LE MECENAT DES FINANCIERS AU XVIIIe SIECLE ÉTUDE COMPARATIVE DE CINQ COLLECTIONS DE PEINTURE
par Jean-François DELMAS
Les financiers ont joué un rôle eminent dans la vie de notre pays et leur action, pour ingrate qu'elle fut, a rendu bien des services à la monarchie. Le faste et l'opulence dont ces personnages s'entouraient ne pouvaient que les signaler à l'envie ou à l'admiration de leurs contemporains. Le XVIIIe siècle, époque de mouvement, ne pouvait que favoriser l'intégration sociale de négociants ou de gentilshommes de fraîche date. Quant aux salons, organes de la fermentation intellectuelle du Siècle des Lumières, ils se firent d'autant plus les échos de la brillante condition des hommes d'affaires que certains philosophes louaient le luxe et les richesses, synonymes de prospérité économique. Le temps était révolu où Lesage fustigeait les financiers sous les traits de Turcaret et où Samuel Bernard était la risée de la cour.
Au XVIIIe siècle, les termes péjoratifs de "partisans" ou de "traitants" cèdent peu à peu la place au vocable plus générique de financiers. Était financier celui qui appartenait à la compagnie, c'est-à-dire à une société de commerce, "union de plusieurs personnes qui s'associaient pour entrer dans les affaires du roi". Dans l'ancienne France, l'on distinguait ainsi quatre grandes compagnies de finances : les fermiers généraux, les receveurs généraux des finances, les régisseurs généraux des aides et les administrateurs généraux des domaines.