Où en est le volume sur Sedrata ?

Beaucoup de collègues et d’amis, de part et d’autre de la Méditerranée, sont impatients de lire le volume que nous avons dirigé avec Patrice Cressier et Sophie Gilotte sur Sedrata, histoire et archéologique d’un carrefour du Sahara médiéval.

Il est terminé, a été relu et approuvé par deux examinateurs anonymes, et se trouve donc en attente d’édition par la Casa de Velazquez.

Cependant, le cahier des charges du service publication laisse craindre du retard.

Il nous reste donc à être patients et à continuer la recherche vers d’autres directions !

Soutenance de thèse d’Augustin Jomier, 2 juillet 2015

M'Zab_5 227Augustin Jomier vient de soutenir sa thèse d’histoire contemporaine sur le thème Un réformisme islamique dans l’Algérie coloniale : oulémas ibadites et société du Mzab (c. 1880-c. 1970) à l’Université du Maine.

Il a obtenu les félicitations du jury à l’unanimité, la plus haute distinction pour une thèse qui fera date.

Elle est placée sous la direction de Dominique Avon, professeur à l’Université du Maine, et les autres membres du jury étaient Catherine Mayeur-Jaouen, professeure à l’INALCO, James McDougall, Associate Professor of modern history, Université d’Oxford; Sabrina Mervin, chargée de recherche au CNRS, CéSor-EHESS (co-directrice de thèse); Sylvie Thénault, directrice de recherche au CNRS-CHS.

Il s’agit d’une thèse qui marquera l’historiographie de l’Algérie et de l’ibadisme, notamment mozabite. Elle intéressera quiconque s’intéresse à cette région et à cette mouvance de l’islam, car elle s’appuie sur un travail de terrain approfondi qui mêle dépouillement de la bibliographie, usage des archives, visites de terrain et enquêtes orales. L’auteur s’inscrit par ailleurs dans une profondeur historique qui lui fait évoquer l’inscription de la culture mozabite de l’ère coloniale dans un déroulement historique plus long, fait de ruptures, d’exils et de mythification du passé. Son usage des archives photographiques des Pères Blancs de Ghardaia est également intéressante pour quiconque se penche sur l’organisation du territoire, dont il arpente les sanctuaires, les lieux de sainteté et de mémoire, arènes de la réforme religieuse qu’il étudie, l’islâh.

En effet, quiconque tente de déchiffrer le passé du Mzab a beaucoup à apprendre de cette thèse, d’abord en raison de l’importance de l’historiographie coloniale, avec ses filtres idéologiques mais aussi ses apports irremplaçables. Par ailleurs, l’idéologie de purification de l’islam de ses superstitions et de ses archaismes qui est au coeur de l’islâh continue à infléchir le regard porté par les acteurs sur leurs propres pratiques religieuses, qu’elle soient occultées ou oubliées.  Pratiques funéraires, visites pieuses et commémoration des pieux ancêtres : sur tous ces sujets, il est difficile d’obtenir des témoignages qui ne portent pas la trace des relectures effectuées par les auteurs du temps de l’islâh.

Signalement de la thèse d’Hannah-Lena Hagemann (2014)

Une thèse qui intéressera quiconque se penche sur l’histoire du kharijisme et de l’ibadisme  a été soutenue par Hannah-Lena Hagemann en 2014 à l’Université d’Edimbourg, sous la direction d’Andrew Marsham et Andreas Gorke.

Elle a pour titre : History and Memory: Khārijism in Early Islamic Historiography.

Son contenu reste confidentiel jusqu’à la publication, qui ne saurait tarder, aussi contentons-nous de dire qu’il s’agit d’une analyse critique des récits de l’époque abbasside sur les groupes qualifiés de “kharijites”.

On pourra aussi consulter sa page sur Academia : https://uni-hamburg.academia.edu/HannahLenaHagemann

Publication de trois rihla-s ibadites

En 2011, dans le cadre des activités autour de “Tlemcen, capitale de la culture islamique”, un certain Yaḥya b. Bahūn Ḥāğ Amuḥammad a édité ensemble trois récits versifiés de pèlerinages d’auteurs ibadites.

D’abord la riḥla, déjà connue, du « Quṭb » Muḥammad b. Yūsuf b. ʻAysà Aṭfayyeš (m. 1914), qui partit du Mzab et passa par Laghouat, Djelfa et Blida avant d’atteindre Alger et de prendre le bateau jusqu’à Malte, Alexandrie, puis Djedda.

Celle, déjà éditée, du grand savant du bassin de Ouargla médiéval, Abū Yaʻqūb Yūsuf b. Ibrāhīm al-Sadrātī al-Wārğlānī (m. 1175), qui traverse le désert libyen et le Fezzan avant de rallier Alexandrie.

Puis celle, inédite, d’Ibrāhīm b. Biḥmān al-Ṯamīnī al-Yasğanī al-Muṣʻabī (m. 1817), le neveu du grand savant mozabite du xviiie siècle ʻAbd al-ʻAzīz al-Ṯamīnī qui accomplit sensiblement le même itinéraire. Il existe aussi de lui un récit de voyage chez les “Turcs”, c’est-à-dire les Ottomans, qu’il eut été intéressant de publier par la même occasion.

Pour les références et la table des matières, cliquez sur ce lien : Rihlat ibadiyya

Publication de l’histoire de Ouargla par Ibrahim Baba Hamu A’zam

En 2013 a été enfin publié le Ġuṣn al-Bān fī Tārīḫ Wārğlān (« La branche de muscadier concernant l’histoire de Ouargla »), d’Ibrāhīm b. Ṣāliḥ Bābā Ḥamū Aʻzām, un érudit local encore actif dans les années 1950, où il fut consulté à plusieurs reprises par Marguerite van Berchem, qui fouillait alors le site archéologique de Sedrata. La publication précédée d’une présentation de l’auteur a été réalisée par Ibrāhīm Baḥaz et Slīmān Bū Maʻqal dans une édition locale, à Ghardaia.

Cet ouvrage intéressera quiconque se penche sur l’histoire de la région, ou plus largement du Sahara algérien. Il s’agit d’une histoire locale, nourrie par les traditions orales vernaculaires comme par la lecture de sources anciennes. Son intérêt consiste en particulier à éclairer la géographie locale du sacré et les rites de la ziyāra ibadite à Sedrata.

On visualisera la table des matières de l’ouvrage en cliquant sur le lien suivant : Ghusn al-ban fi tarikh Warjlan

Workshop de Lyon, 25-27 septembre 2014

Le Djebel al-Ubbad, ou "sommet des dévôts", photo aérienne réalisée pour M. van Berchem en 1950, Archives de la Fondation van Berchem, Genève
Le Djebel al-Ubbad, ou “sommet des dévôts”, près du site archéologique de Sedrata. Photo aérienne réalisée pour M. van Berchem en 1950, Archives de la Fondation van Berchem, Genève

 

 

Afin de clôre le programme Maghribadite, qui s’achève en novembre 2014, et d’ouvrir la suite des opérations, qui se déroulera dans le cadre d’un projet sélectionné par l’Institut Universitaire de France, nous organiserons à Lyon, du 25 au 27 septembre 2014 un atelier, ou Workshop, destiné à ouvrir de nouvelles pistes de recherches sur l’histoire religieuse du Maghreb et ses méthodes.

Cet atelier sera en effet dédié au thème suivant : “Espaces, pratiques et modèles religieux dans l’ibadisme maghrébin, des origines à la période coloniale”. 

Tout en essayant de resserrer notre vision sur le Maghreb, contrairement au colloque de Madrid (déc. 2012), nous avons fait le choix d’un élargissement chronologique. Celui-ci s’impose d’une part en raison du faible nombre de recherches menées sur ce thème, mais aussi pour des raisons méthodologiques : absence de datation fiable des édifices religieux dans le Mzab, le Djebel Nafusa et à Djerba; dépendance de la recherche à l’égard de la documentation de l’époque coloniale; intérêt d’une étude des manifestations religieuses sur le long terme et, le cas échéant, d’une approche anthropologique de celles-ci.

Les propositions de contribution sont encore les bienvenues !

Vous pourrez lire ci-dessous l’argumentaire provisoire de la rencontre (English version below).

 

Atelier international : 

Espaces, pratiques et modèles religieux dans l’ibadisme maghrébin,

des origines à la période coloniale.

 

Lyon, du 25 au 27 septembre 2014

Cette rencontre mêlera registres textuels et matériels, et confrontera les ressources méthodologiques du droit, de la théologie, de l’histoire, de l’archéologie et de l’anthropologie. Les espaces considérés seront ceux où l’ibadisme s’est implanté au Maghreb (Djerba, Djérid, Djebel Nafūsa, Mzāb, oasis sahariennes), sans exclure quelques comparaisons. Le choix d’un spectre temporel élargi tient à la nécessité d’appréhender sur la longue durée, et à la lumière des témoignages de l’ère coloniale, les formes de religiosité de ce courant de l’islam. Il découle aussi d’une logique d’analyse des manifestations architecturales et des pratiques du sacré, dont la datation se heurte à des phénomènes de continuité et de réinterprétation.

Une réflexion comparatiste sur la littérature hagiographique et sur la figure de l’homme de sainteté dans l’ibadisme pourra être menée. Une enquête pourra être entamée sur les formes d’apprentissage et de transmission du savoir religieux dans le cadre de la ḥalqa. Enfin, il sera question des sources qui nous renseignent sur la formation et le rôle des membres de la ʻazzāba.

Des interventions pourront concerner des formes spécifiques de religiosité, comme la prière ou les rites de purification, les pratiques et conceptions liées à l’ascétisme, le rôle du « sacrifice » (shirā’) et du martyre, la « visite » pieuse (ziyāra) qui contribue à dessiner les contours du territoire et à célébrer la mémoire communautaire…

Nous nous pencherons aussi sur les lieux du sacré. Une réflexion de fond pourra être menée sur les rites et les espaces funéraires, dont les spécificités dans le Mzāb ont souvent été attribuées à une forme d’islam berbère ou saharien. Une large place sera laissée à la mosquée ibadite : caractéristiques typologiques liées à des questions dogmatiques ou à l’empreinte des contextes régionaux, absence de minbar expliquée par la disparition de l’imāmat, rôle des mosquées funéraires, importance donnée au muṣallà, influence supposée sur l’architecture des mosquées subsahariennes…

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 Le format choisi pour cette rencontre est celui d’un atelier de réflexion et de discussion, afin de favoriser l’exploration de nouvelles sources et l’ouverture de nouvelles pistes d’étude pour l’histoire religieuse du Maghreb. Il sera demandé aux intervenants de fournir à l’avance un texte provisoire et/ou des documents qui pourront alimenter la discussion collective. Il leur sera aussi demandé de rendre leur texte pour publication au mois de juin 2014.

 

International workshop

Religious spaces, practices and models in North African Ibadism

(from the origins to the colonial era)

 

Lyon, 25th-27th September 2014

This encounter should intertwine textual and material sources, and rely on various methodological approaches (law, theology, history, archaeology & anthropology). It will mainly focus on the areas where Ibadism settled in North Africa (Djerba island, South Ifrīqiya, Jebel Nafūsa, Wadī Mzāb, Saharan oases), without excluding any comparison. The deliberate use of a broad chronological frame should help us to analyse this Islamic school in the longue durée and to include colonial documentation. Actually, architectural patterns and holy practices in these areas are characterized both by continuity and constant reinterpretation, and this is a reason for their uneasy dating.

A comparative reflexion on hagiographical literature and the figure of the holy man in Ibadism should be led. Investigation could also provide us an insight into the history of the halqa and the ʻazzāba organisation and help us to understand how religious knowledge was assimilated and transmitted.

Some contributions could deal with specific forms of religiosity, such as the prayer itself or the purification rituals, the practices and representations linked with ascetism, the role of « sacrifice » (shirā’) and martyrdom, the pious « visits » (ziyārāt) that contribute to shape the territory and to celebrate the collective memory…

We shall also look at holy places. A depthful study should be devoted to the funeral practices, which peculiarities in Wādī Mzāb are usually attributed to the idiosyncratic features of a Berber or Saharan Islam. Great attention should be paid to the Ibadi mosque and its main characteristics, either linked with the rite itself or with the various regional contexts : the absence of minbar in North Africa (traditionally explained by the vanishing of the imamate), the existence of funeral mosques, the importance given to the muṣallà, the alleged Ibadi influence on Subsaharan mosques…

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This encounter is a workshop dedicated to the promotion of critical reflexion and dialogue, the exploration of new sources and new fields for the religious history of North Africa. The participants will be required to fuel the debate by providing a provisional text and/or some material in advance. All the contributions will be requested for the further publishing in June 2014.

 

Colloque “Fabrique de l’ethnie” à l’IISMM (05-06 décembre 2013)

Dans le cadre du colloque “La fabrique de l’ethnie”, organisé par J. Loiseau, G. Martinez-Gros et E. Tixier-du Mesnil à l’IISMM (EHESS, 96 bd Raspail, à Paris), Cyrille Aillet présentera une conférence sur le thème “Le référent ethnique dans les discours de fondation de l’ibadisme au Maghreb médiéval”.

Pour plus de détails sur le programme et les informations pratiques, cliquez sur le lien ci-dessous :

La Fabrique de l’ethnie dans l’Islam médiéval (colloque IISMM, 5-6 décembre 2013)