l'abdication de l'empereur romain 357

COMMUNICATION

L ABDICATION DE L EMPEREUR ROMAIN, PAR M. JEAN BÉRANGER, CORRESPONDANT DE L* ACADÉMIE.

Cette étude adopte pour limites le laps de temps qui s'écoule entre la fondation du régime d'Auguste et la césure conventionnelle de la déposition par Odoacre, le premier maître barbare de l'Italie, de l'enfant Romulus, surnommé Augustule, « le dernier empereur d'Occident », que son père, le généralissime Oreste, avait installé sur le trône, afin de mieux régner lui-même1. Certes, il est reconnu que l'événement ne marque pas une rupture dans l'évolution de l'histoire et qu'il n'a pas l'importance que la tradition ou « la routine scolaire », comme l'écrit H.-I. Marrou2, lui ont attribuée. Les contemporains l'ont à peine noté3. L'Empire romain continue et l'œuvre d'Auguste poursuit sa carrière en constante adaptation. Mais la date de 476 est pratique : notre sujet comprend la fin de l'Augustule. En effet, qu'est-ce une déposition, sinon une abdication forcée ? Ainsi — il en faut bien un — un terme s'offre naturellement à la présente recherche à laquelle il donne point de départ et point d'arrivée.

En deçà, évidemment, le sujet paraît pauvre. Il n'apporte guère à la mémoire que l'abdication de Dioclétien, généralement tenue pour une innovation audacieuse institutionnelle et un coup de théâtre dans l'histoire des empereurs jusqu'à ce moment. De plus, elle a été amplement étudiée et éclairée, et l'on ne discerne pas en quoi elle justifie un nouvel examen sans tomber dans les redites et les banalités. Enfin, avant, il ne s'est rien produit de tel : d'Auguste à Dioclétien, strictement parlant, aucun empereur n'a abdiqué.

Le pouvoir impérial était viager. Pratiquement il avait la durée de la vie et ne cessait qu'avec elle. La mort concluait le règne, naturelle ou violente, lorsque décidément il fallait changer de prince. De 14 à 476, sur soixante-dix empereurs d'Occident, quarante ont