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80s - Nightswimming

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80s

  • China Girl (Abel Ferrara, 1987)

    **

    C'est inégal mais pas si mal le "China Girl" de Ferrara. Bon, on ne peut pas se tromper sur l'époque de sa réalisation, tous les marqueurs 80's sont là : nappes de synthés avec touches de saxo, tubes hip-hop et rock FM, pochette de Born To Run de Springsteen, scènes de danse physiques, tous muscles dehors, en débardeur, caméra en mouvement, courses devant des grilles éclairées de bleu, reflets de néons dans les flaques d'eau... On finit par s'y faire. Et puis certaines séquences y échappent comme, étonnement, la scène d'amour, assez belle, malgré le cadre sordide de l'appartement délabré (puisqu'il faut se cacher des regards). Quelques raccourcis et facilités mais c'est assez dense (en moins de 90 minutes, alors qu'aujourd'hui, une histoire comme ça serait racontée sur 3 heures) et bien sûr dynamique et fiévreux. La fin est écrite (et par Shakespeare, en plus) mais on se prendrait presque à l'espérer différente lorsqu'elle approche. En tout cas, devant ce cercle infernal, on se retrouve d'autant plus désespéré en se disant que le même scénario pourrait être adapté de nos jours à peu près partout autour de nous.

  • Garde à vue (Claude Miller, 1981) & Le Paltoquet (Michel Deville, 1986)

    ***/**

    J'étais curieux de revoir "Garde à vue" et "Le Paltoquet", deux films qui m'avaient impressionné, ado des années 80 (télévision ou vidéo pour le premier, au cinéma pour le second), deux films aux partis-pris comparables, s'appuyant sur un décor unique (ou presque), cherchant à "faire du cinéma" sur des bases théâtrales, racontant une enquête criminelle, convoquant des stars...
    Le Deville est un peu décevant à la revoyure, son originalité forcenée se retournant contre lui. C'est encore assez plaisant à suivre mais la façon qu'à le cinéaste de placer toutes les trente secondes une "idée" pour amuser, étonner, désarçonner ou mettre à distance devient lassante. Ça finit par n'être qu'une série de trucs de mise en scène, pas désagréable mais trop calculée, à l'image de ces plans qui ne semblent enchaînés que pour mettre en valeur tel mot ou telle expression.
    A l'opposé, la permanence de la force du Miller tient justement à la belle intégration de son parti-pris dans une coulée plus fluide et moins tape-à-l’œil (Miller en assumait, revendiquait même, le côté "commande"). Ainsi les dialogues d'Audiard se succèdent parfaitement, jamais soulignés pour les élever au rang de bon mot mais toujours déroulés dans le naturel des échanges. Le traitement des thèmes abordés (pédophilie, délitement du couple, rapport à la police, différences sociales, doutes sur la culpabilité...) est net tout en préservant les ambiguïtés. Grande interprétation de Serrault et Ventura (et Marchand). Les 4 premiers Miller, c'est pas rien...
  • Au revoir les enfants (Louis Malle, 1987)

    ****

    Très longtemps attendu avant de le revoir, après sa découverte tout jeune, en salle, à l'époque, puis quelques occasions télévisées au début des années 90, il reste un Louis Malle magnifique, très éloigné de l'académisme mémoriel que l'on peut redouter. On n'y trouve aucune facilité de reconstitution, personne n'écoutant par exemple tel discours sur un vieux poste de radio, ni aucun mot d'auteur surligné nostalgiquement. Certes, le cadre strict du collège catholique joue beaucoup mais encore fallait-il s'y tenir, ce que fait la mise en scène, à la fois dure et empathique, calme et énergique, rigoureuse et surprenante, à l'image en fait de cet univers qui contraint en même temps qu'il laisse passer la vie.
  • La Rose pourpre du Caire & Rifkin Festival (Woody Allen, 1985, 2020)

    ***/*

    Revoir par hasard "La Rose pourpre du Caire" après avoir découvert "Rifkin's Festival" et comparer les deux, c'est aussi inévitable qu'en un sens injuste. Mais enfin... Dans le premier, vivent des personnages, dans le second, se succèdent des porte-paroles. Dans le premier, une idée simple est développée en une vertigineuse logique, dans le second, un discours faussement profond débouche sur du banal. Dans le premier, le style est direct, dans le second, l'auteur signale toujours sa présence, même si c'est pour jouer les modestes. Dans le premier, le cinéma descend dans la salle et aide à mieux vivre, dans le second, il surplombe et se laisse tout juste visiter via ses fac-similés, ses Lascaux II.

  • Micki et Maude (Blake Edwards, 1984)

    ***
    Edwards filme l'histoire classique d'un homme pris au piège entre sa femme et sa maîtresse, en allant jusqu'à en faire un bigame, comme Ida Lupino trente ans avant, mais en le poussant bien sûr vers les extrémités burlesques. Dudley Moore excelle dans le balancement entre tendresse et comique, évitant de faire paraître son personnage trop lâche. Amy Irving est bien charmante, une flamme de mystère dans ses yeux éclatants. Quant à Ann Reinking, elle est épatante : d'abord réduite à son rôle de working girl, elle révèle par la suite une grande sensualité puis, à partir de l'annonce, bouleversante pour elle, de sa grossesse, une émotion intense. Dans un rythme assez calme, en plans souvent longs laissant se préciser les rapports, Edwards déroule sa chronique en la secouant de temps à autre de décharges burlesques, imprévisibles et donc très efficaces, puis accélère jusqu'au délire lors de la séquence à rallonge de l'arrivée simultanée des deux femmes toujours ignorantes de la tromperie à la maternité.

  • Highlander (Russell Mulcahy, 1986)

    °
    Revenir vers ses amours d'adolescence est toujours risqué et 36 ans après, Highlander est bel et bien irregardable, sauf à l'étudier pour les signes esthétiques les plus cruellement typiques des années 80 qu'il accumule (de l'imperméable aux persiennes, de la lumière bleue à la séquence érotique devant la baie vitrée, rien ne manque à la liste, sauf le saxophone). La musique, les chansons de Queen en premier lieu, n'est pas plus supportable que la nullité du jeu de Lambert. Tiraillé entre deux économies, celle de la série B et celle du blockbuster fantastique, constamment déséquilibré entre premier et second degré, piochant ça et là (de Terminator à Sacré Graal !) faute de vision personnelle, ne gardant que le pire de la modernité (le tape-à-l'œil) et de la tradition (la naïveté), le film de Mulcahy est ahurissant de bêtise. Il n'y a qu'à voir l'incroyable enchaînement en trois minutes de la révélation de l'immortalité de Mc Leod qui s'auto-poignarde devant la belle légiste, le premier baiser entre les deux, la scène sexuelle, le plan sur les lions au zoo, le dialogue sur l'impossibilité de s'attacher, le retour de la fille chez elle et son enlèvement. Quant à l'action, la mise en scène forcément clipesque ne met pas seulement à mal sa vraisemblance, elle la rend totalement incohérente spatialement parlant. Hideux et risible.

  • Nausicaa de la vallée du vent (Hayao Miyazaki, 1984)

    **
    Quelques dialogues sont un peu trop simples et figent les personnages, et une certaine confusion narrative s'installe à mi-course. Mais ce deuxième long de Miyazaki reste très intéressant en tant que film fondateur de style et de thématiques. Le bestiaire inventé frappe déjà, tout comme la création d'un personnage de jeune fille prenant en main son destin. Primordiale et déjà en place elle aussi, la dimension écologique, parfaitement intégrée au merveilleux semble même, en 1984, en avance.

  • Street Trash (Jim Muro, 1987)

    **
    Fameux film de genre que je découvre avec 34 ans de retard. L'argument mis en avant, celui de la boisson mystérieuse et dévastatrice dès la première gorgée, source de la majorité des moments gores, est comme oublié en cours de route pour revenir sur la fin, signe de faiblesse pour un scénario bien moins souple et travaillé que la mise en scène de Jim "steadicam" Muro. Celui-ci en fait d'ailleurs un peu trop avec sa caméra, cherchant manifestement à prouver, avec ce premier (unique) film, plutôt qu'à assurer une cohérence. L'approche documentaire sur le monde des clochards new-yorkais est régulièrement parasitée par des effets liés au genre horrifique (typiquement, l'agression de la jeune femme par la bande de clodos filmée comme une attaque de morts-vivants : nuit, brume, rictus, postures étranges, bras qui se tendent de nulle part pour saisir la victime...) et par la quasi-transformation du décor déjà si anxiogène de la Grosse Pomme d'alors en ruine post-apocalyptique (le "royaume" du chef de bande). Cet univers terrible et violent, Muro arrive à le faire exister à l'écran en passant avec aisance d'un personnage et d'un lieu à d'autres, malgré les énormités et les trous de l'intrigue, malgré les exagérations de ton et de style. Comme l'utilisation de mélanges de couleurs lors des séquences les plus dégoûtantes, les multiples entorses au réalisme font que le film est plus bizarre que traumatisant, ce qui n'est pas plus mal. 

  • Un enfant de Calabre (Luigi Comencini, 1987)

    ***
    Un beau film de Comencini, qui maîtrisait depuis longtemps le thème de l'enfance au cinéma. Un film au message résolument positif mais dont la sobriété, la justesse et l'émotion éloignent définitivement de toutes ces chroniques faciles et balisées de réussites sportives ou culturelles inattendues. L'un des intérêts ici est d'ailleurs que le père de ce petit calabrais le pousse à étudier, pendant qu'il garde les animaux, alors que le gamin ne veut que courir (pour rêver). Jamais surdramatisé ni encombré de conflits superflus (ce qui n'empêche pas certaines réactions paternelles d'être violentes), le scénario est enrichi par petites touches (le passé communiste du vieil homme soutenant le petit dans ses projets de courses, la naissance du sentiment amoureux) qui donnent une trame serrée mais non contraignante. Comencini parvient même à discrètement nimber d'onirisme certaines interventions. Et comme il termine son film juste après le franchissement d'une ligne d'arrivée pour épargner les effusions convenues, il montre les beaux paysages de Calabre sans effet carte postale mais pour ce qu'ils sont, simplement le cadre de vie des personnages.

  • Maniac (William Lustig, 1980)

    **
    Le film "culte" de Lustig (et de Joe Spinell, acteur, scénariste, producteur) carbure sous deux régimes de mise en scène : l'un extérieur, comportemental, documentaire, à distance, sans fioriture, l'autre intérieur, subjectif, immersif, avec effets. Cette alternance accuse encore la répétition déjà imposée par le scénario, suite de meurtres sanglants (dont seul le mode opératoire varie) entrecoupée par des scènes dans l'intimité schizophrénique du tueur. Cela crée du déséquilibre (et quelques lourdeurs) mais aussi, indéniablement, de la tension, puisque ce procédé de renversement du point de vue s'applique aussi aux victimes. On parcourt les coins les plus cools du New York riant des 80's : plage venteuse, métro crado, appartement trop grand, cimetière brumeux... Joe Spinell en impose, notamment avec son corps prenant tout l'écran lors du meurtre de la prostituée, avec la peau de son visage aussi granuleuse que l'image. La débauche gore finale, autodestructrice, a sa logique, seul moyen d'en finir avec un film qui aura refuser jusqu'au bout de donner l'illusion d'une quelconque intervention salvatrice venant de l'extérieur. Insistant, intéressant, stressant.