Attaques à Paris: Hayat Boumeddiene serait en Syrie
Hayat Boumeddiene, la compagne d'Amedy Coulibaly, preneur d'otage de l'épicerie cacher tué vendredi par la police à Paris, qui fait l'objet d'un mandat de recherche de la police, est partie en Turquie «depuis un certain temps», selon une source policière. Elle aurait ensuite rejoint la Syrie.
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Recherchée pour son rôle présumé dans la fusillade perpétrée par son compagnon à Montrouge (Hauts-de-Seine, un mort) et une éventuelle aide à la prise d'otages dans le magasin cacher de la porte de Vincennes (quatre morts), elle était très vraisemblablement déjà en Turquie au moment des faits, affirme une source policière citée par l'AFP.
Selon la police, Hayat Boumeddiene serait passée par la Turquie le 2 janvier pour faire ensuite le jihad en Syrie. Ce jour-là, une femme correspondant à son signalement a pris un vol Madrid-Istanbul. Elle avait un billet d'avion pour un vol retour le 9 janvier, mais elle n'a jamais pris ce vol, précise cette source.
Les autorités turques ont signalé le passage de cette femme le 8 janvier à la frontière avec la Syrie. Cette information a été confirmée par un responsable des services de sécurité turcs qui a expliqué que la jeune femme n'avait pas été arrêtée parce que la France n'en avait pas informé la Turquie. « Il n'y avait aucune mise en garde la concernant de la part des services de sécurité français ou du gouvernement », a dit cette source. « Ils nous ont parlé d'elle après. Nous avons identifié le signal de son téléphone portable le 8 janvier. Nous pensons qu'elle est en Syrie en ce moment ».
La frontière turque est une passoire
La filière est connue, et malgré les promesses turques, elle semble toujours parfaitement fonctionner explique notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion : Istanbul – via l’Espagne, en ce qui concerne Hayat Boumeddiene – et puis la frontière syrienne, officiellement fermée mais véritable passoire à jihadistes depuis Reyhanli vers Idleb, depuis Kilis vers Alep et depuis Karkamis vers Raqqa, fief et proclamée par l'organisation de l'Etat islamique comme étant sa « capitale ».
La presse turque rapporte également, selon des sources officieuses et non confirmées que Chérif Kouachi avait lui aussi profité du manque de contrôle de la frontière syrienne par la Turquie pour sortir de Syrie à la toute fin de l’année dernière, quelques semaines donc avant l'attaque de Charlie Hebdo. Ankara ne se montre toujours pas capable de faire le nécessaire pour empêcher ces transits, et cela, pour un pays qui dit faire partie de la coalition anti-organisation Etat Islamique. Quand le terrorisme islamiste frappe l’Europe, cela devient de plus en plus difficile à accepter, d’autant que la Turquie a longtemps soutenu les groupes armés qui sont à l’origine de la constitution du groupe Etat Islamique.
Tir à l'arbalète en voile intégral
Agée de 26 ans, Hayat Boumeddiene est la compagne d'Amedy Coulibaly, tué vendredi soir après avoir pris en otage une vingtaine de personnes dans une supérette cacher près de la porte de Vincennes. Quatre otages ont été tués. Le couple faisait l'objet d'un avis de recherche lancé jeudi au lendemain de la fusillade de Montrouge (Hauts-de-Seine) au cours de laquelle une policière municipale a été tuée.
Lors d'une conférence de presse, le procureur de Paris François Molins a fait état vendredi soir de « liens constants et soutenus » entre le couple et Chérif Kouachi, l'un des deux frères auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo mercredi à Paris. La compagne de Chérif Kouachi, Izzana Hamyd aurait ainsi passé plus de 500 appels en 2014 avec Hayat Boumeddiene, a-t-il dit. Sur des photos qui circulent sur les réseaux sociaux, Hayat Boumeddiene, en voile intégral, pose en train de s'entraîner au tir à l'arbalète avec son compagnon.
Vendredi, cette jeune femme - décrite comme susceptible d'être armée et dangereuse - était suspectée d'avoir participé aux attaques menées par son compagnon. Certains témoins pensaient, en effet, l'avoir vue aux côtés d'Amédy Coulibaly jeudi soir, après la fusillade de Montrouge, voire même vendredi, au début de la prise d'otage dans l'épicerie casher. Mais Hayat Boumeddiene était déjà loin : elle avait quitté la France une semaine plus tôt.
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