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Simonne Mathieu

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Simonne Mathieu
Image illustrative de l’article Simonne Mathieu
Simonne Mathieu au Racing Club en 1926.
Nom de naissance Simonne Emma Henriette Passemard
Pays Drapeau de la France France
Naissance
Neuilly-sur-Seine
Décès (à 71 ans)
Chatou
Prise de raquette Droitière
Hall of Fame Membre depuis 2006
Palmarès
Meilleurs résultats en Grand Chelem
Aust. R.-G. Wim. US
Simple V (2) 1/2
Double V (6) V (3) F (1)
Mixte V (2) F (1)

Simonne Mathieu, née Simonne Emma Henriette Passemard le à Neuilly-sur-Seine et morte le à Chatou, est une joueuse de tennis et résistante française.

Numéro un tricolore dans les années 1930, elle devient troisième mondiale en 1932. Elle est la joueuse française la plus titrée après Suzanne Lenglen.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle crée et dirige le Corps des Volontaires françaises dans les Forces françaises libres.

Elle est membre du International Tennis Hall of Fame depuis 2006.

Simonne Emma Henriette Passemard naît le à Neuilly-sur-Seine dans une famille de la grande bourgeoisie parisienne[1]. Elle est la fille de Gaston Passemard (mort en 1933), banquier d'affaires au Comptoir national d'escompte de Paris, et d'Alice Melchior.

De santé fragile, la pratique sportive lui est conseillée par son médecin et elle entretient sa forme en pratiquant le tennis à partir de l'âge de 12 ans sur les courts du Stade français, club dans lequel son frère cadet, Pierre, est également licencié[1],[2].

Elle gagne ses premiers tournois dès l'âge de 15 ans et participe aux Internationaux de France à partir de 1925. En octobre de cette année-là, elle épouse René Mathieu, créateur de la revue Smash, président de la Commission Presse et Propagande de la Fédération française de tennis et fils de Maurice Mathieu, fondateur et secrétaire général du Stade français[3]. Elle a deux fils, Jean-Pierre en 1927 et Maurice en 1928, tout en continuant sa carrière sur les courts internationaux[2],[4].

Carrière tennistique

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Photographie en noir et blanc d'une joueuse de tennis réalisant un coup droit sauté.
Simonne Mathieu à la Croix-Catelan en 1926.
Photographie en noir et blanc de deux joueuse de tennis debout devant un filet.
Simonne Mathieu à côté de Suzanne Lenglen lors des Internationaux de France 1926.

Simonne Passemard se fait remarquer en remportant le championnat de France junior de 1923 à 1925 avant de se marier et de changer de nom pour Mathieu[1]. Elle est finaliste de la Coupe Porée en 1925 contre Hélène Contostavlos.

En , elle oppose une belle résistance à la championne américaine Helen Wills lors d'un match France-États-Unis à la Croix-Catelan[5]. La semaine suivante, aux Internationaux de France, Mathieu domine Yvonne Bourgeois[6] puis Marion Jessup au deuxième tour sur le score de 2-6, 9-7, 6-0 après avoir sauvé des balles de match et avoir été menée 6 à 2, 5 à 3 et 40 à 15[7]. Quelques jours plus tard, le , la jeune athlète est éliminée en quart de finale par Suzanne Lenglen sur le score de 0-6, 0-6[8].

En 1932, elle se hisse pour la seconde fois en finale des Internationaux de France. Elle domine nettement le début du match contre Helen Wills-Moody grâce à la puissance de son coup droit (4-1). Bien que diminuée aux pieds, l'Américaine retrouve toutefois son jeu et se distingue par la variété de ses coups pour s'imposer finalement 7-5, 6-1[9].

En 1933, Simonne Mathieu remporte aisément le tournoi de double dames des Internationaux de France avec l’Américaine Elizabeth Ryan[10]. Quelques jours plus tard, elle se hisse en finale du tournoi simple dames en dominant la championne américaine Helen Jacobs sur le score de 8 jeux à 6 dans le premier set — après avoir été menée 5-1 — puis 6 jeux à 3 dans le second set[11]. Elle s'incline en finale face à Margaret Scriven après une lutte en trois sets, gênée par les balles liftées de son adversaire[12].

Lors des championnats de Paris en , elle gagne la première manche de la finale en simple face à la Suissesse Lolette Payot avant de s'incliner, touchée par un coup de soleil, puis de prendre sa revanche dans le double dames avec Sylvie Jung[13].

Lors du tournoi de Wimbledon 1937, Simonne Mathieu s'illustre à nouveau dans le tournoi de doubles, réalisant le doublé Internationaux de France-Wimbledon, avec l’Américaine Elizabeth Ryan en l’emportant 6-3, 6-3 sur la paire Margaret Scriven-Josane Sigart[14]. Dans la suite de l’après-midi, elle joue avec Yvon Petra la finale du double mixte mais doit s'incliner[14].

Après six finales perdues, dont trois consécutives face à Hilde Krahwinkel Sperling, elle remporte en 1938 le tournoi de Roland-Garros en simple contre Nelly Landry, profitant de l'absence de plusieurs joueuses de premier plan[15]. Elle réussit cette année-là un remarquable triplé, s'imposant aussi en double dames et en double mixte. Lors de sa tournée européenne, elle ne conquiert pas moins de 32 tournois toutes catégories confondues.

En 1939, Simonne Mathieu remporte pour la deuxième fois consécutive le simple dames des Internationaux de France après une victoire finale sur sa partenaire de double, la Polonaise Jadwiga Jędrzejowska, sur le score de 6-3, 8-6[16]

Durant sa carrière, Simonne Mathieu a parcouru le monde, glanant des titres aux Pays-Bas en Grèce, en Égypte, en Suisse et même en Asie.

À la France libre

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Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, en , Simonne Mathieu s'apprête à disputer un tournoi aux États-Unis et décide alors de rentrer immédiatement en Europe. En , avant même l'appel du général de Gaulle, elle rejoint l'Auxiliary Territorial Service, la branche féminine non combattante de la British Army où elle travaille comme conductrice et traductrice. Lors de l'armistice du 22 juin 1940, elle rejoint le général de Gaulle à Londres[17]. Ne pouvant intégrer l'armée française, elle s’engage auprès du Women’s Royal Voluntary Service[18].

En , l'amiral Muselier lui confie la tâche de constituer un corps féminin des volontaires françaises auprès de la France libre, organisme officiellement créé le et institutionnalisé sous le nom de Corps des Volontaires françaises par décret. Elle en devient la commandante et organise le recrutement et les entraînements[19].

En , elle est affectée au Service du chiffre auprès du BCRA. En 1943, elle est à Alger aux côtés du général de Gaulle pour demander de l'aide aux colonies françaises. Elle défile aussi avec lui le jour de la Libération de Paris le [20]. Elle achève la guerre avec le grade de capitaine des FFL. C'est sous cet uniforme qu'elle arbitre le le match de la Libération opposant l'ancien champion Henri Cochet au jeune Yvon Pétra sur le central à Roland-Garros[2].

Après-guerre

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En 1948, elle travaille avec Jules Ladoumègue à la S.T.S. (Sport - Tourisme et Spectacles) chaussée d'Antin à Paris, une agence proposant notamment des billets pour des évènements sportifs[21]. En 1952, elle est nommée présidente de l'Amicale des sportives française, organisme créé par le Comité national des sports.

Elle est capitaine de l'équipe de France féminine de tennis de 1949 à 1960[22] puis sera présidente de la commission féminine à la Fédération française de tennis. Françoise Dürr, qui a eu Simonne Mathieu comme capitaine en sélection française en 1967, témoigne : « C'était une femme extraordinaire. Ah, elle n'était pas commode ! Elle avait un fort tempérament, un caractère militaire »[17].

Elle fait sa dernière apparition publique le à l'occasion du cinquantenaire de la construction du stade Roland-Garros. Elle meurt le et est enterrée au cimetière du Père-Lachaise[23].

Style de jeu et personnalité

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Plus à l'aise sur terre battue que sur des surfaces rapides, elle adoptait sur le court un jeu plutôt défensif et très régulier en s'appuyant sur une excellente condition physique et un coup droit puissant[24]. Elle possédait un fort tempérament et n'hésitait pas à contester les décisions arbitrales[25].

Palmarès (partiel)

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Ses treize titres en Grand Chelem (deux en simple, neuf en double dames et deux en double mixte) en font la deuxième Française la plus titrée de tous les temps, derrière Suzanne Lenglen (vingt et un trophées)[26].

En simple dames

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En double dames

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En double mixte

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Parcours en Grand Chelem (partiel)

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Si l’expression « Grand Chelem » désigne classiquement les quatre tournois les plus importants de l’histoire du tennis, elle n'est utilisée pour la première fois qu'en 1933, et n'acquiert la plénitude de son sens que peu à peu à partir des années 1950.

Décorations

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La coupe remise aux gagnantes de l'épreuve du double dames à Roland-Garros porte aujourd'hui son nom.

En 2017, la ville de Paris décide de donner son nom au 3e court principal du stade Roland-Garros, installé au cœur du jardin des serres d'Auteuil, et pratiqué pour la première fois lors des Internationaux de France de tennis 2019[29],[30]. Le court est inauguré le par le président de la Fédération Bernard Giudicelli, en présence notamment de l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, de la maire de Paris Anne Hidalgo et d'un neveu de Simonne Mathieu.

Notes et références

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  1. a b et c Catherine Eloi, « Simonne Mathieu, la deuxième plus grande joueuse française de tennis » Accès libre, Le Blog Gallica, (consulté le ).
  2. a b et c Marie-France Chatrier, « Simonne Mathieu, joueuse de tennis et femme engagée », Paris Match, no 3654,‎ 23 au 29 mai 2019.
  3. Jean-François Fournel, « L’illustre inconnue du tennis célébrée à Roland-Garros » Accès libre, La Croix, (consulté le ).
  4. Mme Mathieu, « Mme Mathieu raconte ses matchs avec Suzanne Lenglen et Hélène Wills », Le Grand écho du Nord de la France, no 269,‎ , p. 1 et 2 (lire en ligne Accès libre).
  5. « Hier, à la Croix-Catelan l'Amérique a battu la France par 8 victoires à 3 », L'Auto, no 9298,‎ , p. 1 et 4 (lire en ligne Accès libre).
  6. « Les Championnats internationaux de France », L'Auto, no 9302,‎ , p. 5 (lire en ligne Accès libre).
  7. « Les Championnats internationaux de France », L'Auto, no 9303,‎ , p. 5 (lire en ligne Accès libre).
  8. « Les Championnats internationaux de France », L'Auto, no 9307,‎ , p. 4 (lire en ligne Accès libre).
  9. « Cochet et de Stefani joueront cet après-midi la finale du Championnat de France - Mrs Moody-Wills est championne de France », L'Auto, no 11496,‎ , p. 1 et 4 (lire en ligne Accès libre).
  10. Charles Gondouin, « Tennis : Les championnats de France internationaux », Match, no 351,‎ , p. 5 (lire en ligne Accès libre).
  11. Jean Eskenazi, « Mme Mathieu a battu Miss Jacobs : Au Stade Roland-Garros, cet après-midi, notre représentante s'est qualifiée pour la finale du simple dames par 8-6, 6-3 », Paris-Soir, no 3530,‎ , p. 8 (lire en ligne Accès libre).
  12. Jean Samazeuilh, « Les finales des championnats de France internationaux : Miss Scriven ne triomphe de Mme Mathieu qu'après une lutte opinîâtre », Le Petit Marseillais, no 23734,‎ , p. 7 (lire en ligne Accès libre).
  13. Ch. Gondouin, « Boussus et Mlle Payot et Mmes Mathieu-Henrotin sont champions de Paris de tennis », Match, no 425,‎ , p. 12 (lire en ligne Accès libre).
  14. a et b Jean Samazeuilh, « A miss Round le simple dame Mme Mathieu sauve l'honneur », Excelsior, no 9698,‎ , p. 4 (lire en ligne Accès libre).
  15. Jean Samazeuilh, « Le premier joueur au monde, Donald Budge, gagne, à Paris, le Championnat de France 1938 », Le Miroir des sports,‎ , p. 4 (lire en ligne).
  16. Jacques Goddet, « Tandis que Mme Mathieu gagnait, sans peine, son titre, Mac Neill, champion de France, stupéfie son adversaire Bobby Riggs et… les journalistes américains », L'Auto, no 14058,‎ , p. 1 et 6 (lire en ligne Accès libre).
  17. a et b Nicolas Skopinski, « Simonne Mathieu, la joueuse et militaire tempétueuse célébrée par Roland-Garros » Accès libre, Slate, (consulté le )
  18. Une gloire fuyante, portrait d’une oubliée. Simonne Mathieu, mémoire de maîtrise de Séverine George (Université Paris 1)
  19. Élodie Jauneau, « Des femmes dans la France combattante pendant la Deuxième Guerre mondiale : Le Corps des Volontaires françaises et le groupe Rochambeau », Genre & Histoire, no 3,‎ (lire en ligne Accès libre).
  20. « Simonne Emma Henriette Passemard épouse Mathieu » Accès libre, sur francaislibres.net (consulté le ).
  21. Alain Bernard, « Simone Mathieu et Ladoumègue vous invitent aux voyages… », Combat,‎ , p. 5 (lire en ligne).
  22. Lucile Alard, « Simonne Mathieu, championne de l'ombre », L'Équipe,‎ , p. 15 (lire en ligne Accès payant).
  23. Olivier Merlin, « La mort de Simone Mathieu », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant).
  24. Martin Couturié, « Simone Mathieu, la maîtresse femme » Accès libre, Le Figaro, (consulté le ).
  25. « Qui es-tu Simonne ? » Accès libre, sur rolandgarros.com, (consulté le ).
  26. Apolline Merle, « Roland-Garros : Simonne Mathieu, l'âme d'une combattante » Accès libre, France Télévisions, (consulté le ).
  27. Ordre de la Libération, « Base Médaillés de la Résistance française - fiche Simonne Emma Henriette MATHIEU » Accès libre (consulté le ).
  28. « Base des médaillés de la résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  29. « Roland-Garros : le troisième court s'appellera Simonne-Mathieu » Accès libre, L'Équipe, (consulté le ).
  30. Gilles Festor, « La magie du court Simonne-Mathieu opère déjà » Accès libre, Le Figaro, (consulté le ).

Liens externes

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