Sceptre de Dagobert
Artiste | |
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Date |
VIIe siècle |
Type |
Sceptre |
Technique | |
Hauteur |
56 cm |
Localisation |
Le Sceptre de Dagobert était l'un des plus anciens regalia du royaume de France sous l'Ancien Régime, conservé dans Le Trésor de la basilique de Saint-Denis jusqu'en 1795, à la Révolution, époque à laquelle il disparut, volé dans la basilique et jamais retrouvé.
Il doit son nom à Dagobert Ier (629-639), pour qui il aurait été créé par son orfèvre Éloi de Noyon.
Description
[modifier | modifier le code]En or émaillé et filigrané, le sceptre faisait 56 cm de long. Il était constitué de trois parties superposées, la hampe, la main qui tient le globe et la statuette sommitale, la plus ancienne partie du sceptre[2],[3].
- La hampe se subdivise elle-même en trois parties principales : des panneaux d'orfèvrerie cloisonnés à motifs de cœurs de turquoise, de grenats et de perles dans la partie inférieure ; des panneaux d'orfèvrerie cloisonnés à motifs de cœurs plus larges pour la partie principale centrale et des panneaux émaillés pour la partie supérieure.
- La main filigranée semble sortir d'une manche de dentelle en or. Ornée de perles, grains d'émail et de corail, elle tient un globe, une boule ajourée et filigranée sur lequel repose le socle de la statuette sommitale.
- La statuette sommitale, en or, représente un homme aux cheveux longs (symbole de noblesse) assis sur le dos d'un oiseau stylisé. Les ailes de l'oiseau étaient incrustées de joyaux, plus particulièrement de perles, grains d'émeraude et grenats, formant une rosace sur la partie principale de chaque aile.
Ce sceptre évoque dans son apparence générale les sceptres antiques surmontés d'oiseau, en particulier les sceptres consulaires romains, surmontés d'un aigle portant l'image impériale, comme ceux qui peuvent être vus sur certains diptyques d'ivoire à Constantinople au début du VIe siècle. Un autre aspect byzantin de ce sceptre est la main qui tient un globe, ici sorte de vase (dans le cas des sceptres de Constantinople surmontés d'une croix) du VIe, VIIe siècle. Ce sceptre (dit de Dagobert) pourrait donc être une création de l'époque mérovingienne imitant un sceptre du bas-empire[4].
Histoire
[modifier | modifier le code]Origine
[modifier | modifier le code]La date de création du sceptre est, encore aujourd'hui, incertaine. La tradition veut qu'il ait, à l'origine, été créé pour le roi Dagobert Ier par son orfèvre Éloi de Noyon (plus connu sous son titre de saint Éloi). Il pourrait (du moins pour sa partie supérieure) avoir été le plus ancien des regalia de la couronne française avant la révolution.
Le sceptre à travers le temps
[modifier | modifier le code]Ce sceptre était utilisé dans la liturgie sandyonisienne (fêtes annuelles, sacre des reines).
En effet, jusque 1610, les reines de France étaient sacrées lors d'une cérémonie religieuse, à l'instar de leurs époux. Si le sacre du roi se faisait à Reims, celui des reines, quant à lui, s'effectuait le plus souvent à la basilique de Saint-Denis. Les reines disposaient aussi de leurs propres instruments de sacre parmi lesquels figuraient deux sceptres : le sceptre à la rose (disparu lors des guerres de religion) que les reines tenaient dans la main gauche, et le sceptre de Dagobert, tenu dans la main droite. La dernière reine ainsi sacrée fut la reine Marie de Médicis en 1610 qui, pour cette occasion, tenait dans une main le sceptre de Dagobert et dans l'autre, la main de justice de saint Louis.
Le trésor de l'abbaye royale de Saint-Denis en France [5] (imprimerie J.Chardon) nous indique, dans l'inventaire qu'il dresse du trésor, que le sceptre était rangé dans la deuxième des sept armoires du trésor.
Le sceptre est l'objet central d'une enquête policière dans la nouvelle éponyme d'Arnaud Fontaine[6].
Disparition
[modifier | modifier le code]Le sceptre disparut au cours de l'année 1795, à la suite de la Révolution française, dans des circonstances assez troubles[7].
Galerie
[modifier | modifier le code]-
Jeanne de Bourbon lors de son couronnement, tenant dans la main droite le sceptre de Dagobert et dans la gauche le sceptre à la Rose (enluminure - 1364).
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Planche XXIII (Monuments de Dagobert) de l'ouvrage France historique et monumentale d'Abel Hugo (1837).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Dom Bernard de Montfaucon, Les monuments de la monarchie françoise. .. , Paris, 1729
- Un autre sceptre non moins curieux est celui qui, sous le nom de Sceptre de Dagobert, fut longtemps conservé au Trésor de Saint-Denis; mais la partie supérieure seule peut être regardée comme un monument des premiers siècles de la monarchie française: elle représente un homme placé sur le dos d'un aigle qui vole, espèce d'apothéose dans le genre de celles qu'on voit sur les monuments romains, et dont le travail grossier semble se rapporter au gout de la première race. Page 220 Le Magazin Pittoresque volume 11 (1843)
- Description détaillée du sceptre dans Histoire de l'abbaye de St Denys en France, contenant les antiquités d'icelle, les fondations, prérogatives et privilèges. par Jacques Doublet, 1625, qui précise également que plusieurs antiquaires de son temps pensaient que le sceptre était originellement un sceptre consulaire
- [1], encyclopédie universelle.net
- Le trésor de l'abbaye royale de S. Denis en France qui comprend les corps saints et autres reliques précieuses..., , 16 p. (lire en ligne).
- « Le Sceptre de Dagobert », sur www.audiocite.net (consulté le )
- https://histoire.ens.fr/IMG/pdf/royaute_sacree_documents_dec-_2014.pdf