(né à Lodz en 1929), un Polonais qui a pu sortir vivant d'Auschwitz, émigre aux Etats-Unis sans un sou, suivi par son épouse Helen. Après ce qu'il a connu durant la guerre il est paré à toutes les épreuves, et après quelques années dans l'armée devient citoyen américain puis ouvre une boutique de réparation de machines à écrire dans le Bronx, New York. Peu à peu, il passe de la simple réparation au montage à partir de pièces récupérées d'un modèle qu'il nomme The Commodore Portable Typewriter, et se découvre l'âme d'un chef d'entreprise. En 1955 il déménage pour Toronto, Canada, crée la société Commodore Business Machines, et se reconvertit dans la fabrication de calculatrices. Le fait d'avoir quitté les Etats-unis lui permet également d'importer, profitant de la règlementation canadienne plus souple, des machines à écrire Olivetti qui se vendent très bien. Il commence alors à se faire appeler Jack Tramiel. En 1962, la vente des actions de Commodore à 2,50$ pièce lui rapporte beaucoup d'argent.
Dans les années 70, Commodore est devenu une entreprise très cotée dans l'industrie américaine de la calculatrice, en concurrence avec le géant Texas Instruments. Les deux sociétés se livrent une guerre des prix sans merci mais TI conserve l'avantage, étant totalement possesseur de se technologie, ce que Commodore ne peut encore se permettre. Au milieu des années 70 Tramiel rachète, dans le but de régler ce problème, la compagnie MOS Technology. L'ingénieur en chef de MOS, Chuck Peddle, travaille alors sur le microprocesseur 6502, futur CPU des Apple II, Atari 800 XL, et Commodore PET et 64. Mais la première apparition du 6502 est le KIM-1, un ordinateur primitif disposant d'un affichage hexadécimal. Peddle croit dur comme fer que les micro-ordinateurs constituent un marché plus porteur que les calculatrices, ce dont il parvient à convaincre Tramiel.
En 1977, Commodore présente son premier ordinateur à la foire industrielle de Hanovre. Le PET, Personal Electronic Transactor (qui dispose de 4Ko de RAM), est né, et une grande famille d'ordinateurs Commodore va suivre. Ces machines, comme le CBM 8032, connaissent un grand succès jusqu'au milieu des années 80, mais Jack Tramiel voit plus grand : un ordinateur pour toute la famille, qui n'attirerait pas que les passionnés. Au début des années 80, Commodore met sur le marché le VIC 20, machine bon marché qui s'adresse aux débutants. Le VIC 20 devient vite très populaire, mais ce n'est qu'un début. 1982 voit l'arrivée du successeur du VIC 20, le Commodore 64, qui, par son prix élevé mais compétitif et ses excellentes performances, écrase la concurrence comme le TI 99 de Texas Instruments par exemple. Le Commodore 64 sera fabriqué à 20 millions d'exemplaire, portant le chiffre d'affaire de Commodore à un milliard de dollars.
Au summum du succès, Jack Tramiel se brouille avec un des plus gros actionnaires de la compagnie, Irving Gould, et quitte Commodore, pour fonder TTL, et racheter Atari, société qui délaisse peu à peu les consoles de jeu pour la micro-informatique, dans laquelle il va terminer sa carrière, avant que ses 3 fils (Gary, Sam et Leonard) ne prennent sa succession. Abandonné par son fondateur qui est désormais un concurrent sérieux, Commodore continue sur sa lancée avec le Commodore 128 qui est un nouveau succès, et rachète une petit entreprise du nom d'Amiga, qui vient de développer un ordinateur 16-bits très excitant du même nom. L'Amiga est l'arme de Commodore dans la nouvelle guère, celles des ordinateurs 16-bits contre Atari qui fait un malheur avec son 520 ST. Une grande époque commence.
Commodore étoffera la gamme Amiga durant de longues années, jusqu'à l'avènement du PC et de Windows, dont l'avènement lui sera fatal (de même qu'à Atari). Commodore fait faillite en 1995, et la société est rachetée par le distributeur Allemand Escom, qui fait lui même faillite 12 mois plus tard. Par la suite, Commodore devient la propriété de Gateway 2000.
L'Histoire de Commodore vue au travers de sa gamme (... et autres considérations)
I. Le VIC-20 : Le précurseur.
Le VIC-20 doit son appellation à sa puce d'affichage, le Video Interface Chip. Cet ordinateur a conquis de nombreux fans à sa sortie en 1981, grâce à son Basic très convivial, ses graphismes colorés, son processeur sonore programmable, son excellent clavier et la possibilité de le connecter à des périphériques tels qu'imprimantes ou lecteur de disquettes directement, sans nécessiter l'ajout d'interfaces couteuses. A son lancement, le VIC-20 est vendu 400$, et dispose d'emblée d'une gamme de périphériques complète : joystick, lecteur de cassette, modem, imprimante, ainsi que le lecteur de disquette VIC-1540.
II. Le C64 : Le pilier de la gamme.
L'ordinateur le plus populaire de chez Commodore, le Commodore 64, est un peu la Ford T de l'industrie micro-informatique des années 80 en ce sens que la Ford T était une voiture abordable, simple à conduire et fiable, destinée à être achetée par le plus grand nombre. Le C64 est un ordinateur 8-bits dont le système d'exploitation est le DOS Commodore, préféré au MS-DOS de Microsoft, ce qui le rend incompatible avec les logiciels pour IBM PC. La mémoire est de 64 Ko et le langage résident est le Basic Commodore 2.0. A l'allumage de l'appareil, la mémoire utilisable indiquée n'est que de 38911 Ko, le reste étant occupé par le Basic et diverses fonctions interne. Ce chiffre est comparable à celui de la majeure partie des ordinateurs de l'époque.
III. Du VIC-20 au C64 : Evolution d'un marché.
Au début des années 80, époque de la sortie du VIC-20, IBM fait la promotion du PC Jr. , un ordinateur en tout point inférieur à ce que propose la concurrence, qui plus est vendu très cher, qui ne fait guère d'ombre au VIC-20. En revanche, les Atari 400 et 800, l'Apple 2, le Texas Instruments TI-99 et le Color Computer de Radio Shack sont des concurrents sérieux. En ces temps explosifs, c'est Commodore qui apporte le plus de véritables innovations, comme par exemple l'utilisation du CPU 6502, repris par Atari et Apple. Les acteurs de cette course effrénée aux parts de marché axent leur promotion sur différents aspects de l'utilisation d'un micro-ordinateur dans un cadre familial : Jeu, pédagogie, traitement de texte, logiciels éducatifs, gestion de budget, sont autant de raison de faire dépenser son argent au client potentiel.
Les commerces spécialisés sont rares et de petite taille. Les grandes surfaces hésitent encore à garnir leurs rayons d'ordinateurs, n'étant pas sures de les vendre. La micro-informatique n'est pas encore un bien de grande consommation. Le contexte est donc propice à l'initiative personnelle, à la débrouillardise et l'imagination. De toutes petites entreprises vont en profiter pour faire rapidement fortune en commercialisant le produit nouveau, auquel personne n'avait pensé, et le Commodore VIC 20, particulièrement ouvert à l'ajout de périphériques, est une mine d'or pour de tels petits génies. Le VIC 20, que les pubs françaises affublent du surnom d'"ordinateur copain", se retrouve ainsi accompagné en ses rayons de nombreux logiciels et produits associés, tandis que des rumeurs circulent selon lesquelles Commodore travaille sur une version plus puissante de leur bébé appelée VIC 64. La machine concernée est bien sûr le C64. Un mélange d'incertitude et d'excitation gagne alors les défenseurs de Commodore. Ceux qui ont récemment investi dans l'achat d'un VIC-20 se demandent s'ils ne se sont pas fait avoir. On assiste à la première manifestation d'un phénomène devenu de nos jours un véritable fléau : L'"upgrading", à savoir l'évolution à l'emporte-pièce du matériel informatique : ce qui est au top aujourd'hui sera obsolète dans quelques mois.
Les premiers à se plaindre de l'annonce du C64 sont les revendeurs eux-mêmes, qui ont avancé de l'argent pour garnir leurs rayons de VIC-20, et qui exigent de Commodore des garanties de compensation financière en cas de chute des prix de ce dernier. Il est dans un premier temps envisagé de vendre le C64 pour 1000$, sans unité de sauvegarde sur disquette ou cassette, mais Commodore décide à la dernière minute de diviser ce prix par deux, ce qui est la base même du système Tramiel. Même s'il s'agit tout de même d'une belle somme (en France, par exemple, le prix est d'environ 5000f), le rapport qualité prix du C64 est le meilleur du marché, surtout dans la mesure ou le C64 peut être connecté à un téléviseur et dispense l'acheteur de s'offrir un moniteur. Quelques mois après sa sortie, le C64 descend encore à 300$, pour finalement se stabiliser à 200$. Aux USA, il commence à envahir les grands noms de la distribution, et on le trouve dans des grandes surfaces telles que Sears, Montgomery Ward, Fred Myers, LaBelles, ou K-Mart. Le C64 devient vite si populaire que certains revendeurs garnissent leurs stocks pour un an d'avance, le vendent à prix coûtant, se rattrapant sur les logiciels et périphériques, comme le lecteur de disquette 1541, un modem ou une imprimante, tous disponibles et très onéreux.
Des livres sont publiés, recueils de programmes en Basic, guide de l'utilisateur, des magazines sont édités et bien sûr d'innombrables logiciels sont développés pour C64, principalement des jeux bien entendu. De grands noms de l'industrie du jeu vidéo font leurs premières armes sur cette machine, comme Electronic Arts, Accolade, Cinemaware, Sublogic, Epyx, Mastertronics etc... Des centres de réparation agrées Commodore s'ouvrent un peu partout, des clubs d'informatique à vocation pédagogique s'équipent de C64, et de nombreuses écoles, universités, entreprises et centres de recherche les utilisent. C'est aussi sur C64 que les concepts de shareware et freeware font leur apparition. Le shareware est un logiciel distribué gratuitement, son prix étant laissé à la discrétion de l'utilisateur qui dispose de l'adresse du développeur pour lui envoyer de l'argent. Le freeware est quant à lui totalement gratuit, son créateur ne cherchant qu'à se faire connaître. Ce système, bien que financièrement hasardeux, affranchit le produit de toute promotion ou publicité, et s'avère à l'usage assez rentable pour intéresser de nombreux éditeurs. Aujourd'hui, les choses ont bien évolué, mais l'idée est restée un peu la même.
Un autre phénomène intéressant apparu à cette époque est la création de groupes d'utilisateurs. Jusqu'ici, les fans de micro restaient isolés chez eux, mais le C64 est un tel raz de marée qu'ils commencent à correspondre et se regrouper pour échanger des informations et des programmes. Ces groupes ont au cours des années qui ont suivi la sortie du C64 développé un véritable culte pour leur machine chérie, et lui sont restés fidèles, plus fidèles encore que les dirigeants de Commodore eux-même. Parmi les raisons du succès du C64, on peut citer sa RAM, son clavier, son look et ses performances pour les jeux qui le placent devant la plupart de ses concurrents directs, et permettent des applications éducatives, de bonnes possibilités de programmation en Basic ou d'en d'autres langages, ou de traitement de texte. Seuls les tableurs semblent hors de portée du C64 à cause de son affichage 40 colonnes trop étroit.
Le CPU qui dirige les opérations du C64 est le Commodore 6510, une version améliorée du 6502 qui équipait le VIC-20, les Apple 2 et les Atari 400 et 800. Le son du C64 est révolutionnaire lui aussi, grâce aux 4 voies du processeur SID 6581 (Sound Interface Device) qui permettront, dans le cadre des jeux vidéo, l'éclosion de vrais talents en matière de composition (voir ce dossier), et le C64 est le premier ordinateur à pouvoir imiter la voix humaine sans addition de hardware supplémentaire. Le système d'affichage est le VIC 6567 (Video Interface Chip), encore une amélioration du VIC 20 qui permet un affichage 320x200 en 16 couleurs, et gère les sprites, élément indispensable pour les jeux. Tout le reste de l'architecture interne du C64 est ce qui se fait de mieux à l'époque. Pour mémoire, les IBM PC de l'époque sont encore en noir et blanc et s'expriment par des beeps crissants venus de leur haut-parleur interne.
D'un point de vue de fabrication, les ordinateurs Commodore s'avèrent fiables et solides, en dépit de leur prix modique. La plupart d'entre eux ont tenu des années durant sans tomber en panne, et lorsque c'était le cas, les réparations pouvaient le plus souvent être faites par l'utilisateur lui-même. Mieux que tout autre, le Commodore 64 permet d'associer une même machine à toutes les évolutions majeures que la micro-informatique grand public a connues dans les années 80.
IV. Le C128 : la succession.
Commodore présente en 1984 le SX-64, un ordinateur portable très attrayant et plutôt bon marché, équipé d'un clavier détachable, d'un lecteur de disquette et d'un écran 5 pouces couleur. Le SX-64 n'est pas équipé de batteries, il faut le brancher sur le secteur, mais pour l'époque, c'est une sacrée machine. Aujourd'hui, il s'avère très prisé des collectionneurs. A sa sortie il ne connaît pas la popularité du C64, mais sa compatibilité avec ce dernier le fait apprécier des voyageurs aisés qui possèdent déjà un C64, comme par exemple les présidents de groupes d'utilisateurs qui se rendent à des concentrations dans toute l'Europe.
En 1985, Commodore sort le magnifique Commodore 128, basé sur un CPU 8502, qui propose deux modes d'affichages différents, 40 ou 80 colonnes. Bien sûr il est compatible avec la logithèque du C64 en mode 40 colonnes, mais il rend possible l'utilisation d'applications 80 colonnes qui hélas s'avèreront assez rare (à noter que ce scénario fut répété pour le MSX2). L C128 possède 128Ko de RAM, le Basic version 7.0, un pavé numérique, et un lecteur de disquette, le 1571. En clair, il rattrape toutes les faiblesses du C64, et apporte un surplus de polyvalence. Le lecteur de disquette d'origine est un 5 ''¼ qui lit des disquettes de 360 Ko, mais Commodore commercialisera par la suite un lecteur 3 ''½, le modèle 1581, qui à une capacité de stockage de 800 Ko sur une disquette. Le C128 peut utiliser le moniteur couleur prévu pour le C64, ainsi que son lecteur de disquettes, bien que pour profiter de ses capacités de stockage et de sa vitesse de lecture, l'achat du 1571 ou du 1581 s'impose. De plus, même si un téléviseur est toujours utilisable pour l'affichage, seul le nouveau moniteur prévu pour le C128 peut afficher le mode 80 colonnes. Les disques durs sont à cette époque rares et coûteux, et la plupart des logiciels pour C128 seront distribués sur cassette ou disquette.
Durant la deuxième moitié des années 80, ce sont non pas des centaines mais des milliers de titres pour C64 et C128 qui sont édités, mais hélas bien peu tirent parti de la supériorité du C128 sur son grand-frère, les développeurs préférant ratisser le plus large possible. Quelques application de type tableur, traitement de texte, ou langages de programmation seulement, exploiteront le mode 80 colonnes et les 128 Ko de RAM, ainsi que des programmes de télécommunication via modem. Ces derniers intéresseront de près les professionnels des réseaux distants qui développeront largement l'utilisation du modem, permettront l'apparition de modems de plus en plus sophistiqués pour C128, les modèles 1600, 1650, 1660, 1670 et 1680, sans qui les réseaux distants, et donc Internet, ne seraient peut-être pas ce qu'ils sont aujourd'hui.
V. Le Commodore 64c : Le C64 n'est pas mort.
Vers 1987, Commodore lance le Commodore 64c, une version épurée et plus attractive du C64. Les lecteurs de disquette 1541c et 1541-II sont aussi commercialisés.
Beaucoup ne le savent pas, mais les ordinateurs Commodore ont littéralement changé la vie de certaines personnes. Dans les années 80 des C64 sont utilisés à des fins pédagogiques et thérapeutiques sur des handicapés mentaux, des paraplégiques, des enfants attardés ou même des alcooliques et drogués en phase de désintoxication. Certains ont pu bénéficier d'une formation de dactylographie ou de programmation, et ont pu en retirer l'opportunité de trouver du travail. Beaucoup de ceux qui ont joué un rôle important dans l'histoire de la micro-informatique de la fin du siècle ont débuté sur des Commodores, ce qui prouve qu'ils sont les meilleurs supports pour apprendre, d'autant qu'à cette époque, les ordinateurs ne nécessitent pas de remises à jour incessantes, de réinstallation et ne plantent que très rarement au point qu'il soit nécessaire de rebooter. L'utilisateur passe donc moins de temps à se battre avec sa machine, et l'usage qu'il en fait est constructif et non stressant.
Dans la deuxième moitié des années 80, les ordinateurs Commodore commencent à subir durement les effets du piratage, qui se développe de plus en plus, encouragé par les prix élevés des logiciels. Heureusement, les éditeurs mettent au point des protections difficiles à contourner, notamment des clés matérielles de protection, et certains logiciels passent au travers. Cependant, on peut aujourd'hui dire que le piratage est la principale cause de la disparition progressives des logiciels développés pour Commodore 64 et 128.
VI. Le GEOS : Une gifle pour Apple.
Alors que Commodore commence à perdre du terrain, une société du nom de Berkeley Softworks crée un nouveau système d'exploitation pour C64 appelé GEOS (Graphical Environment Operating System) basé sur une interface graphique utilisateur (GUI), et l'utilisation d'une souris, qui obtient un gros succès et redonne une jeunesse au C64. GEOS est livré avec les logiciels GeoWrite et GeoPaint, exactement comme MacWrite et MacPaint pour Macintosh, mais pour un prix bien inférieur à celui du pack Apple, le C64 étant plus avancé sur l'affichage de graphismes en couleur. Les performances de GEOS et de sa suite logicielle sont étonnantes, et rivalisent avec ce que l'on peut faire sur Mac, ce qui est un pied-de-nez à Apple, compte-tenu des faible capacité du C64 en RAM et en stockage. Microsoft aussi pourrait prendre bonne leçon du travail effectué par les programmeur de Berkeley.
VII. Le Commodore 128d : La guerre ouverte.
Sorti en 1987, le C128d a plutôt bien marché. Il se base sur le C128, équipé d'un lecteur de disquette 1571, avec la possibilité de poser le moniteur directement sur l'unité centrale. L'idée de ce design hérité des PC "Desktop" est surtout d'en faire une machine moins encombrante que le C128, et plus jolie à regarder. Le C128d possède les dernières versions des circuits interne de Commodore, et à une mémoire vidéo supérieure. Il s'agit d'un des 8-bits le plus performants jamais produits, même si les velléités de réduction d'encombrement du constructeur sont sabordées par les nombreux câbles de connexion nécessaires au fonctionnement de la bête.
On vit alors une époque d'intense créativité en matière de micro-informatique. Les salons sont chaque année bourrés de stands de toutes sortes de marques, présentant des machines variées, cherchant à cibler une part de marché encore inexploitée. Commodore n'est pas en reste, et par sa compétitivité, oblige Atari et Apple à revoir sans cesse ses prix à la baisse. On est encore loin de l'hégémonie de Microsoft et IBM, même si déjà certains réclament une uniformisation. Beaucoup de constructeurs qui produisent sans cesse de nouvelles machines, c'est bien, mais si elles étaient compatibles entre elles, ça serait encore mieux. Ceci-dit, il faut se souvenir des prix exorbitants auxquels furent commercialisés certains appareils au début des années 80 (exemple, 15.000 f pour un Apple 2c en 1983), et sans ce foisonnement et cette guerre des prix, la micro-informatique ne se serait pas démocratisé comme elle l'a fait par la suite.
A la fin des années 80, Commodore, comme tous ses concurrents, subit de plein fouet le retour des consoles de jeu amorcé par Sega et Nintendo. Les consoles, bien que d'usage plus limité sont plus simples que les ordinateurs, et réduisent le choix de l'acheteur à un nombre limité de standards différents. Les ventes de Commodore chutent, d'autant que si la société n'a de leçon à recevoir de personne en matière d'innovation technologique, la promotion de ses produits n'est pas son fort.
VIII. Le Commodore Plus 4 : Les bides de Commodores.
Tous les ordinateurs Commodore n'ont pas connu le succès. Certains sont restés dans l'ombre, non pas qu'ils aient été inintéressants, mais simplement parce qu'ils n'arrivaient pas au bon moment, n'avait pas leur place sur le marché. C'est le cas du Commodore Plus 4, dont le projet à été lancé à l'époque ou le C64 faisait un tabac. Le Plus 4 est un ordinateur de petite taille, qui a l'originalité d'être muni d'applications résidentes, mais hélas, il n'est pas compatible avec la ludothèque du C64, et beaucoup de développeurs sont frileux à l'idée de travailler dessus. Parmi les autres laissés pour compte de la gamme 8-bits Commodore, signalons le Commodore 16, le B-128, ainsi que le lecteur de disquette SFD1001 et d'autres périphériques.
IX. Le Commodore Amiga 500 : Le chef-d'œuvre et le declin.
En 1985, Le plus gros effort de développement jamais observé chez Commodore est le travail réalisé sur l'Amiga, un projet initié par la petite société du même nom que Commodore a rachetée (voir article sur Jay Miner). Très proche du C128 dans son aspect extérieur mais infiniment plus puissant, l'Amiga est un ordinateur 16-bits basé sur un CPU Motorola 68000, qui équipe déjà les Macintosh, et qu'Atari vient d'adopter pour son projet concurrent, le 520 ST. L'Amiga surclasse cependant ses pairs par ses possibilités incroyable en matière de graphisme, de son, de multi-tâches, et par sa simplicité d'utilisation. Beaucoup de possesseurs de C64 et C128 n'hésitent pas à l'acquérir dès sa sortie, conscients du potentiel inimaginable de la machine. L'Amiga fait à ses débuts les frais d'une logithèque peu fournie. C'est un ordinateur complètement nouveau qui tire un trait sur toute la gamme précédente de Commodore, alors que le PC, qui commence à devenir une valeur montante, repose sur des bases logicielles vieilles de 5 ou 6 ans avec le DOS de Microsoft. La chute de Commodore, qui est proche, doit son explication a un manque de dynamisme en matière de marketing, couplé à une compétition féroce. Commodore n'est pas préparé pour une course sur un marché grand public. Son management est vieillissant, et ses méthodes de travail reposent sur des habitudes datant de l'époque où la micro-informatique était une grande famille, un monde ou plusieurs systèmes pouvaient trouver leur place. L'Amiga arrive dans une période l'ordinateur tient dans les foyers une place comparable à celle du magnétoscope, avec la standardisation que cela implique. Cette évolution, les constructeurs l'ont voulue, désireux d'expansion, et beaucoup n'y ont pas survécu.
A la fin des années 80, Commodore tente de s'introduire sur le marché des compatibles PC avec les PC-10, PC-20, Colt, et même le NoteBook 286, un organiseur personnel, mais ces machines ne rencontrent qu'un maigre succès. Commodore se lance alors dans la production d'une incroyable console de jeu basée sur un lecteur de CD-ROM/CDV appelé le CDTV, cousin du CDi de Philips, qui sera suivi du système CD-32, une console basée sur l'architecture de l'Amiga et équipée d'un lecteur de CD, qui est la première fonctionnant de la sorte, bien avant les Playstation et Dreamcast. Ces produits auraient pu marcher si Commodore n'avait pas fait faillite entre temps. Bien après cette disparition commerciale, la fidélité des utilisateurs d'Amiga ne s'est jamais démentie, cas unique dans les annales. S'identifiant totalement à leur machine, ceux-ci refusent de l'abandonner. Alors que Windows 98 est déjà sorti, des magazines spécialisés Amiga continuent de sortir et d'être lus, des jeux continuent d'être développés (surtout des jeux de plate-forme), et font la nique aux adaptations sur PC qui devrait être cent fois meilleures, grâce à la maîtrise totale de l'Amiga qu'ont acquis les programmeurs au fil des années.
De nos jours, on trouve encore sur Internet et dans certains pays des Amiga à vendre, surplus des stocks de l'époque de leur sortie. Sur Internet, la nostalgie bât son plein, et des émulateurs pour PC sont développés. Bien qu'infiniment plus puissant, le PC d'aujourd'hui est une machine si impersonnelle (il n'y en a pas deux identiques) que certains ex-possesseurs de C64 ou d'Amiga n'y voient qu'un moyen de faire revivre leur machine chérie en correspondant avec d'autres nostalgiques, la chose étant facilitée par la petite taille des logiciels pour C64 et Amiga qui les rendent aisément téléchargeables. Le phénomène est comparable aux groupes d'utilisateurs du C64. Certains ont même développés des programmes permettant sur un PC d'écrire des disquettes au format C64, et ont ressorti des placards leur vieille machine pour jouer directement dessus. A noter que la société Creative Micro Designs produit toujours des composants pour ordinateurs Commodore, et développe pour eux des logiciels. CMD édite même un magazine, appelé Commodore World, qu'on trouve chez les marchands de journaux à côté de LoadStar et Commodore Gazette pour l'Angleterre, et Amiga Dream pour la France.
La société Gateway 2000 possède les droits de l'Amiga et prépare de nouveaux logiciels, périphériques et systèmes d'exploitation, en vue d'une renaissance basée sur une architecture interne comparable à celle du Power PC. Internet joue un rôle essentiel dans la survie des anciens systèmes, en tant qu'outil de communication et de vente par correspondance. Alors qu'avant la nostalgie d'un système obsolète était localisée à un seul pays, elle devient internationale aujourd'hui, et peut devenir dans certains cas un marché renaissant de ses cendres. Il faut savoir qu'il est tout à fait possible de surfer sur Internet avec un Amiga, et même avec un Commodore 64, des fans bricoleurs s'étant chargé de rendre la chose possible.
Alors, Commodore fait-il partie du passé ou de l'avenir ? A vous de répondre, fans du monde entier.