Topoi 15 (2007) p. 75-125 L’EXPLOITATION DU MONDE VÉGÉTAL EN GRÈCE CLASSIQUE ET HELLÉNISTIQUE Essai de synthèse

Le prélèvement dans la nature et la transformation de produits végétaux ont joué un rôle essentiel dans la vie quotidienne des anciens Grecs, ainsi que dans l’économie et les échanges commerciaux de la Méditerranée antique. L’alimentation végétale avec ses prolongements diététiques, les techniques agricoles visant à la domestication, puis à l’amélioration d’arbres fruitiers, de céréales et de légumes, l’exploitation forestière nécessaire pour l’habitat, la construction navale et la fabrication d’innombrables objets d’usage quotidien, tels sont les principaux domaines dont un simple essai de synthèse ne peut évidemment donner qu’un aperçu, avec quelques exemples significatifs et des références bibliographiques à des travaux si possible récents. On remarquera d’abord que les informations fournies à ce sujet par les sources littéraires archaïques ont une valeur documentaire limitée. Ni légumes ni fruits ne figurent au menu des repas homériques composés invariablement de viandes rôties et de pain, accompagnés d’un bon vin, même chez le propriétaire d’un verger et d’un potager. Ainsi, au chant XXIV de l’Odyssée, Laërte cultive avec soin des figuiers, de la vigne, des oliviers, des poiriers et des légumes (v. 246-247), ainsi que des pommiers (v. 340), mais le repas préparé chez lui, «au logis qui borde le verger » (v. 358), pour fêter le retour d’Ulysse, ne comprend que des viandes, du pain et du vin (v. 364 et 395). Réel ou conventionnel, ce menu