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Jacob (Louis) — Les Suspects pendant la Révolution, 1952

[compte-rendu]

Année 1952 136 pp. 270-271
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270 COMPTES RENDUS

Jacob (Louis), Les Suspects pendant la Révolution (Paris, Hachette, 1952, 256 p., in-8°).

Avec son récent ouvrage sur les Suspects, M. le doyen Jacob offre à notre réflexion une ample matière sur le thème de la liberté individuelle en période révolutionnaire. Beau sujet que celui-ci : à peine proclamée par les Constituants après les campagnes des Philosophes, la liberté est foulée aux pieds pour sauver le pays menacé et sauvegarder l'unité nationale.

C'est avec la chute de la royauté et les débuts de la guerre contre l'Europe que commence à se poser le problème de la liberté, ou plutôt de sa privation. Au lendemain du 10 août, un décret sur l'organisation des polices municipales peut être considéré comme la première pierre de la législation des suspects. Au début, il n'y eut pas de mesures d'ensemble, chaque municipalité interprétant à sa guise la notion de suspect, ce qui amena une certaine anarchie dans les départements et à l'intérieur de ceux-ci. Le premier Comité de salut public était trop divisé et trop favorable aux Girondins pour élaborer une législation adéquate. Ce n'est qu'après les premiers revers extérieurs et la crise de la levée en masse que la loi du 17 septembre 1793, rapportée par Merlin de Douai, définit de façon précise la notion de suspect et instaure la « charte de la Terreur ». Les comités de surveillance locaux se saisissent des pouvoirs qui, jusque là, appartenaient aux autorités élues régulièrement. Stimulés par les représentants en mission, ces comités se chargèrent du contrôle et de l'arrestation des suspects, mus plus souvent par l'esprit partisan que par la volonté de servir la patrie en danger. Aussi apparut-il rapidement nécessaire de dessaisir ces comités locaux de leurs attributions et de les centraliser au profit de l'État : tel fut l'objet d'un article du décret du 14 frimaire, nouvelle étape dans cette législation contre les suspects. Le pas décisif fut accompli par la « terrible » loi de Prairial, l'une des mesures révolutionnaires les plus passionnément discutées. L'auteur a eu à cœur de replacer cette loi sous son véritable jour, et ce n'est pas un de ses moindres mérites. Il prouve l'inexactitude de la thèse qui voudrait voir dans cette loi une manifestation de la « mystique révolutionnaire » ; il s'en prend également à ceux qui font de cette loi un acte gratuit de la part de Robespierre. Il cite fort à propos la lettre du 16 prairial, dans laquelle Robespierre informe Saint-Just, alors à l'armée du Nord, des nouveaux périls qui menacent le régime, symbolisés par les tentatives d' Admirai et de Cécile Renault. La loi de prairial doit répondre aux besoins de cette situation nouvelle, elle est dictée par l'impérieuse nécessité de protéger un Etat de nouveau menacé.

Si l'un des grands mérites de l'ouvrage de M. Jacob est de mettre en valeur l'évolution de la législation révolutionnaire contre les suspects, il faut aussi le féliciter de s'être attaché à l'aspect social de la question. Il a fait porter son effort sur deux points : l'évocation de la vie des suspects dans les prisons, l'évaluation du nombre des victimes des mesures révolutionnaires. Dans chacun de ces deux domaines, il a redressé bien des erreurs trop répandues dans le public. Il dresse un tableau de la vie dans les prisons, qui n'a rien de commun avec l'évocation des cachots humides

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