VEAU, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1120
vedel « petit de la vache jusqu'à un an » (
Psautier Oxford, éd. Fr. Michel, XLIX, 10); 1
remoit.
xiies.
veel «
id. » (
Psautier Cambridge, éd. Fr. Michel, XXI, 12); fin
xiies.
veau (
Conon de BÉthune d'apr.
Lar. Lang. fr. cette attest. n'a pu être vérifiée); mil.
xves. (
Evangile des quenouilles, éd. M. Jeay, 1841, p. 128); d'où
a) ca 1170
veel d'or « idole en or, représentant un veau, adorée par les Hébreux, alors que Moïse était sur le mont Sinaï » (
Rois, éd. E. Curtius, III, XII, 29, p. 142); 1485
veau d'or (
Myst. Vieux Testament, XXIX, 25482, éd. J. de Rothschild, t. 3, p. 355); 1690
id. « symbole de richesse » (
Fur.);
b) ca 1225
cras veel « veau engraissé pour être mangé »
occire le cras veel « faire un régal pour fêter le retour de quelqu'un » (
Gautier de Coinci,
Mir. de N.D., éd. V. F. Kœnig, I
Mir 10, 1616); 1640
faire tuer le veau gras «
id. » (
Oudin Curiositez);
c) 1396
viaul de lait « veau qui tête encore sa mère » (10 mars,
Invent. de meubles de la mairie de Dijon, A. Côte-d'Or ds
Gdf. Compl.); 1660
veau de lait (
Oudin Esp.-Fr.);
d) fin
xves.
hurler comme ung veau (
Le « Mystère de la Passion » de Troyes, éd. J. Cl. Bibolet, t. 1, 3905); 1531
rire comme un veau (
Rabelais,
Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, III, 27); 1606
pleurer comme un veau (
La Rencontre merveilleuse de Piedaigrete avec maistre Guillaume, 6 (s.l.) ds
Quem. DDL t. 19);
e) 1532
veaul de disme « gros lourdeau » (
Rabelais,
op. cit., IX bis, 92); 1872
veau de dîme « veau très gras, qui était choisi de préférence pour payer la dîme aux églises » (
Littré);
2. a) 1205-50
parchemin de veel « parchemin fait avec la peau tannée et corroyée du veau ou de la génisse » (
Renart, éd. E. Martin, XXIII, 1141);
b) 1462
peau de veau (
Villon,
Testament, éd. L. Thuasne, 698); 1537
en veau (B.
Des Périers,
Cymbalum mundi, Dialogue Premier ds
Œuvres françoises, éd. L. Lacour, t. 1, p. 318);
3. 1480-90 « viande de cet animal utilisée pour l'alimentation »
un beau pasté de veau (
Guillaume Coquillart,
Monologue des Perrucques, 69 ds
Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 321);
cf. 1585
un grand plat garny de bœuf, mouton, veau, et Lard (N.
Du Fail,
Contes et discours d'Eutrapel, XXII ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 2, p. 162);
4. 1480 fig. et fam. « personne niaise, paresseuse ou encore indolente et veule »
ung sot ou ung veau! (
Guillaume Coquillart,
Nouveaulx Droitz, 154, p. 136);
cf. 1485
A! que tu es veau (
Myst. Vieux Testament, XLIII, 46332, t. 6, p. 89); 1654
étendu comme un veau (
Scarron,
Virgile travesti, éd. V. Fournel, III, p. 143);
5. 1538 zool.
veau de mer (
Est.); 1562
veau marin (
Du Pinet, trad.
Hist. du monde de C. Pline Second, Lyon, Cl. Serreton, livre IX, chap. 13, t. I, p. 346; livre XI, chap. 37, t. I, p. 446);
6. a) 1551 « partie d'un champ labouré que le soc de la charrue n'a point atteint »
les mottes ou veaus et lieus non labourés (
Cotereau,
Colum., II, 4 ds
Gdf. Compl.); d'où 1842 « partie d'un champ où le blé n'a pas poussé » (
Ac. Compl.); actuellement région. (
FEW t. 14, p. 546a);
b) 1701 « chute, déchet de bois qu'on enlève » (
Fur.);
7. a) 1901 arg. « cheval qui court très mal » (arg. de Saint Cyr et des turfistes d'apr.
Esn. 1966);
b) 1919 « hydravion, c'est-à-dire lourd et massif appareil » (E.
Vedel,
Quatre ans de guerre sous marine, Paris, Plon Nourrit, p. 302); d'où 1935 « voiture qui manque de reprise; moteur poussif » (
Simonin, J.
Bazin,
Voilà taxi! p. 223). Du lat. class.
*vĭtellus « petit veau » moins usuel que
vĭtŭlus « veau ».