n'y avait que quelques fermes et quelques petites masures sur ce terroir qui dépendait au spirituel de la paroisse de Tubize et qui ne bénéficia de sa première église qu'au XIXe siècle. Le village comptait à peine, en 1830, 368 habitants. La moitié du terroir appartenait au propriétaire du château. Il y avait alors 11 fermes, 40 maisons et 8 cabanes. Quelques-unes de ces fermes, vestiges d'un passé révolu, existent encore aujourd'hui[9]. Presque toutes furent bâties avec la pierre locale, l'arkose dont il existait plusieurs carrières dans la localité.
Citons tout d'abord, la basse-cour du château ; imposante ferme en quadrilatère en ordre serré du XVIIIe siècle attenante à l'aile Sud du château. Les bâtiments sont en arkose et briques sous bâtières de tuiles, disposés autour d'une cour carrée pavée.
Dans la rue des Déportés, en direction de Lembeek, on rencontre tout d’abord la Grande Cense de Clabecq. Il s'agit d'une imposante ferme en quadrilatère de la première moitié du XVIIIe siècle, remaniée aux XIXe et XXe siècles. Les bâtiments sont en moellons d'arkose et briques blanchis sur soubassement goudronné, couverts de bâtières de tuiles et groupés autour d'une cour polygonale autrefois pavée. L'accès principal est formé d'un portail frappé du blason des Cotereau, anciens seigneurs de la localité (XVIe siècle).
Plus loin on rejoint la ferme de Vraimont, intéressant bâtiment du XVIIIe siècle, qui fut jadis le centre de la seigneurie foncière de l’abbaye de Nivelles à Clabecq. Souvent appelée la ferme de Flandre, aujourd’hui la ferme Lisart, elle se présente comme une grande ferme en quadrilatère disposant autour d'une cour polygonale macadamisée des bâtiments élevés en moellons d'arkose et briques en deux phases au XVIIIe siècle et remaniés aux XIXe et XXe siècles.
Toujours plus loin le long de la même rue en trouve une ferme, en ordre dispersé, très remaniée mais conservant une grange en long de la seconde moitié du XVIIIe siècle, transformée à la fin du XIXe siècle à la suite d'un incendie.
Les vestiges d'une importante ferme du XVIIe siècle, transformée aux XVIIIe et XIXe siècles sont encore visibles sur l'actuelle place du village. Il s'agit de la ferme Hamaide, dite aussi cense Jacob.
Isolée sur un sommet, on aperçoit la ferme du Chêne, dite également ferme Larcier ou Winckel. Cette ferme était jadis propriété de la seigneurie de Clabecq. Elle se présente en ordre dispersé autour d'une cour triangulaire pavée. Ses bâtiments en moellons d'arkose peints en jaune et couverts de bâtières de tuiles sont du XVIIIe siècle.
Galerie
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Les forges de Clabecq, haut fourneau.
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Les forges de Clabecq, haut fourneau (détail).
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Les forges de Clabecq le long du canal.
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Coulée continue aux anciennes forges.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- ROOBAERT Bernard, Hydronyme et toponymes dérivés dans la région d'Enghien à Tubize, dans Annales du Cercle d'Histoire Enghien-Brabant, t. 1, 1999-2000, pp. 151-152.
- Léon Lauwers, Histoire de la commune de Clabecq et de sa Seigneurie, s. d.
- La synthèse la plus récente est certainement JACQUEMIN Madeleine, Les sociétés des Forges de Clabecq, dans Annales du Cercle d'Histoire Enghien-Brabant, t. 4, 2003, pp. 133-172, avec un aperçu bibliographique, p. 136.
- Archives Générales du Royaume (AGR), Fonds Forges de Clabecq, Charte de Marie-Thérèse d'Autriche, .
- AGR, Fonds Forges de Clabecq, Acte passé devant le notaire Henri Scheyven entre la SA Forges de Clabecq et la baronne Snoy, concernant le moulin de Clabecq, le .
- Jean-Louis Van Belle (historien), Le 8 novembre 1781 naissaient les Forges de Clabecq, Tubize, 1982.
- Voir notamment VAN BELLE Jean-Louis, Le château de Clabecq. Le bâtiment — Des hommes — Un domaine, XVIe – XXe siècle, s.l., 1992.
- Léon Lauwers, Essai d'un aperçu historique de Clabecq, Le Folklore Brabançon, n° 136 de décembre 1957, page 455
- DELPORTE Luc, Tubize, dans Le Patrimoine rural du Brabant wallon, ouvrage collectif édité à l’initiative du Centre culturel du Brabant wallon par Pierre WALGRAFFE, Court-Saint-Étienne, 1996, p. 214-221.