LA TÊTE DE SAINT LOUIS A SAINT-GERMAIN-EN-LAYE
Parmi les têtes sculptées aux clefs de voûte de la chapelle du château, à Saint-Germain-en-Laye — têtes signalées par Camille Enlart (1) pour leur «re¬ marquable beauté » — il en est une qui, selon Salomon Reinach, pourrait être celle du roi saint Louis : la chapelle, disait-il, a été fondée et construite entre 1230 et 1240 (2) par Louis IX; les têtes sculptées aux clefs de voûte l'ont été au moment de la construction; l'âge apparent des personnages figurés corres¬ pond à celui de l'un ou l'autre des membres de la famille royale à l'époque (3). Dès lors, n'est-il pas «bien tentant de reconnaître »,en cette série de portraits sculptés, quelques-uns d'entre eux : Louis, le premier de tous naturellement, sous les traits du jeune homme au front ceint de la couronne qui .se détache seul à la grande croisée d'ogives du chœur (fig. 1), cependant que les autres têtes — une «reine de France », une «princesse française!), plusieurs «jeunes princes français », sans doute — se trouvent groupées deux par deux aux trois clefs de voûte de la nef (4).
Que l'on observe directement cette tête, tout là-haut, à la clef de voûte, qu'on la considère plus commodément sur une reproduction photographique, comment en fait se présente-t-elle?
Le visage est parfaitement bien en chair; les traits sont réguliers; yeux très caractéristiques, presque exorbités; nez assez fort; l'ombre d'un sourire semble-t-il sur les lèvres plutôt épaisses, le cou rentré dans les épaules. A tout prendre, un portrait d'un réalisme certain, un portrait d'après nature (pl. XVI).
(1) Camille Enlart, Manuel (T archéologie française , Paris, Picard, 1902, t. I, p. 508.
(2) La date de construction de cette chapelle édifiée par saint Louis, en remplacement de l'oratoir» qui existait antérieurement, sera précisée par la suite.
(3) Depuis Louis VI le Gros, fondateur du château, Saint-Germain était résidence royale.
(4) Salomon Reinach, Le Musée chrétien dans la chapelle de Saint-Louis au château de Saint-Ger-main-en-Laye (extrait de la Revue archéologique, septembre-octobre 1903), Paris, Leroux, 1903.
Du même auteur, Les Portraits de saint Louis et de sa famille { Gazette des Beaux-Arts, 1er septembre 1903).
Ces deux publications avaient été précédées d'une communication — documents photographiques à l'appui — de S. Reinach à ses confrères de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (séance du 19 juillet 1903).