VARIETES
UNE PRESENTATION DU MYCENIEN
Dans son récent ouvrage (1967) : Études sur la grammaire et le vocabulaire mycénien (auquel on renverra, ici, par le numéro du paragraphe), notre collègue néerlandais C. Ruijgh (ci-dessous C. R.) fait précéder deux importants mémoires (de morphologie et de syntaxe) d'une présentation générale de l'écriture et de la langue qui occupe soixante- quinze pages : présentation alerte, personnelle, solide, à laquelle il serait injuste de reprocher des lacunes, assurément voulues (car on ne peut traiter de tout en aussi peu de place). Il existe, sur le phoné- tisme et la grammaire du mycénien, bien des obscurités encore, et C. R. n'hésite pas à aborder et à discuter nombre de problèmes difficiles. Je dois dire que je suis le plus souvent d'accord avec ses conclusions, sinon toujours. Et je proposerai ici quelques observations, où le lecteur voudra bien voir la marque de l'intérêt que je porte au livre et de l'estime où je tiens l'auteur.
Chronologie relative : lois de Grassmann et d'Osthoff
— Les données du grec postmycénien avaient permis un certain nombre d'inductions sur la chronologie relative de diverses transformations phonétiques antérieures à nos premiers textes ; [cf. notre Traité2, notamment p. 350]. La confrontation des données mycéniennes demeure décevante, pour des raisons qui tiennent au syllabaire et à l'orthographe.
Le syllabaire mycénien note φ comme π, θ comme τ, χ comme κ, et dans l'ordre des labiovélaires %w comme v.w ; à ceci près, pourtant, que pu2 paraît noter seulement φυ, alors que pu note indifféremment πυ, φυ (et βυ) ; à ceci près encore que 56 est probablement pa3 = φα, alors que pa note indifféremment πα, φα (et βα). D'autre part, le mycénien n'a pas de notation de h ; à ceci près, cependant, que a2 note seulement Λα, alors que a note indifféremment α et hot. Pour constater si la dissimilation régressive des aspirées est déjà d'âge mycénien, il faudrait la réunion d'un certain nombre de conditions favorables, que nos textes, jusqu'ici, nous refusent. Faute d'exemples décisifs, C. R. réunit (21) diverses présomptions en faveur d'une date postmycénienne pour la loi de Grassmann ; ajouter l'argument fourni par dapu^ritojo si l'on y a à la fois -φυ- (/>ua) et le suffixe -ινθο- (7, η. 30). — A l'époque