Journée exceptionnelle :
Ecran Noir vous offre a l'occasion des sorties au cinéma de MOTHER INDIA et de LA FAMILLE INDIENNE, 4 places pour la projection de ces 2 grands classiques du cinéma Bollywood et des surprises (danses, chants, animations, accueil Lassi et snacks offerts, traiteur indien, décoration et ambiance Bollywood) au Trianon, Paris 18e, le 31 mai 2004 de 14hg à minuit !
DE plus Carlotta Films vous offre 10 places pour La Famille Indienne (sortie le 26 mai), et 10 places pour Mother India (sortie le 9 juin).
Inscrivez-vous vite à notre newsletter pour participer aux concours.
BOLLYWOOD, Univers impitoyable
17 février 99
5 milliards de spectateurs. 620 films produits dans l'année. 750 magazines de cinéma. Le cinéma en Inde est une industrie plus que vénérable. Au point que Bombay (désormais appelée Mumbai) se surnomme Bollywood.
Il n'y a pas qu'Astérix qui essaie de résister encore et toujours à l'envahisseur américain. Le problème du cinéma indien c'est que 96% de sa production est inexportable (à part dans les vidéos clubs des quarties hindous des métropoles occidentales). Et surtout les studios américains commencent à prendre conscience d'un marché fortement cinéphile.
Etat du cinéma indien
En 90, 950 films indiens sont sortis des studios de Bombay, Madras ou Hyderabad, le Cannes local. En 98, le chiffre est tombé à 615. Sur les 115 films produits à Bollywood en 97, seule une poignée (5%) ont été profitables. La tendance s'est confirmée en 98 (38 flops sur 42 sorties). Presqu'un million de personnes travaillent dans le cinéma en Inde.
Cette crise latente condamne le star-system sur lequel toute l'économie cinématographique est basé. Mais l'industrie demande aussi que de vrais scénaristes s'attèlent à l'écriture de films un peu répétitifs... Le public deviendrait exigeant.
La lassitude du public provient d'une part de la paresse des producteurs à ne jamais vouloir remettre en question la recette de leurs films. Mais en Inde, l'apparition des chaînes satellites, du cable, de la vidéo a bouleversé les habitudes de consommation. La télévision a fait chûter les recettes du cinéma. Classique.
Les films n'ont plus le droit d'être mauvais. Les stars n'amènent plus systématiquement leurs fidèles en salles. Toute l'industrie est fragilisée par ces flops à profusion. Les films de série B et C sont les premiers touchés.
Côté académique, depuis la fin de l'ère de Satyajit Ray (mort en 92), seule Mira Nair a repris le flambeau et semble investie d'une reconnaissance internationale (dans les festivals avec Salaam Bombay ou dans les Box Office avec Kama Sutra).
Hollywood menace
Au début, tout au début, les studios d'Hollywood ont consenti à verser 70% des recettes aux distributeurs indiens. Pour Hollywood c'était un test: savoir si le public serait réceptif. En Inde, seul 5% des films diffusés sont étrangers. Et rien n'a inversé la tendance.
Si ce n'est la faiblesse du cinéma indien lui-même. En pleine crise, et tandis que le pays s'occidentalise rapidement, les spectateurs commencent à se lasser des productions nationales.
Là aussi l'effet Titanic a été phénoménal. Il arrive au moment où le cinéma indien se porte au plus mal. Les conséquences risquent donc d'être dévastatrices. Titanic a été un carton, même dans les coins les plus reculés du globe comme la Chine. L'Inde n'a pas été épargnée. En quelques mois, il a battu Jurassic Park (premier film US doublé en hindi, en 94) dans sa version sous-titrée uniquement. On parle là d'un Box Office total cumulé de plus de 11 millions de $. Un record. Et une porte grande ouverte pour les films américains. Hollywood ne cherche qu'à conditionner le public pour imposer ses histoires, ses stars, ses effets spéciaux. De quoi mettre en péril tout Bollywood. On imagine surtout le potentiel: le pays le plus peuplé du monde, après la Chine, mais plus cinéphile que n'importe quelle peuple au monde.
Moindre mal. Mais les distributeurs ne peuvent que souhaiter l'invasion américaine. Face à la défaillance du cinéma national, les films américains mettent du tonus dans le circuit. Même si les "english films" sont projetés dans 1000 salles, sur 14 000 en Inde. Les salles, pour éviter le piratage, sortent les hits comme Zorro le jour même de la sortie américaine. Les films étant en anglais, ils sont réservés aux grandes villes. Et les scripts imaginés à Hollywood, à base d'extra terrestres ou de romance shakespearienne ne sont pas forcément au goût d'un peuple habitué à d'autres traditions.
Le mal est donc enfermé dans certaines poches urbaines, de toute façon fortement ouverte sur le monde, par le biais de l'informatique ou d'industries multinationales. A Delhi, Mumbay ou Madras, Nike, Coke, MTV se répandent dans la consommation quotidienne. Les satellites apportent la bonne parole mercantile et capitaliste. De quoi changer les désirs d'une jeunesse mouvante...
Le cinéma français marginal
Faiblement représenté, les rares hits sont d'aspect hollywoodien (Besson) ou à connotation érotique. Les derniers hits remontent aux années 70, avec l'ère des Charlots. L'ambassade de France à Delhi essaye de faire prendre conscience aux producteurs français de l'importance du marché, et donc des enjeux audiovisuels de l'Inde. La France n'a pas les moyens ni la taille d'ignorer un tel pays.
Pendant que les Américains investissent du temps et de l'argent pour pénétrer le marché, les européens en général restent timides. Le dernier Festival de Calcutta ne présentait qu'un film français (En attendant la neige d'Antonio Olivares) dans sa sélection (contre 8 américains dont X-Files, les Misérables...), en plus d'une rétrospective Bernard Bresson. Un Air de Famille a été projeté au prestigieux Festival d'Hyderabad, 2 ans après sa sortie française aux côtés des Palmes de Mr. Shutz.
On notera qu'Unifrance n'a pas mentionné l'événement d'Hyderabad (10-20 janvier 99) dans son calendrier on-line.
La contre-attaque pour résister
Pendant ce temps là l'industrie hindoue s'organise. Les producteurs veulent continuer de contrôler le cinéma du pays, et donc les images véhiculées. Il s'agit donc d'assainir le milieu, d"arrêter de produire des films coûteux et sans public, de rduire les salaires et avantages des stars, pusique celles-ci ne sont plus une garantie au Box Office. Comme à Hollywood, Bollywood veut diminuer ses coûts, et donc son volume de production. Mais alors qu'Hollywood se focalise sur l'expansion internationale, Bollywood persévère à vouloir faire le plein dans le pays.
Il faudrait aussi que cette industrie soit crédible; artistiquement les films ne se fondent sur aucun script valable, selon les critères occidentaux. Mais pire ces sociétés de divertissement n'existent pas pour l'Etat (aucune légitimité officielle) et donc pour les banques. Ce qui a conduit beaucoup de boîtes de prod à déposer le bilan avec la crise actuelle.
Rêves. Le cinéma indien a pourtant de beaux espoirs pour faire rentrer de l'argent ou se faire connaître et apprécié, bref pour connaître un jour sa Nouvelle Vague.
Outre Mira Nair, citée plus haut, des cinéastes n'hésitent pas à quitter l'Inde pour tourner en Occident. Parmi eux, Shekhar Kapur, réalisateur du flamboyant et coloré Elizabeth. Il est l'un des premiers à établir cette paserelle entre les genres, entre sa culture et le cinéma américano-européen. Son film Bandit Queen, drame indien, a connu un beau succès critique dans le monde en 94-95.
Et puis il y a cette folie de Ramoji.
Citizen Ramoji
Ramoji Rao est milliardaire. A une heure de voiture d'Hyderabad, il a fait construire le plus grand studio de cinéma du monde, à ciel ouvert, en altitude, Ramoji Film City (RFC). Une véritable ville dédiée au cinéma. Un travail colossal pour faire émerger un studio idéal. Et envorion 600 millions de francs de dépenser (et 6 000 employés à payer). Tout y est "nec plus ultra". la technologie est dernier cri. Tout vise à faire de Ramoji, une capitale du cinéma. En Asie, il n'y aucun autre endroit aussi bien équipé.
Pour l'instant on y tourne des spots de pubs (BMW). ce qui ne remplit ni l'hôtel, ni le carnet de commandes. Un studio aussi vaste peut attirer 20 tournages simultanément... En pleine crise du cinéma indien, on parle donc de folie, d'illusion. D'autant que les studios de Madras et Mumbay sont très concurrentiels. Beaucoup de producteurs ruinés ou financièrement fragiles n'ont pas les moyens de se payer le luxe de RFC. Ceux de Mumbay n'ont pas déserté Bollywood comme prévu.
Espoir ou illusion?. Avec des employés non syndiqués, un territoire sur-protégé, l'absence de paparazzi et de boîtes de nuits, RFC ne comporte pourtant que des avantages pour les producteurs. Les stars sont plus aptes à travailler, moins capricieuses, et les grèves sont impossibles. Mais tous ces "plus" n'ont pas séduit les Hindous, Tamouls ou Télougous.
Seuls des producteurs étrangers pourraient être intéressés par ces infrastructures. Alors Mr Ramoji se vante d'avoir eu la visite de personnalités importantes venues d'Hollywood (le producteur Roger Corman par exemple). Ce serait un compétiteur direct à Pinewood, Cinecitta, Berlin ou Madrid... Avec des coûts slashés de 50%, un producteur peut s'offrir des milliers de figurants pour pas cher, comme en Europe de l'Est ou au Maroc.... Même le Parc d'attraction à la Universal Studios est prévu.
Ramoji Film City ressemble pourtant plus à un gigantesque décor de film indien qu'à un puzzle de décors occidentaux. Idéal pour les productions locales. Mais les producteurs indiens préfèrent y voir un lieu de rêve pour les occidentaux, dont l'argent rejaillirait sur l'industrie nationale entière.
Dans tous les cas, cela signifie que l'Inde a décidé de pactiser avec le diable Hollywood: pour remplir un studio-symbole, pour remplir les salles de cinéma, pour compenser le déclin de son cinéma, etc... Le cinéma de Bollywood accepte la présence américaine sous toutes ses formes, pour de multiples raisons. Quitte à le regretter.
FilmIinda.com
Calcutta Film festival
International Film Festival of India
|