Piânkh
Piânkh | |||||||
Stèle funéraire de Piânkh (dessin d'Auguste Mariette, 1880). | |||||||
Nom en hiéroglyphe |
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Transcription | Pȝy-ˁnḫ | ||||||
Période | Nouvel Empire | ||||||
Dynastie | XXe dynastie | ||||||
Fonction principale | Grand prêtre d'Amon | ||||||
Prédécesseur | Amenhotep | ||||||
Dates de fonction | v. 1081 à 1071/1070 AEC | ||||||
Successeur | Hérihor | ||||||
Famille | |||||||
Conjoint | Hereret ? Nedjemet ? |
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Enfant(s) | ♂ Pinedjem Ier♂ Héqanéfer ♂ Héqamaât ♂ Ânkhefenmout ♀ Faienmout ♀ Nedjemet ? |
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Piânkh (ou Payânkh[1]) est soldat d’origine, nommé grand prêtre d'Amon sous le règne de Ramsès XI. Ses origines sont incertaines. Il est le père du grand prêtre d'Amon puis roi Pinedjem Ier.
Généalogie
[modifier | modifier le code]Il est le père de quatre fils, représentés sur un graffiti au temple de Louxor[2],[3] :
- Pinedjem Ier, générallissime, grand prêtre d'Amon puis roi de Thèbes,
- Héqanéfer, deuxième prêtre d'Amon,
- Héqamaât, prêtre-sem du temple de Médinet Habou,
- Ânkhefenmout, surveillant du bétail, intendant en chef d'Amon et prophète de Mout.
Il est également donné comme le père d'une Faienmout[3].
Le nom de sa épouse n'est toutefois pas certain, en effet, deux noms sont possibles : Nedjemet et Hereret[4]. Le premier nom, Nedjemet, est associé d'une part à une femme (Nedjemet A) qui est à la fois fille d'une Hereret A, sœur d'un roi, mère d'un roi, épouse d'Hérihor, d'autre part à une femme (Nedjemet B) liée à Piânkh et son fils Pinedjem Ier sans que le lien exact ne soit clair ; le second nom, Hereret, est associé d'une part - comme indiqué précédemment (Hereret A) - à la mère d'un roi et de la Nedjemet A, et d'autre part (Hereret B) à l'épouse d'un grand prêtre d'Amon[5]. Nedjemet A et B pourraient n'être qu'une seule personne et être la mère de Pinedjem Ier (ce qui ferait d'Hereret A la grand-mère de Pinedjem Ier) ou bien alors ce serait Hereret A et B qui ne seraient qu'une seule personne et la mère de Pinedjem Ier (Nedjemet A serait alors la sœur de Pinedjem Ier)[4].
Biographie
[modifier | modifier le code]Le règne de Ramsès XI, l'un des plus complexes à analyser, voit la guerre civile déchirer le pays. En effet, sur fond de rivalité économique, le grand prêtre d'Amon Amenhotep, alors en poste depuis l'an IX de Ramsès IX, se voit chasser de son pontificat par le fils royal de Koush Panéhésy. Amenhotep demande alors l'aide du roi Ramsès XI, qui envoie une armée commandé par un général non nommé (probablement Piânkh, bien qu'il puisse s'agir d'Hérihor) qui chasse Panéhésy en Nubie, devenant persona non grata et subissant un damnatio memoriae, et rétablit Amenhotep dans ses fonctions, pour une courte période car il meurt peu après. Ces évènements ont probablement eu lieu autour des ans XVII et XIX de Ramsès XI[6].
Après cet évènement, une nouvelle ère commence, nommée Ouhem-mésout, soit « Renouvellement des naissances ». Piânkh semble être l'homme fort de cette période à Thèbes, a minima de l'an VI à l'an X de l'ère Ouhem-mésout, soit de l'an XXV à l'an XXIX du règne. Il devient d'ailleurs fils royal de Koush après l'expulsion de Panéhésy puis grand prêtre d'Amon au plus tard en l'an VII de l'ère Ouhem-mésout[7].
Campagne de l'an X de Ouhem-mésout
[modifier | modifier le code]En l'an X du Ouhem-mésout (an XXVIII du règne) de Ramsès XI, le grand prêtre d'Amon Piânkh, en sa qualité de vice-roi de Koush, mena une armée en Nubie dans le but apparent de « rencontrer » un certain Panéhésy, probablement l'ancien vice-roi de Koush. Bien qu'il soit souvent postulé que le but de cette expédition était d'attaquer Panéhésy[8], cela n'est en aucun cas certain. Le verbe utilisé a le sens plus général « aller vers » plutôt que « attaquer »[9]. Le déterminatif négatif qui était utilisé dans les papyrus du pillage des tombeaux pour le désigner comme ennemi est absent[10],[11]. D'autres égyptologues ont suggéré que Piânkh était peut-être plutôt parti vers le sud pour négocier avec Panéhésy, officiellement ou non. Les sources sont en fait ambiguës sur ce point et le climat politique a peut-être changé au fil des années. Il existe des preuves qu'à cette époque, Piânkh n'était peut-être plus un serviteur fidèle de Ramsès XI, ce qui permet la possibilité qu'il négociait secrètement avec Panéhésy[12],[13], complotant peut-être même contre le roi régnant.
E. Wente écrit : « On a l'impression que le vice-roi et ses troupes nubiennes étaient loyalistes, car les propos tenus par son adversaire Piânkh dans la lettre n° 301 sont assez dénigrants envers le pharaon Ramsès XI »[14]. Dans cette lettre, mieux connue sous le nom de LRL no. 21, Piânkh remarque : « Quant au pharaon comment atteindra t'il [sic] cette terre ? Et de qui est-il encore le supérieur ? »[15].
Malheureusement, en raison de la nature très limitée des sources, les relations exactes entre les trois principaux protagonistes, Piânkh, Panéhésy et Ramsès XI restent loin d'être claires. Certains érudits pensent que la campagne nubienne faisait partie d'une lutte de pouvoir en cours entre le grand prêtre d'Amon et le vice-roi de Koush[16]. Cependant, il est également possible que Piânkh soit venu au secours de Panéhésy contre un ennemi commun. En fait, ni le but de l'expédition ni son issue ne sont hors de doute. Il a également été avancé que peu de temps après, Piânkh avait disparu de la scène, le vice-roi Panéhésy étant réinvesti dans son ancien poste de vice-roi, ce qui ne serait possible qu'avec le consentement de Ramsès XI, volontairement ou non[17].
Piânkh meurt juste après la campagne en Nubie et juste avant la fin du règne de Ramsès XI[7].
Références
[modifier | modifier le code]- Payraudeau 2020.
- Payraudeau 2020, p. 59.
- Dodson et Hilton 2004, p. 200-201.
- Payraudeau 2020, p. 58.
- Payraudeau 2020, p. 57-58.
- Payraudeau 2020, p. 51-55.
- Payraudeau 2020, p. 54-59.
- László Török, The Kingdom of Kush: Handbook of the Napatan-Meriotic Civilization, Brill Academic Publishers 1997
- E. Wente, Late Ramesside Letters, SAOC 33, 1967, 24, 25
- Jaroslav Černý, Cambridge Ancient History II3, part 2, 634.
- Ad Thijs, The Troubled Careers of Amenhotep and Panehsy: The High Priest of Amun and the Viceroy of Kush under the Last Ramessides, SAK 31 (2003), 299.
- A. Niwiński, in: I. Gamer-Wallert & W. Helck (eds), Gegengabe (Festschrift Emma Brunner-Traut), Tübingen 1992, 257-258
- Ad Thijs, I was thrown out from my city - Fecht's views on Pap. Pushkin 127 in a new light, SAK 35 (2006), 323-324, avec un paragraphe issu de SAK 31 (2003), 299
- E. Wente, Letters from Ancient Egypt, Atlanta 1990, 171; le numéro 301 n'est donné que dans cette publication
- E. Wente, Late Ramesside Letters, SAOC 33, 1967, 53.
- Jennifer Palmer, Birmingham Egyptology Journal 2014.2, 11
- Ad Thijs, The Troubled Careers of Amenhotep and Panehsy: The High Priest of Amun and the Viceroy of Kush under the Last Ramessides, SAK 31 (2003), 289-306
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Aidan Mark Dodson et Dyan Hilton, The Complete Royal Families of Ancient Egypt, Londres, Thames & Hudson, , 320 p. (ISBN 978-0500051283)
- Frédéric Payraudeau, L'Égypte et la Vallée du Nil : Les époques tardives, t. 3, Paris, PUF, coll. « Nouvelle Clio », , 624 p. (ISBN 978-2130591368)