Jude Law le dandy vénéneux en vampire moderne sillonnant l'Angleterre en long manteau noir cold wave: l'idée est presque trop évidente tant l'excellent acteur britannique au sourcil toujours inquiet a d'atouts pour ce rôle. La Sagesse des crocodiles, réalisé il y a plus de deux ans (avant donc la gloire naissante de l'interprète d'eXistenZ et Mr Ripley) par un cinéaste de Hongkong, Po-Chih Leong, explore les tourments d'un vampire sentimental en quête d'un amour absolu. Il courtise de jeunes femmes et finit par les saigner lorsqu'il doute de leurs sentiments. L'étrangeté du film est de passer quasiment à la trappe les scènes les plus attendues du genre (horreur et dévoration, vraiment réduites à la portion congrue, ce qui ne manque pas de susciter une légère frustration), pour se concentrer sur les prémices: les scènes de séduction, les moments de solitude, la traque des policiers. Très vite, le récit se resserre autour de deux relations du jeune vampire: sa romance une belle brune BCBG (Elina Lowensohn, qui se spécialise dans les rôles où elle manque de se faire trucider à chaque fois qu'un mec l'attire comme dans Sombre) et son jeu de chat et de souris avec un commissaire paternaliste, dont la teneur n'est pas sans évoquer Crimes et Châtiments.
Avec son rythme languissant, sa mollesse travaillée, et en dépit d'un dénouement totalement conventionnel et raté, le film bénéficie d'un certain charme anémique.