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Patrimoine culturel immatériel — Wikipédia Aller au contenu

Patrimoine culturel immatériel

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Logotype du patrimoine culturel immatériel (PCI).

Le patrimoine culturel immatériel (PCI) est une catégorie de patrimoine issue de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par l'UNESCO en 2003.

La notion de patrimoine culturel immatériel est apparue au début des années 1990, après les recommandations de 1989 sur la protection des cultures traditionnelles, et en contrepoint du patrimoine mondial tourné essentiellement vers les aspects matériels de la culture. L'expression « patrimoine culturel immatériel » est officialisée en 1993 lors de la conférence internationale sur les nouvelles perspectives du programme du patrimoine immatériel de l'UNESCO[1]. L'idée de patrimoine immatériel en soi est cependant plus ancienne. La déclaration qui clôt la conférence mondiale sur les politiques culturelles de Mexico (1982) avait auparavant élargi le sens donné à la notion de patrimoine culturel afin d'y inclure les « créations anonymes, surgies de l’âme populaire », qu’elles soient « matérielles et non matérielles » (artº 23)[2].

En 1997 s’est tenue à Marrakech, à l’initiative d’intellectuels marocains et de l'UNESCO, une réunion au cours de laquelle a été défini le concept de « patrimoine oral de l’humanité », et décidé d’établir une distinction pour la préservation et la mise en valeur des « chefs-d’œuvre » de ce patrimoine.

Cette distinction appelée « Proclamation des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité »[3] a été octroyée pour la première fois en 2001 après étude approfondie, à une première liste de patrimoines sur candidatures proposées par les États. Une nouvelle liste est établie tous les deux ans par un jury international.

Les chefs-d’œuvre proposés doivent être une expression culturelle vivante ou menacée. Ils doivent aussi faire l’objet de programmes de préservation et de promotion, le fait d’être inscrit sur la liste de l'UNESCO n’étant pas une garantie absolue de protection.

En 2003 la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a été adoptée par l'UNESCO[4]. Elle est entrée en vigueur au mois d’, et la première Assemblée générale[5] s’est tenue au mois de . Les directives opérationnelles de cette convention sont données par le Comité intergouvernemental[6].

Avec l’entrée en vigueur de la Convention, le programme de la proclamation a pris fin. À l’image du patrimoine mondial, ont été créées des listes : une liste représentative et une liste de sauvegarde urgente, où ont été inscrits les chefs-d’œuvre précédemment proclamés, et où de nouveaux éléments sont inscrits annuellement depuis 2008[7]. En 2015, un total de 163 États avaient déposé leurs instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion pour la Convention[8].

Définition

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En 2001, l’UNESCO a effectué une enquête[9] auprès d’États, d’organisations internationales et d’ONG afin de définir ce terme, et une Convention[10] a été adoptée pour sa protection.

Selon la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adopté le le patrimoine culturel immatériel (PCI) – ou patrimoine vivant – est la source principale de notre diversité culturelle et sa continuation une garantie pour une créativité continue et est défini ainsi :

« On entend par patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et la créativité humaine. Aux fins de la présente Convention, seul sera pris en considération le patrimoine culturel immatériel conforme aux instruments internationaux existants relatifs aux droits de l’homme, ainsi qu’à l’exigence du respect mutuel entre communautés, groupes et individus, et d’un développement durable. »

— Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel

La Convention définit également des domaines dans lesquels le patrimoine immatériel peut se manifester[11] :

La sauvegarde du patrimoine culturel immatériel s'effectue à deux échelles différentes : une sauvegarde à échelle nationale[12], notamment avec la mise en place d'un inventaire du PCI dans chaque État partie, et une sauvegarde à échelle internationale qui s'organise en deux listes de sauvegarde et un registre[13] :

Sauvegarde internationale

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Modalités d’inscription sur les listes

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Selon Cécile Duvelle, responsable de la division du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO : « La Liste représentative ne vise pas à récompenser les meilleures expressions culturelles du monde. La seule chose que l’on prend en compte, c’est l’importance subjective qu’a telle ou telle pratique pour la communauté qui la maintient en vie »[14]. Les modalités d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel diffèrent donc de celles de la Liste du patrimoine mondial inscrivant des biens « qui ont une valeur universelle exceptionnelle »[15].

Les dossiers d’inscription complexes doivent être complétés par les pays concernés. Ainsi certains pays motivés par les inscriptions comme la Chine ou la Croatie peuvent paraître surreprésentés alors qu’aucun pays africain n’a présenté de dossier en 2010[16]. Cécile Duvelle regrette également l’« instrumentalisation politique à des fins nationalistes » après l’inscription de pratiques culturelles dans certains pays[14].

En 2013, le Comité a inscrit quatre éléments sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente, un outil qui permet aux États parties à la Convention de mobiliser la coopération et l’assistance nécessaires pour assurer la transmission de ce patrimoine avec la participation des communautés concernées. La Liste de sauvegarde urgente compte ainsi désormais 35 éléments inscrits. Le Comité a par ailleurs inscrit 25 éléments sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel, qui vise à assurer une plus grande visibilité du patrimoine immatériel et à faire connaître des traditions et des savoir-faire portés par les communautés sans pour autant leur reconnaître de critère d’excellence ou d’exclusivité. Au cours de cette réunion, quatre des 158 États parties à la Convention (Éthiopie, ex République yougoslave de Macédoine, Niger et Ukraine) ont vu des éléments inscrits sur cette Liste pour la première fois. La Liste représentative compte désormais 281 éléments inscrits au total.

Fin 2021, la Liste représentative compte 530 traditions inscrites, issues de 136 pays ; 58 sont multinationales. La France compte à cette date 23 inscriptions. La Liste de sauvegarde urgente recense pour sa part 71 éléments dans le monde[17].

Plusieurs dizaines de traditions sont inscrites sur la liste en décembre de chaque année. En ce qui concerne la France, il faut d'abord que le dossier soit retenu par l'inventaire national du ministère de la Culture, puis jugé apte après avis consultatif du Comité du patrimoine ethnologique et immatériel (CPEI) ; ce pays est limité à une candidature tous les deux ans. Les candidatures multinationales, davantage encouragées au nom de la promotion de la paix par la voie de la culture, n'ont pour leur part pas de limite de temps. En 2021, la calligraphie arabe est par exemple inscrite, le dossier étant présenté conjointement par seize États[17].

Une fois le dossier envoyé, sa sélection se déroule en deux temps. Une première année est consacrée à vérifier qu'il est complet, la seconde un comité composé d'experts et de membres d'ONG l'évalue. Une fois l'inscription acquise, le ou les États doivent présenter, tous les quatre ans pour la liste urgente, tous les six pour la liste représentative, un rapport au comité. Les éléments peuvent être retirés, ce qui est déjà arrivé[17].

Concernant les critères pour la sélection des programmes, projets et activités reflétant le mieux les principes et objectifs de la Convention, on peut prendre exemple sur le Koutammakou. Le Koutammakou est une région située au nord du Togo et du Bénin, en Afrique de l'Ouest, qui abrite les Batammariba. Au Togo, cette région est inscrite depuis 2004 au patrimoine mondial de l'UNESCO en tant que « paysage culturel vivant » parce qu'elle est le témoignage vivant d'une culture traditionnelle africaine profondément respectueuse de la nature. En 2006, le Patrimoine culturel immatériel (PCI) de l'UNESCO, dirigé par le professeur Henrikus (Rieks) Smeets, éminent linguiste, a monté un « Programme de préservation du patrimoine culturel immatériel des Batammariba » favorisant la transmission des savoirs, notamment l'apprentissage du ditammari, langue des Batammariba, dans les écoles primaires du Koutammakou. Il a également pour but d'éviter les dérives d'un tourisme irresponsable. Ce programme, coordonné de 2008 à 2012 par Dominique Sewane, auteur de nombreuses publications sur la vie cérémonielle des Batammariba, a été installé au Koutammakou par les ministères de la Culture et de l'Enseignement primaire du Togo.

Listes du patrimoine culturel immatériel

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Les listes du patrimoine culturel immatériel ont été établies en 2008, lorsque la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a pris effet[4]. Avant cela, un projet connu sous le nom de « patrimoine culturel immatériel de l'humanité » a déjà été actif, par proclamation[18], et avait pour but la reconnaissance de pratiques vivantes, immatérielles, tels que des traditions, des coutumes, des espaces culturels et les acteurs locaux qui soutiennent ces formes d'expressions culturelles. Lancé en 2001 et organisé jusqu'en 2005, 90 pratiques ont été proclamées chefs-d'œuvre du patrimoine immatériel de l'humanité de 2001 à 2006 dans le monde entier[19]. Ces 90 chefs-d'œuvre, déjà proclamés avant la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, ont été incorporés à la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité dès 2008[20].

Notes et références

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  1. Christian Hottin, Le patrimoine culturel immatériel : premières expériences en France, Arles, Actes Sud, , 365 p. (ISBN 978-2-7427-8977-1), p. 12
  2. SILVA, A. J. M., Le régime UNESCO, Charleston, Create Space, , 219 p. (ISBN 978-1-5329-9711-2 et 1-5329-9711-6, lire en ligne), p. 82-83
  3. Proclamation des chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité
  4. a et b Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel
  5. Assemblée générale
  6. Comité intergouvernemental
  7. Listes sur le site de l’Unesco
  8. Liste des États parties de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, consulté le 22 avril 2014
  9. Réunion de 2001 - définition de l’UNESCO.
  10. Site officiel de l’UNESCO.
  11. « Texte de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel - Art.2.2 », sur unesco.org (consulté le )
  12. « Texte de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel - Art.11-15 », sur Unesco (consulté le )
  13. « Listes du patrimoine culturel immatériel et registre des meilleures pratiques de sauvegarde », sur Unesco (consulté le )
  14. a et b La gastronomie française, ça intéresse qui ?, Lluís Uría, Courrier international d’après La Vanguardia, 25 novembre 2010
  15. Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, 1972, Article 1
  16. Le patrimoine immatériel, un inventaire à la Prévert, Florence Evin, Le Monde, 17 novembre 2010
  17. a b et c Stéphane Kovacs, « Patrimoine immatériel de l'UNESCO : la longue quête du graal », Le Figaro,‎ 18-19 décembre 2021, p. 21 (lire en ligne).
  18. « Unesco issues first ever proclamation of masterpieces of the oral and intangible heritage », sur Unesco (consulté le )
  19. UnescoPresse, « La Samba de Roda et le Ramlila figurent désormais parmi les Chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité », sur portail Unesco (consulté le )
  20. « Critères et calendrier d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité », sur Unesco (consulté le )

Sur les autres projets Wikimedia :

Une catégorie est consacrée à ce sujet : Patrimoine culturel immatériel.

Bibliographie

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  • Ariane Devanthéry, «Recensement, inventaire et collections: quand le matériel rencontre l'immatériel», dans PatrimoineS Collections cantonales vaudoises n° 3 (Service des affaires culturelles de l'État de Vaud), Lausanne 2018, pp. 178–185.
  • Chiara Bortolotto, Le patrimoine culturel immatériel. Enjeux d’une nouvelle catégorie, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, 2015, 252 p. (ISBN 9782735118182)
  • Rinatu Coti, Joachim Oelsner et Liliane Perrin-Bensahel, Droit et patrimoine culturel immatériel, L'Harmattan, 2013, 220 p. (ISBN 9782336321578)
  • Juliette El-Abiad, Le patrimoine culturel immatériel, L'Harmattan, 2014, 160 p. (ISBN 9782343028460)
  • Silva, António José Marques da, Le régime UNESCO, Charleston, Create Space, , 219 p. (ISBN 978-1-5329-9711-2 et 1-5329-9711-6, lire en ligne)
  • Li Wang, La Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Son application en droits français et chinois, Éditions L'Harmattan, 2013, 520 p. (ISBN 9782296532984)
  • Dominique Sewane,
    • Rapport final en vue de l’inscription du Koutammakou, pays des Batammariba au Togo sur la liste des sites classés du Patrimoine mondial de l’Unesco, , 102 pages
    • Rapport de coordination du Programme de sauvegarde du Patrimoine culturel immatériel des Batammariba du Koutammakou – Première Phase (- )
    • « Rites et pensée des Batammariba » pour les écoles primaires du Togo, Ministère des Enseignements Primaire Secondaire et de l’Alphabétisation du Togo, Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO, Éditions Haho, Togo, Lomé, 2009, in Programme de sauvegarde du Patrimoine immatériel des Batammariba – Unesco-Japan.
    • Le souffle du mort : la tragédie de la mort chez les Batãmmariba du Togo - Bénin, éd. Plon, collection Terre humaine, 2007, 849 p. + pl. (ISBN 978-2-266-17579-1) (prix Robert Cornevin)
    • La nuit des grands morts : l’initiée et l’épouse chez les Tamberma du Togo (préface de Jean Malaurie), Economica, Paris, 2002, 272 p. + pl. (ISBN 2-7178-4484-8) (texte remanié de la thèse : La Lance et le Serpent - rituels initiatiques du difuani et du dikuntri des Ba-Tammariba du Togo - EPHE - 1999)
    • Les Batãmmariba, le peuple voyant : carnets d’une ethnologue, éditions de La Martinière, Paris, 2004, 192 p. (ISBN 2-7324-3209-1)
    • Koutammakou - Lieux sacrés, avec Bantéé N’Koué et Bakoukalébé Kpakou, préface de Jean Malaurie, postface de Marcus Boni Teiga, éditions Hesse, 2018  (ISBN 978-2-336-29117-8)
    • Benjamin Loyauté, Le bruit des bonbons, the astounding eyes of Syria, textes de Sophie Cluzan (conservateur du patrimoine ), Barbara Casavecchia (critique d’art), Véronique Grandpierre (Chercheur au laboratoire Identités, Cultures et Territoires) ou France Desmarais (Directrice des Programmes, ICOM) entretien avec l'artiste par Florence Ostende (curator Barbican Center), Paris : Éditions Dilecta, 2016 (ISBN 978-2-37372-015-0).
  • Jean Pierre Vallat (dir.), Le Togo : lieux de mémoire et sites de conscience, L’Harmattan, Paris, 2013, 204 p.+ pl. (ISBN 978-2-336-29117-8)

Articles connexes

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Liens externes

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