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Déprises sexuelles : penser le vieillissement et la sexualité
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Dossier

Déprises sexuelles : penser le vieillissement et la sexualité

Thinking aging and sexuality
Marc Bessin et Marianne Blidon

Résumés

La sociologie de la vieillesse est passée d’une analyse fonctionnaliste du désengagement à une approche constructionniste en termes de déprise, oubliant trop souvent la sexualité. Les auteur-e-s appellent à penser davantage les processus d’ajustement aux circonstances de la vie, à partir d’une analyse des déprises sexuelles qui articule ensemble genre et parcours de vie, sexe et âge, en tenant compte des facteurs relationnels comme le veuvage. L’article explore également les limites et les possibilités de renouvellement des pratiques en vieillissant, quelle que soit sa sexualité. Il se termine en appelant à davantage de recherches sur le sujet, capables d’améliorer nos connaissances sur une thématique dynamique, propice à une réflexion éthique renouvelée.

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Texte intégral

« Dès qu'on fréquente un peu les vieillards, on se rend compte que toutes les passions de la jeunesse et de l'âge mûr sont là. Seulement c'est souvent sous une forme très tragique, parce que justement ces passions ils ne peuvent plus les assouvir. »
Simone de Beauvoir, dans le film Promenade au pays de la vieillesse, 1978.

« À 74 ans, j’aime faire l’amour »
Jane Fonda, couverture de Paris Match janvier 2012.

Impensés et exceptions

1L’enquête « Contexte de la sexualité en France » (2006) a mis en évidence les effets de l’avancée en âge comme facteur déterminant de la diminution de l’activité sexuelle, pour les femmes comme pour les hommes (Bajos, Bozon, 2008). Ce constat se retrouve dans d’autres contextes nationaux, notamment aux États-Unis (Tessler Lindau et ali, 2007). Le vieillissement est souvent synonyme de perte progressive du désir, de diminution voire de disparition de l’activité sexuelle et d’une augmentation de troubles spécifiques. Ce renoncement à la sexualité ne serait qu’un aspect parmi d’autres du retrait progressif et inéluctable des activités sociales, processus complexe inhérent à notre destin biologique que les sociologues français du vieillissement décrivent actuellement comme une déprise (Clément et ali, 1995 ; Caradec, 2001). Or, alors que l’exclusion progressive des personnes âgées de certaines sphères d’activité est l’objet d’une attention soutenue et d’une préoccupation généralisée, les déprises sexuelles sont trop souvent occultées. Ce numéro de Genre, sexualité et société entend prendre au sérieux ce processus longtemps invisibilisé, pour essayer de le penser dans toute sa complexité. Le fait même d’inaugurer ici l’expression souligne la permanence de son occultation, son rejet « comme scorie » (Molinier, 2011). Le terme « déprise » permet pourtant à la sociologie du vieillissement d’appréhender la dynamique d’adaptation aux évolutions physiques et sociales, et les processus de réorganisation des activités et des modes de vie. La déprise rend compte d’un travail identitaire renégocié – en termes biographique et relationnel – visant à s’ajuster aux circonstances du temps qui passe. Ces transactions avec soi-même, son entourage matériel et relationnel n’évoluent pas de façon linéaire mais procèdent par paliers, ajustées à une sélection et une économie de forces selon les déficiences et les pertes. Dès lors, il importe de penser la temporalité des processus et les facteurs qui les déterminent notamment à travers les déclencheurs de déprise (Membrado, 2010). Cette approche s’inscrit dans la lignée des critiques qu’Arlie R. Hochschild (1975) avait formulées contre le concept fonctionnaliste de désengagement, lié à la cessation d’activité professionnelle et jusqu’alors dominant dans le champ du vieillissement. Elle refusait la dimension androcentrique du concept de désengagement, et sa focalisation sur le travail salarié, occultant la pluralité des sphères d’activité pour appréhender la personne dans une cohérence théorique extérieure aux situations pratiques. Centrée sur l’âge, cette notion oblitère l’importance d’autres facteurs (comme le veuvage), et empêche d’approcher la complexité des retraits et des résistances. En se focalisant sur le statut (être ou ne pas être engagé), c’est toute la continuité identitaire que l’idée de désengagement passe sous silence. Or, le domaine sexuel n’a pas encore bénéficié de ces avancées de la sociologie du vieillissement, qui est resté pour elle un impensé. Ce numéro entend montrer la portée heuristique d’une analyse en termes de déprise sexuelle, qui permet de prolonger la réflexion sur les processus d’avancée en âge.

2Le désinvestissement des vieilles personnes en matière de pratiques sexuelles a principalement été étudié à travers une analyse des représentations. Ces études ont permis de considérer l’ordre des âges en société mais peinent à intégrer les pratiques, tant du côté des personnes vieillissantes ou des professionnels (gériatres, soignants, aides à domicile…) que des sociologues. L’approche anthropologique a en effet bien investi la question de la place des vieux dans les sociétés. Elle a notamment montré que les fondements imaginaires des sociétés occidentales se durcissaient en allant sur les terrains du corps et du sexe (Trincaz, 1998 ; Montandon, 2006). La vieillesse, associée à la laideur et la décrépitude physique, semble rendre les sentiments incongrus et l’acte sexuel lubrique. Pour Bernard Ribémon (2005) qui étudie la période de la Renaissance, c’est une

« illustration particulièrement appuyée de l’opposition entre l’âme et la matière, opposition porteuse d’un message moral sur le péché, sur la détestation nécessaire du corps, encore plus nécessaire à l’approche d’une mort qui doit impliquer un recentrage vers la sagesse chrétienne et vers une préparation spirituelle au passage dans l’au-delà ».

3Le « vieillard lubrique » est ridiculisé et la vieille amoureuse prise pour une « sorcière libidineuse » est jugée alternativement comme une excentrique et une inconvenante, ou une riche indigne et avide de jeunesse (Papet, 1997 ; Dunn-Lardeau, 1999). Si Jacqueline Trincaz conclut son analyse de la sexualité des vieux par le déni qu’elle rencontre, quelles que soient les sociétés, toutes condamnent « sans appel une sexualité “hors nature” qui chercherait encore à s’exprimer » (Trincaz, 1998, 183), l’anthropologue rappelle qu’à ce jeu de l’amour « les vieilles sont presque toujours perdantes, condamnées au mépris et à l’abandon ». Elle cite alors la remarque de Simone Signoret :

« nous avons le même âge Montand et moi. S’il a vécu mon vieillissement à mes côtés, moi, j’ai vécu son mûrissement à ses côtés. C'est comme ça qu’on dit pour les hommes. Ils mûrissent : les mèches blanches s'appellent des “tempes argentées”. Les rides les “burinent” alors qu'elles enlaidissent les femmes » (Signoret, 1979, 371).

4Les synthèses disponibles sur la sociologie de la vieillesse éludent totalement la sexualité (Pochet, 1997) ou l’abordent assez rapidement, comme celle de Vincent Caradec (2004) qui évoque également les représentations négatives de la sexualité des vieux. Il nous rappelle comment la littérature ridiculisait les vieillards concupiscents et comment les médecins conseillaient l’arrêt des rapports après la ménopause pour les femmes, après la cinquantaine pour les hommes. Vincent Caradec parle cependant d’un changement en cours, perceptible dans les médias qui tentent de faire passer le message selon lequel « l’amour n’a pas d’âge ». Jane Fonda ne dit pas autre chose à la Une de Paris Match citée en exergue. Les pratiques des personnes âgées accompagneraient ces représentations, elles seraient plus actives, pour les loisirs bien sûr, mais aussi pour le sexe, « non seulement parce qu’elles vivent plus souvent en couple du fait du recul de l’âge au veuvage, mais aussi parce que celles qui vivent en couple ont plus rarement interrompu toute relation sexuelle » (Caradec, 2004, 49). Dans une enquête sur les personnes qui ont décidé de nouer une nouvelle relation de couple après la retraite, Vincent Caradec dresse une typologie entre celles qui voient dans cette nouvelle situation l’occasion d’une simple compagnie et d’autres qui la valorisent, se considérant débarrassées d’une sexualité associée à la jeunesse. Le troisième groupe, très minoritaire, ne fait pas de différences entre leurs pratiques actuelles et celles qu’ils ont pu vivre préalablement. La gérontologue Maximilienne Levet (1995), dans un petit essai destiné à aborder « sereinement » la vie après 60 ans, accorde une page au désir qui perdure. Elle admet, certes, que ce soit compliqué, mais elle n’hésite pas à évoquer de nouvelles pratiques comme les relations homosexuelles ou la masturbation. Les émois à ces âges demeurent ambivalents et surtout mal perçus, comme en attestent les réactions très négatives que peuvent avoir les plus jeunes à l’idée d’une sexualité de leurs aînés (Trincaz, 1997). Ce numéro s’inscrit toutefois dans un champ d’études dynamique, en profonde transformation. Ainsi, par exemple, certaines contributions qui alimentent ce dossier rendent compte d’enquêtes étrangères à disposition sur la sexualité des personnes vieillissantes. Régis Schlagdenhauffen s’appuie sur des enquêtes allemandes alors qu’Hélène Bretin et Carmuca Gómez Bueno se basent sur des travaux espagnols. Mais force est de constater, qu’y compris dans les études sensibles aux inégalités de genre et à leur intrication aux catégories d’âge, les questions de sexualité n’ont été que peu abordées (Arber et ali, 2003). Mais les rares enquêtes qui les ont traitées, en termes de discrimination sexuelle ou d’hétérosexisme (Charpentier et Queniart, 2009) ou à partir des pratiques subversives que le vieillissement peut révéler (Clerc et ali, 2009 ; Lagrave, 2009) ont été pour nous une véritable source d’inspiration et nous ont aidé à l’élaboration de ce numéro.

5On pourrait rétorquer qu’avec les sexologues, on dispose déjà d’analyses détaillées, notamment suite aux bouleversements que le Viagra a apportés. Mais ces approches, centrées sur les adjuvants développés par l’industrie pharmaceutique – traitements hormonaux pour les femmes ménopausées, Viagra pour les hommes souffrant de troubles de l’érection –, ne s’inscrivent pas dans la perspective compréhensive ici défendue. Ce type d’approche, médiatisées et facilement disponibles, articulent a priori âge et renoncement sexuel et viennent confirmer la prégnance des logiques de médicalisation. Elles traitent une pathologie en regard d’un standard de pratiques, pour pallier des déficiences et maintenir des performances, renforçant ainsi les modèles dominants de la sexualité. Or, comme ces modèles sont fondés sur des représentations associant jeunesse et sexualité, ils tendent à valoriser l’acte sexuel comme performance et n’intègrent pas des scenarii alternatifs impliquant faiblesse, fragilité physique ou lenteur. Et ces pistes palliatives ne font paradoxalement que renforcer l’image d’un vieillissement associé à une certaine éviction de la scène sexuelle. Sans nier l’impact et les conséquences du jeunisme et des représentations restreintes de la sexualité qu’il accompagne, ce dossier entend les dépasser pour penser ensemble vieillesse et sexualité, interroger ces représentations négatives et décrire les pratiques réelles qui s’observent. Il permet aussi de rendre compte de façons renouvelées de vivre des désirs et d’assouvir des plaisirs, contribuant ainsi à mieux cerner les processus de vieillissement.

6Outre la gérontologie, à laquelle l’étude de la sexualité des plus de 70 ans est longtemps restée cantonnée (Bauer et al., 2007 ; Gérontologie et société, 2007), quelques enquêtes récentes ont amélioré nos connaissances des pratiques sexuelles des personnes âgées. Ainsi, une étude américaine centrée sur l’activité sexuelle réalisée auprès de plus de 900 femmes âgées de plus de 40 ans – l’âge médian étant de 67 ans – conclut que « la moitié de ces femmes sont sexuellement actives, avec excitation, lubrification et orgasme maintenu jusqu’à un âge avancé, malgré une faible libido chez un tiers d’entre elles » ; surtout, il est précisé que « la satisfaction sexuelle augmente avec l’âge et ne nécessite pas d’activité sexuelle » (Trompeter et ali, 2012). Ce résultat rejoint les propos des personnes rencontrées par la photographe Gaëlle Magder – dont nous reproduisons dans ce dossier la série Du bon usage de la vieillesse – et notamment ceux tenus par Ély, 87 ans, qui affirme « aujourd’hui, je me sens bien mieux que quand j’avais 20 ans, que ce soit physiquement, psychologiquement ou sexuellement ». Il convient donc de se départir d’une image nécessairement misérabiliste sans pour autant tomber dans son pendant enchanté et acritique. Ne soyons pas aveugle au poids des injonctions sociales qui font de la conjugalité et du maintien de l’activité sexuelle les nécessaires indicateurs d’une vie épanouie.

  • 1  Ce biais se retrouve aussi dans les enquêtes menées en Allemagne, comme le montre l’article de Rég (...)

7Malgré leur différence de nature – enquête statistique et travail artistique – ces travaux ont deux points communs, appelant chacun un commentaire. Le premier est lié au contexte social des enquêtées1. Les répondantes de l’enquête américaine sont issues des classes moyennes supérieures, comme les personnes photographiées par Gaëlle Magder dans leurs intérieurs cossus ; cette récurrence oblige à questionner la surreprésentation d’une classe sociale et ses conséquences potentielles dans la formulation d’un discours unifiant sur les personnes âgées. S’exposer ou livrer son intimité sexuelle dans une enquête, un entretien ou devant un appareil photographique n’est pas une démarche anodine, mais nécessite des dispositions ou des ressources sociales et culturelles relativement élevées. Comme le note Rose-Marie Lagrave dans ce dossier, « l’enjeu est de montrer comment les positions de classe construisent des polarités et des distinctions entre une vieillesse qui a les moyens de s’assumer et celle des gens de peu qui font de nécessité vertu ». On peut dès lors s’interroger : l’avancée en âge se manifeste-t-elle comme une expérience commune, indépendante d’autres dimensions sociales comme le genre, la classe ou l’origine ? La prise en compte des âges avancés nécessite de s’inscrire, sinon dans une démarche intersectionnelle, au moins dans leur articulation, permettant de penser une pluralité d’expériences au-delà des contraintes communes (Calasanti, Sleven, 2001).

8Le second commentaire porte sur la distinction opérée entre l’activité sexuelle, au sens comptable de la fréquence des actes et du nombre d’orgasmes, et son expérience comme activité perçue, vécue et investie. C’est donc bien la définition même du sexuel qui se trouve interrogée par le vieillissement. Comme l’écrit Pascale Molinier dans son article, à partir de personnes malades d’Alzheimer prises en charge dans des institutions, on « ne parle pas ici de sexualité génitale, mais de la sollicitation des pulsions partielles dans le contact peau à peau, de l’excitation ou du sadisme que sollicite parfois la manipulation des corps et de leurs déjections, du dégoût ou de la déstabilisation des défenses, de l’irruption encombrante de fantasmes et jusqu’à la séduction ». Autant d’éléments qui font que « le sexuel est au centre de la relation de soin en gériatrie parce que celle-ci implique un rapport répété au corps, de la toilette aux différents changes, en passant par l’aide à l’alimentation et au coucher ». L’enjeu définitionnel n’est pas anodin quand un droit à la sexualité des plus âgés est revendiqué.

L’âge, une variable neutre ?

  • 2  On pourra se reporter au numéro de Mouvements (2009) pour un aperçu des potentialités d’une problé (...)

9L’analyse de la sexualité avec l’avancée en âge est fortement liée à la construction sexuée de l’âge et du vieillissement, qui demeure trop peu abordée dans la recherche féministe française2. Prenons par exemple trois manuels de présentation des études sur le genre très utilisés en France. Que la problématique de l’intersectionnalité entre différents rapports sociaux de pouvoir (classe, genre, race) soit centrale (Bereni et al., 2008) ou périphérique (Guionnet et Neveu, 2009 ; Ferrand, 2004), l’articulation des rapports de genre et des rapports d’âge n’est jamais mentionnée. C’est pourtant une problématique dont s’est déjà emparée la sociologie, comme le montre notamment les travaux sur gender and ageing des britanniques Sarah Arber et Jay Ginn (1997, 2003, 2007). Ces deux auteures proposent de dénaturaliser l’âge, comme le sexe précédemment, en distinguant entre trois significations articulées : âge chronologique, âge social et âge physiologique, à considérer au regard des différenciations sexuées (Arber et Ginn, 1995). En recommandant d’appréhender simultanément l’avancée en âge et le genre, elles prolongent l’articulation des rapports de pouvoir, sans toutefois préciser le cadre théorique le plus adapté pour penser cette intrication (analogie, intersectionnalité, co-formation, etc.). Et si on les suivra dans la nécessité de penser ensemble ces différents rapports, on ne peut que regretter, pour l’instant, le manque de recherches concrètes sur les activités intimes et les pratiques sexuelles.

  • 3  On pourrait poursuivre la démonstration en évoquant les temporalités mêmes des scripts sexuels qui (...)

10Les attentes, projets et désirs formulés à des moments de la vie où il est convenu de ne plus trop exiger ni désirer relèvent d’une construction sociale de l’expérience biographique fondée sur un lien inextricable entre âge et sexe. Les données sur la différenciation sexuée des carrières affectives solitaires après 50 ans ou de l’activité hétérosexuelle présentent toujours une plus grande inactivité des femmes vieillissantes, comme le montrent Nathalie Bajos et Michel Bozon dans le premier article du dossier, qui restitue les principaux éléments sociodémographiques disponibles. L’âge n’est pas une catégorie neutre ; il doit au contraire s’appréhender avec le sexe. Comme le disait Simone Signoret, on parle de mûrissement d’un côté, de vieillissement de l’autre. « Le vieux beau peut encore séduire alors que la vieille femme est toujours ridicule dans un rôle de séductrice » (Trincaz, 1998, 181). Les travaux sur l’âge de l’entrée dans la vie adulte et des premiers émois confirment, à partir des plus jeunes, ces différences sexuées. Pour les jeunes filles, il s’agit de considérer ses pratiques et ses relations au regard d’un temps inscrit dans la durée, et dont elles portent socialement la responsabilité. Pour les jeunes garçons, les premiers amours et les premières fois s’inscrivent au contraire dans une logique du plaisir et de la consommation immédiate, qui s’éloigne des considérations liées aux implications relationnelles dans la durée (Bozon, Bessin, 2009). Ces données rappellent la part considérable des temporalités dans la construction et la confirmation de l’ordre du genre (Bessin, Gaudart, 2009), les temporalités biographiques y contribuant pour partie3.

  • 4  Au mieux, elle alimente les fantasmes initiatiques qui jouent sur un désir ambivalent entre la mèr (...)
  • 5  Les représentations cinématographiques de la sexualité des plus âgés demeurent rares et souvent tr (...)

11Michel Bozon a montré que les logiques de genre s’édifient sur des normes temporelles comme l’écart d’âge dans les couples, phénomène social relevant d’une « domination consentie » dans la mesure où les femmes en sont à l’origine (Bozon, 1990). Certains hommes d’un âge avancé s’y conforment volontiers en entretenant des relations avec des femmes plus jeunes. Cette forme d’hétérogamie générationnelle vient confirmer une inégalité de genre qui valorise les attributs masculins dont les hommes « mûrs » pensent disposer. Certes, les réactions sociales varient et l’opprobre reste possible ; mais ces hommes sont plutôt regardés d’un œil espiègle, leur vigueur sexuelle supposée semblant attester de leur bonne santé et de leur volonté de rester actif. En somme, s’ils sont avec une femme plus jeune, ils restent jeunes eux-mêmes, bénéficiant des avantages sociaux de l’amour – invariablement associé à la jeunesse. Mais plus encore qu’une sexualité entre vieux, une femme âgée qui entretiendrait une relation avec un plus jeune déroge aux attentes et fait scandale4. Le film5 Harold et Maud est de ce point de vue emblématique des épisodes parfois dramatiques qui ont étayé l’histoire des normes sexuelles.

12Avant d’évoquer les veuves, figures féminines récurrentes dans plusieurs articles du dossier, abordons encore une fois ces temporalités constitutives du genre. Sans entrer dans une longue discussion sur les mécanismes, biologiques et sociaux, aboutissant à des sex ratio impressionnants aux plus grands âges, on peut avancer quelques éléments issus des travaux en histoire des sciences et de la médecine montrant que les sexes sont construits par le genre, ce jusque dans leur matérialité. Si l’espérance de vie des femmes est à ce point plus longue que celle des hommes, il faut aller le comprendre à l’aune des manières dont on est différemment socialisé, selon que l’on soit homme ou femme, à la prévention, la responsabilité, les conséquences de ses actes, etc. Autrement dit, une temporalité basée sur la disponibilité et le rapport à autrui, participant à la construction du genre féminin, contribue in fine à réserver aux femmes une plus grande espérance de vie, parmi d’autres considérations dont il n’est pas dit qu’elles ne viennent pas conforter ce propos. En tout cas, les approches genrées de l’avancée en âge constituent bien un autre aspect de « l’emprise du genre » (Löwy, 2006), jusque dans la différenciation sexuée des destinées.

13Cette inégalité devant la santé et la mort induit une autre inégalité, celle devant la solitude. Vieillir, pour les femmes, correspond largement à vivre l’expérience de la perte du conjoint et du veuvage. Si ces deux aspects, l’âge (dont il conviendrait de préciser si l’on évoque sa dimension chronologique, sociale ou physiologique) et le veuvage, ne sont pas indépendants, il reste à discuter de leur part respective dans l’émoussement ou l’arrêt de la carrière sexuelle. Or c’est précisément en s’intéressant spécifiquement aux veuves que Cécile Plaud et Béatrice Sommier abordent la sexualité. Elles distinguent trois profils de veuves. Celles qui ont renoncé au désir, demeurant fidèles à leur conjoint. Celles qui s’inscrivent de nouveau dans une logique d’échanges économico-sexuels avec un nouveau partenaire masculin. Enfin, celles qui refusent un cadre conjugal qui impliquerait à nouveau de prendre soin d’un homme, préférant développer des relations non cohabitantes, voire des amitiés ou des amours féminines. Cette alternative à la contrainte hétérosexuelle est mentionnée dans plusieurs articles, notamment celui d’Hélène Bretin et de Carmuca Gómez Bueno. Quoi qu’il en soit, la perte du conjoint ou la séparation constituent bien un événement déclencheur de la déprise sexuelle (Bozon, Beltzer, 2006), qui parfois prend des airs de reprise, sur des bases identiques aux pratiques antérieures ou radicalement autres. Il reste que les travaux allemands sur le rapport à la conjugalité et à la sexualité des personnes âgées, que nous restitue Régis Schlagdenhauffen, montrent des variations de l’activité sexuelle bien plus liées au statut conjugal qu’à l’âge. Ce qui rappelle aussi que les manières de parler de la sexualité renvoient à des situations qui nécessitent de leur point de vue la présence à leurs côtés d’un ou d’une partenaire.

Adaptations et résistances

  • 6  Il s’agit en réalité de Thérèse Clerc, militante associative et féministe, à l’initiative de la ma (...)
  • 7  L’inverse se vérifie puisque la masturbation est pratiquée aussi par des personnes en couple (Bajo (...)

14Thérèse, 79 ans, le visage toujours aussi solaire, témoigne auprès de Gaëlle Magder de « cet âge délicieux où [elle n’a] plus rien à prouver, où, d’objet de tous les appétits, [elle est] devenue sujet de [sa] propre existence »6. Pouvoir affirmer son autonomie, se départir des conventions et inventer de nouveaux possibles font partie des multiples dimensions que le dossier aborde. Plusieurs textes montrent ainsi comment de nouvelles configurations affectives et relationnelles se structurent à l’issue du décès du conjoint. En effet, la fin de la vie de couple suite au veuvage, qu’elle soit transitoire ou définitive, apparaît comme un moment charnière dans la vie des femmes hétérosexuelles. La solitude n’est pas nécessairement synonyme de pratique solitaire en matière de sexualité7. Au demeurant, elle entre bien dans les principaux déclencheurs des déprises sexuelles, tout du moins elle intervient dans l’évolution des pratiques, puisque bon nombre de ces événements relèvent d’une dynamique relationnelle. La possibilité même de la poursuite d’une vie affective et sexuelle hors du cadre du mariage et de la sexualité procréative se pose, sans toujours être clairement formulée, a fortiori dans des contextes socioculturels où le poids de la religion a été ou demeure prégnant. D’où la question posée par Cécile Plaud et Béatrice Sommier : « des veuves ménopausées pourraient-elles poursuivre leur vie sexuelle sans remettre en question l’ordre social » ? Ce dépassement des normes sociales n’apparaît pas toujours possible, faute d’opportunités de rencontre et de capacités à l’envisager. Comme le remarquent Hélène Bretin et Carmuca Gómez Bueno,

« dès lors, et si les personnes âgées vivent une époque moins marquée par la répression sociale et morale, jouissent de plus d’indépendance et d’une meilleure santé, elles n’ont guère de modèles. “Pionnières” selon Vásquez-Bronfman (2006), elles sont contraintes d’inventer une nouvelle façon de vivre leur sexualité, de rompre avec certaines conventions, d’expérimenter le scandale et de s’essayer à ce que toute leur vie elles avaient considéré comme interdit ».

15D’autres contraintes doivent aussi être surmontées comme le rapport à leur propre corps, rapport souvent marqué par la honte ou le manque de confiance, dans un contexte où la jeunesse, la fermeté et la minceur sont de mises (Cruikshank, 2003 ; Schuster-Cordone, 2009). L’altération du désir face au corps qui vieillit participe de la représentation de la masculinité hétérosexuelle. Mais elle est encore plus accentuée dans les espaces de sociabilité gays, la perte de jeunesse devenant un élément fréquent d’exclusion et de disqualification sur le marché de la rencontre (Blidon, 2011).

16On peut noter à ce propos que le registre des pratiques et des orientations sexuelles n’est pas figé ni donné à l’avance, et que l’avancée en âge constitue un point d’observation suffisamment dynamique pour considérer les changements au cours de la vie pour une même personne. Au titre des adaptations et des résistances, l’homosexualité comme pratique fantasmée ou vécue, ou comme identité, est souvent découverte avec le vieillissement, ses péripéties et les réaménagements de tous ordres qui l’accompagnent. Il convient cependant de modérer cette affirmation, en dissociant les évolutions au cours de la carrière sexuelle, qui demeurent minoritaires, et les évolutions du fait d’une socialisation antérieure dans un contexte plus ouvert qui a permis d’expérimenter d’autres pratiques. D’autre part, l’observation des pratiques homosexuelles, chez les gays ou les lesbiennes, mettent en lumière sous des angles différents les processus à l’œuvre dans l’évolution des pratiques avec l’avancée en âge. C’est d’ailleurs souvent pour aboutir à des logiques identiques, l’article de Régis Schlagdenhauffen expliquant que les déterminants liés à la conjugalité jouent un rôle fondamental dans le maintien des pratiques, tant homosexuelles qu’hétérosexuelle. La pression des stéréotypes de la beauté et du sexe associés à la jeunesse est encore plus forte parmi les gays. Le corps étant une ressource fondamentale, son vieillissement est un facteur de marginalisation au sein de la communauté (Slevin, Linneman, 2010) ; Simon et Gagnon parlent à ce propos de « crise du vieillissement » (2011). Les lesbiennes aussi souffrent de cette éviction, a fortiori si elles ont développé des réseaux de sociabilité principalement hétérosexuels et qu’elles demeurent invisibles dans des institutions qui les ignorent (Veilleux, 1998 ; Chamberland, 2003). D’où l’importance des ressources matérielles, sociales et culturelles pour négocier et s’ajuster au vieillissement (Heaphy, 2007). En somme, les homosexuels semblent tout autant, sinon davantage, soumis à des injonctions fortes qui rendent difficile le travail du vieillissement et les adaptations de sa vie sexuelle. Comment résister à ces injonctions ? Comment vivre au mieux ses transformations physiques sans renoncer au plaisir ? Telles sont des interrogations qu’homosexuels comme hétérosexuels sont amenés à affronter.

17Pour en discuter, Rose-Marie Lagrave s’interroge sur l’existence d’« une préparation féministe à la vieillesse qui [romprait] résolument avec les carcans lénifiants et normatifs d’une vieillesse sur papier glacé désexualisée mais heureuse ». Elle fonde des attentes importantes dans la génération féministe des années 1970 pour inventer des manières de « résister » et « de penser et de vivre à nouveaux frais vieillesse et sexualité », appelant à faire des « conditions sociales et politiques faites aux vieux […] l’objet de luttes féministes ». Cette inventivité se retrouve dans de nombreuses initiatives souvent parcellaires, plus ou moins ambitieuses et radicales, mais qui ont toutes le mérite d’ouvrir des perspectives fécondes tant intellectuelles que politiques. Deux projets ont attiré notre attention. À Montreuil, la Maison des Babayagas8, présentée comme « une utopie humaniste », est emblématique des possibilités d’inventer d’autres manières autonome et solidaire d’habiter quand on est âgé (Clerc et al., 2009). À San Francisco, le New Leaf Outreach to Elders en collaboration avec le LYRIC (Lavender Youth Recreation & Information Center), a initié un projet de conversations et de conservation de la mémoire, dénommé l’intergenerational storytelling project qui donne lieu à des émissions de radio. De jeunes gays réalisent ainsi des interviews de retraités et échangent autour de questions comme « l’amour, la culture, la politique, leurs espoirs et leurs rêves pour le futur ». Leur objectif est de « combler le fossé entre les générations » et de « développer une meilleure compréhension entre le passé et le présent » autant de manière de pallier l’absence de transmission d’un « discours amoureux » au sein des espaces de socialisation hétérosexuels (Blidon, 2009). Si ces projets n’ont pas pour point de départ la sexualité, celle-ci fait irruption sous la forme de règles de fonctionnement qui anticipent la venue d’un-e compagnon-gne dans le cadre de la structure collective ou de la transmission d’un gay savoir. Autant d’éléments qui constituent des perspectives heuristiques.

« Tout ne peut être révélé »

18Le contexte démographique – l’allongement de l’espérance de vie, seul ou en couple –incite à penser l’articulation entre vieillissement, genre et sexualité. L’arrivée à l’âge de la retraite de la génération des baby-boomers ouvre des pistes intéressantes pour la recherche sans pour autant préfigurer des permanences ou des changements potentiels à l’œuvre. À travers ce dossier, nous avons essayé de poser quelques jalons ; parmi les questions en suspens que les travaux à venir devront explorer, demeurent les difficultés méthodologiques et les enjeux éthiques qu’implique un tel sujet. Plusieurs auteur-e-s ont souligné les limites des enquêtes statistiques (faibles effectifs, absence de données après 70 ans…) ainsi que les difficultés qu’il y avait à recueillir une parole sur la vie affective et sexuelle inhérente à la mémoire mais aussi au sujet lui-même. Rose-Marie Lagrave reconnaît qu’il « reste une inconnue de taille qui tient à la possibilité même d’un entretien sur ces sujets. En effet, le récit sur le rapport à la vieillesse et à la sexualité de cette génération vient à rebours des sollicitations auxquelles ces féministes sont rompues. Habituées à restituer leurs trajectoires militantes, ces féministes accepteront-elles de retracer leurs carrières sexuelles ? ». La difficulté n’est pas seulement dans le recueil d’une parole sur l’intimité affective et sexuelle, elle réside aussi dans la manière dont les sources se donnent à lire.

19L’article de Beate Wagner-Hasel interroge ainsi le paradigme de la recherche historique contemporaine, fondé sur la lecture des complaintes et élégies, selon lequel les Anciens envisageaient et représentaient essentiellement la vieillesse comme déliquescence physique, perte des attraits érotiques et stérilité. La situation des personnes âgées dans l’Antiquité, en particulier des femmes, aurait donc été peu enviable, ces dernières se voyant marginalisées voire mises au ban de la société. Cette approche est ici contestée comme l’émanation d’une expression littéraire qui n’a pas valeur de description réaliste, ou historique, de l’expérience de la vieillesse et des normes en vigueur dans l’Antiquité. Ces propos sur la vieillesse s’inscrivent plutôt dans une tradition de réflexion cosmologique et philosophique, et véhiculent surtout des représentations culturelles de l'ordre social autour des questions de conflits de générations, de conflits politiques ou encore de conflits entre les sexes. Si l’interprétation des données mythiques ne permet pas de savoir exactement quel rôle les femmes jouaient dans cette transmission du savoir et s’il existait un savoir spécifiquement féminin, différents textes valorisent leurs responsabilités dans la perpétuation de la tradition et de la mémoire familiale, dans le traitement des tâches administratives ou dans les activités éducatives. Ces témoignages sur la responsabilité des veilles femmes en matière de conservation de la mémoire et de transmission du savoir contredisent clairement la thèse de leur mise à la marge.

20Au-delà de ces difficultés méthodologiques, il convient de s’interroger à la suite de Pascale Molinier sur la pertinence de « la transparence » qui fonctionne aussi « comme idéologie gestionnaire » dans les centres de soin et les institutions gériatriques.

« La confiance doit pouvoir s’établir avec les portes fermées, concrètement, ce sur quoi tout le monde s’accorde, mais symboliquement aussi : tout ne peut être révélé. Je dirai que ce n’est pas une affaire de “droit au respect”, de “principe de charité” ou de règles morales impératives, mais plutôt de justesse dans les sentiments. Chacun sent bien qu’il y aurait quelque chose d’insupportable dans l’exposition des corps nus à tous les vents, mais aussi dans une parole indécente qui les exposerait sans leur consentement ».

21L’analyse des déprises sexuelles que ce dossier contribue à lancer reste à mener en n’éludant aucune de ces difficultés. Et nous souhaiterions appeler à un prolongement de ces recherches, pour mieux penser nos avancées en âge. Mais elles ne pourront se mener sans en affronter les enjeux éthiques, au risque de se conforter dans « un mouvement d’évitement du réel », « manière de rester à distance » qui se satisferait de « cocher la case sexuelle » parmi la liste des points à explorer pour étudier le vieillissement.

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Notes

1  Ce biais se retrouve aussi dans les enquêtes menées en Allemagne, comme le montre l’article de Régis Schlagdenhauffen. Portant sur de faibles effectifs, les échantillons sont principalement constitués d’urbains, issus des classes sociales les plus favorisées, ce qui pose la question de la possibilité de généraliser à d’autres contextes.

2  On pourra se reporter au numéro de Mouvements (2009) pour un aperçu des potentialités d’une problématique des rapports d’âges, dans leur croisement avec d’autres rapports sociaux, notamment de sexe.

3  On pourrait poursuivre la démonstration en évoquant les temporalités mêmes des scripts sexuels qui mettent en récit des hommes davantage disposés que les femmes aux rapports sexuels, davantage pressés aussi...

4  Au mieux, elle alimente les fantasmes initiatiques qui jouent sur un désir ambivalent entre la mère et la fille, comme dans le film The Graduate de Mike Nichols (1967) ou de façon beaucoup moins respectueuse, sur les sites pornographiques avec l’image de la cougar ou de la MILF (Mother I’d Like to Fuck), dont il faut préciser qu’y sont ainsi catégorisées des femmes de trente à cinquante ans maximum.

5  Les représentations cinématographiques de la sexualité des plus âgés demeurent rares et souvent tragiques (Bildtgård, 2000).

6  Il s’agit en réalité de Thérèse Clerc, militante associative et féministe, à l’initiative de la maison de retraite alternative à Montreuil, les « Babayagas ». Pour un itinéraire et de plus amples développements sur ce projet (Clerc, 2009).

7  L’inverse se vérifie puisque la masturbation est pratiquée aussi par des personnes en couple (Bajos, Bozon, 2008).

8  Le projet est présenté sur le site de la Maison des Babayagas (http://lamaisondesbabayagas.fr).

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Pour citer cet article

Référence électronique

Marc Bessin et Marianne Blidon, « Déprises sexuelles : penser le vieillissement et la sexualité »Genre, sexualité & société [En ligne], 6 | Automne 2011, mis en ligne le 01 décembre 2011, consulté le 29 novembre 2024. URL : http://journals.openedition.org/gss/2241 ; DOI : https://doi.org/10.4000/gss.2241

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Auteurs

Marc Bessin

Chargé de recherche
CNRS, Iris (EHESS-CNRS-Inserm-U.P.13)

Marianne Blidon

Maître de conférences
IDUP-Paris 1-Panthéon Sorbonne, CRIDUP

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