Jennifer Lawrence est sûrement une des comédiennes américaines les plus douées de sa génération. En 2013, à seulement 23 ans, elle remportait l'Oscar de la Meilleure actrice pour sa performance dans Happiness Therapy. Devenue une superstar mondiale grâce à la saga Hunger Games, elle multipliera ensuite les nominations avec Winter's Bone, American Bluff ou encore Joy.
Très investie dans ses rôles, l'actrice n'hésite jamais à pleinement s'impliquer dans ses personnages. C'est le cas dans Mother, long-métrage de Darren Aronofsky sorti en septembre 2017. Celle que l'on surnomme JLaw y campe une jeune femme soucieuse de son bonheur conjugal.
Cette dernière a voulu faire de sa maison un paradis en soignant la décoration dans les moindres détails. L'existence tranquille et parfaite du couple est bouleversée quand un homme frappe à la porte. Pour le mari (Javier Bardem), rien de plus naturel que de l'accueillir pour la nuit. La vie du couple va en être bouleversée.
Thriller psychologique intense et cauchemardesque, Mother a divisé la critique et le public lors de sa sortie. Durant la promotion du film, Jennifer Lawrence n'hésitait pas à raconter les coulisses du tournage, qui s'est avéré extrêmement compliqué pour la jeune comédienne.
Une noirceur angoissante
"J'ai dû aller bien plus loin dans la noirceur que durant toute ma vie", a-t-elle confié au magazine Vogue en septembre 2017. En raison de scènes harassantes et pénibles à tourner, elle multiplie les crises d'angoisse, hyperventilant au point s'évanouir et de se fêler une côte.
"Il y a une scène en particulier qui m'inquiétait depuis longtemps. Je devais jouer un personnage d'une noirceur inouïe, c'était monstrueusement triste. Une fois la séquence terminée, je me suis évanouie. Je me suis déchiré le diaphragme, et après ça, je n'arrivais plus à respirer normalement."
J'ai dû aller bien plus loin dans la noirceur que durant toute ma vie.
Cet incident oblige la production à stopper le tournage pour laisser à la jeune comédienne le temps de se remettre. Cependant, le réalisateur Darren Aronofsky, compagnon de Jennifer Lawrence à l'époque, ne l'entendait pas de cette oreille. "J'avais des tubes à oxygène dans les narines, et Darren dit : 'C'était flou, on doit recommencer'. Et je lui ai répondu : 'Va te faire foutre !'", a révélé l'artiste.
Pour le cinéaste à qui l'on doit notamment Requiem For A Dream ou Black Swan, il s'agissait d'une occasion unique de capturer la violence de la scène, au détriment de la santé physique et mentale de Jennifer Lawrence. Ce dernier a quand même dû se rendre à l'évidence et laisser la comédienne se rétablir.
Paramount
"Nous lui avons laissé le temps de se remettre. Le fait est qu'elle a pensé à cette scène bien trop longtemps, et que cela lui est monté à la tête. Les émotions l'ont submergée et j'ai vu ce qui se passait - parce que j'ai de l'expérience - et j'ai pu placer la caméra au bon endroit", expliquait le cinéaste dans les colonnes de The Guardian.
Nous lui avons laissé le temps de se remettre. Le fait est qu'elle a pensé à cette scène bien trop longtemps, et que cela lui est monté à la tête.
"À l'origine, le plan était sur son dos et j'ai tout retourné, je l'ai laissée récupérer et j'ai dit : 'Mettez la caméra sur son visage, tout de suite', parce que c'est le genre d'émotion qu'on ne voit jamais, au grand jamais. Elle a un tel talent naturel, brut. C'est une actrice très courageuse et sans limites", a-t-il souligné.
Un réalisateur obsessionnel
Toutefois, le tournage était tellement éprouvant pour Jennifer Lawrence que la production a été contrainte de mettre une "happy place" à la disposition de l'artiste. Au programme : l'émission de la famille Kardashian et des bonbons afin qu'elle puisse décompresser et se remettre des émotions liées à son personnage.
Selon Mickey Rourke, qui a tourné The Wrestler pour Darren Aronofsky, le réalisateur aime pousser son public à bout... mais aussi ses acteurs. Le comédien le décrit comme "un gangster à l'ancienne". Il a la réputation d'être combatif et obsédé par le contrôle, "brisant" ses comédiens afin de les pousser à une interprétation extrême.
"Il ne s'agit pas de les briser. Ils se brisent eux-mêmes. C'est un jeu. Je suis donc toujours à la recherche d'acteurs qui veulent retrousser leurs manches, se laisser aller et pleurer. Javier Bardem n'a pas peur de pleurer, il est prêt à tout. Jennifer, c'est tout à fait la même chose, elle savait qu'elle allait devoir faire face à de grandes émotions", s'est justifié Aronofsky.
Il ne s'agit pas de les briser. Ils se brisent eux-mêmes. C'est un jeu.
Malgré cette expérience traumatisante, Jennifer Lawrence estime que Mother est un chef-d'oeuvre : "Quand j'ai lu le scénario, j'étais choquée, j'ai jeté le script par terre, je lui ai dit qu'il souffrait de problèmes psychologiques ! Mais le film est un chef-d'oeuvre. Le plus étonnant, c'est qu'il peut être compris d'un million de manières différentes", a-t-elle confié au Parisien en 2017.
Bestimage
Une muse éphémère
Toutefois, le projet Mother aura eu raison du couple Aronofsky-Lawrence au bout d'un an de relation. Après le tournage, les deux artistes ont dû assurer la promotion du film à travers le monde. Cette étape a aussi été un cauchemar pour JLaw en raison du comportement du réalisateur, obsédé par les articles et critiques sur Mother.
"Quand on se retrouvait à l'hôtel, la dernière chose dont je voulais parler, c'était le film. Mais lui, il revenait sans cesse dessus, il n'arrêtait pas d'en parler. Je comprends, il l'a écrit, il l'a conçu, il l'a réalisé", affirmait-elle dans les colonnes de Variety en novembre 2018.
"J'avais envie d'être une partenaire à l'écoute mais il commençait à me lire les avis et je me disais : 'Ce n'est pas sain parce que je sais que si je commence aussi à les lire, je vais être sur la défensive'. Surtout quand ça concerne mon homme", a-t-elle indiqué.
Depuis, Jennifer Lawrence a rebondi, notamment dans des rôles plus légers, comme dans Don't Look Up ou Le Challenge. On la retrouvera prochainement dans Die, My Love aux côtés de Robert Pattinson. Dirigé par Lynne Ramsay, le long-métrage nous emmènera dans la campagne française, aux côtés d'une femme qui se bat contre ses propres démons.
