Communication de M. P. Gentelle

L'oasis de Khulm

En Afghanistan, au contact des plateaux argilo-calcaires qui bordent au Nord les chaînes de l'Hindu-Kush et du Koh-i-Baba, et de la vallée de l'Amu Darya, des oasis se sont installées qui alignent le long des 450 km de piedmont la succession des taches de leurs cultures, depuis la vallée du Ram Gui Tagao et Andkhoi à l'ouest, jusqu'à la rivière Kokcha à l'est. Parmi ces oasis dont certaines ont donné naissance à des villes (Mazar-i-Charif, Andkhoi, Shibergan, Kunduz surtout) Khulm (1) est assez isolée pour qu'on en puisse saisir l'ensemble d'un seul coup d'oeil, assez archaïque pour témoigner de l'agriculture traditionnelle, assez bien située pour porter déjà les marques les plus évidentes du monde moderne. Surtout on y peut saisir dans le détail le fonctionnement d'un système de droits d'eau tel qu'il s'est développé au cours des siècles.

Une gorge - ou tang - a. été creusée très récemment (fin Pliocène début Quaternaire) par épigénie dans des calcaires massifs du sénonien, redressés à 70°. C'est elle qui ouvre le passage vers les plaines de l'Asie centrale, c'est par elle que l'eau est fournie à l'oasis, qui occupe très exactement le cône alluvial de la rivière, à son débouché dans la vaste vallée de l'Amu Darya. L'écoulement ne se fait plus jusqu'au fleuve, bien que l'on aperçoive des traces d'anciens chenaux infléchis vers l'ouest. La gorge est à 430 m d'altitude et, 45 km au Nord, l'Amu Darya coule à 290 m. On distingue quatre niveaux de terrasses, incultes, dont l'une a laissé des bancs de conglomérats déformés sur le sommet de croupes marneuses et argileuses du Pliocène. Comme on devait s'y attendre, les alluvions sont triées et, déjà fines en haut du cône en raison de la forte proportion d'argiles et de marnes provenant de l'amont, deviennent de plus en plus pulvérulentes vers l'aval. Une masse de sables mobiles, reprise des bords du fleuve par le vent et organisée en bandes de barkhanes, couvre le reg qui sépare l'oasis du fleuve, alors que les éléments les plus fins ont été emportés au loin.

La pente moyenne du cône utilisé est de 0,5 % dans l'axe de la gorge.

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