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Quelle a été votre réaction à ces prix ? Qu'est ce que cela représente pour vous ?
Myroslav Slaboshpytskiy : Sauf erreur de ma part, c’est la première fois qu’un film ukrainien participe à la Semaine de la critique et gagne trois prix du premier coup depuis l’indépendance il y a 24 ans. Je suis très heureux, c’est incroyable pour moi. C’est une expérience unique. J’espère que ce sera plus simple par la suite car j’essaie de ne pas faire des films formatés pour la télévision. Je veux tourner ce dont j’ai envie, ce qui m’intéresse. C’est pour cette raison que j’ai assez peu tourné dans ma carrière. Si vous voulez être réalisateur indépendant, c’est toujours difficile de défendre ses droits, de trouver des aides, des financements.
Comment est venue cette idée de tourner en langue des signes et est-ce que cela a été compliqué de financer le film ?
Cette idée de tourner le film en langue des signes est apparue il y a 20 ans. Je trouve que c’est très cinématographique. J’ai fait un court-métrage qui s’appelle "Deafness", qu’on peut trouver sur Internet. Il a connu un certain succès, il est allé à la Berlinale et dans d’autres festivals. C’était une expérience de storytelling. J’ai donc essayé ça.
En 2010, j’ai reçu l'aide d’une fondation, qui nous a donné la chance de tourner ce long métrage.Les sourds et muets ne représentent que 1% de la population mondiale. Ca a été très difficile de trouver des acteurs. On a trouvé 300 personnes pour le casting. On a essayé beaucoup de choses. On a choisi de beaucoup tourner pour essayer.
Le film est très violent, très dur. Une scène du film en particulier a suscité beaucoup de réactions, spoiler: une longue scène d'avortement. Pourquoi montrer cette violence et que cherchez-vous à provoquer avec une scène comme celle-ci ?
Je suis fier de la séquence de l’avortement. Bien sûr, on peut discuter, a-t-on le droit de montrer cette scène ou pas... Je me considère comme David Copperfield, car c’était très difficile techniquement, mais l’épisode dans le film est absolument parfait d’un point de vue technique. Ça dure 8 minutes. J’en suis content et fier.
En ce qui concerne la violence, le cinéma existe depuis plus de 100 ans, on télécharge des tonnes et des tonnes de films sur Internet, on regarde tout ce qu’on veut, et c’est très difficile de toucher le cœur d’un spectateur, car des gens créent des mondes qui n’existent pas, avec des moyens techniques sans limites.
C’est très difficile d’accéder au public. J’ai beaucoup discuté avec des critiques de cinéma français sur la question de l’universalisme. On dit que l’humour est universel : des blagues françaises ou allemandes sont bien sûr différentes, mais on rigole quand même de choses similaires. Des critiques ont dit que c’était une histoire universelle qui n’a pas besoin de traduction. Moi, je pense qu’on baise, on souffre et on meurt. Tout le monde fait ça de la même façon. C’est quelque chose d’universel, baiser, souffrir et mourir.
La bande-annonce de The Tribe :