LES LIMITES DE LA CITÉ DES NERVIENS

par G. Faider-Feytmans

Dans le passage invoqué bien des fois du IIe livre du De bello gallico,où sont énumérées les forces que les Belges comptent opposer au conquérant, César précise que les Nerviens peuvent mettre 50.000 hommes en ligne et ajoute, comparant cet apport à celui, égal en nombre, des Suessions, qui possèdent des terres fertiles et douze villes : Nervios totidem, qui maxime feri inter ipsos habeantur longissimeque absint, c'est-à-dire « les Nerviens, autant, qui passent chez eux pour particulièrement farouches, et qui, en fait, vivent tout à fait à l'écart ».

Dans l'esprit de César, le mode de vie des Nerviens s'oppose à celui des Suessions, et une nuance d'étonnement est perceptible dans le fait de l'emploi du subjonctif de la relative, en constatant qu'un peuple aussi farouche (il reviendra sur le fait au quinzième chapitre du même livre II) et qui vit si à l'écart, puisse fournir un contingent aussi important de guerriers. Bien des auteurs, et en dernier lieu L. A. Constans, ont traduit longissime absint par « ils sont les plus éloignés » ; c'est là un contresens, car, en fait, les Mé- napiens dont l'aire de dispersion s'étendait, à l'époque de César, sur tout le nord de la Belgique actuelle, le sud des Pays-Bas et jusqu' au delà du Rhin étaient plus éloignés du monde romain que les Nerviens (B. G., IV, 4). César insiste du reste sur cet des Nerviens par rapport aux autres Belges : les marchands n'avaient aucun accès auprès d'eux (II, 15), leurs moyens de ancestraux les mettaient à l'abri de toute curiosité (II, 17).

Le territoire occupé par la tribu nervienne s'étendait dans le district dit hesbayen recouvert d'un limon quaternaire lourd, et d'épaisseur variable. Cette pénéplaine de basse altitude est caractérisée par de larges ondulations de terrain homogène. Seuls des dépôts de sable flandrien apparaissent aux environs de Mons, ainsi que des affleurements crétacés (éocène inférieur) dans la