Pépin de Landen
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Pépin de Landen ou Pépin l'Ancien (né vers 580 - mort en 640[1]) est un maire du palais d'Austrasie de 624 à 629, puis de 639 à 640.
Origine familiale
[modifier | modifier le code]Aucun document contemporain ne mentionne le nom de ses parents, et la Vita Garitrudis abbatissae Nivialencis rédigée au VIIe siècle se borne à dire que son origine est si illustre que nul en Europe n'ignore le nom et la gloire de ses aïeux. Au Xe siècle, la Genealogia regum Francorum parle de « Carloman, maire du Palais d'Austrasie sous Thibert II [596-612] et père de Pépin »[2], puis au XIe siècle, la Vita Pippini ducis le dit simplement fils d'un Carloman, sans plus de précision. La documentation contemporaine ne permet pas de confirmer l'existence d'un maire du palais nommé Carloman au début du VIIe siècle. Les historiens sont partagés sur l'existence même de Carloman, certains rejetant complètement l'information[3]. Mais cette mention de Carloman comme père de Pépin dans la Vita Pippini ducis n'apporte pas de prétention particulière et semble être issue d'une autre source que la Genealogia regum Francorum. De plus, à la naissance de Charles Martel, le continuateur de Frédégaire, indique que son père Pépin de Herstal le nomma d'un nom pris à sa propre langue, c'est-à-dire à sa langue maternelle, ce qui indique que le prénom de Charles provient de sa famille maternelle, donc celle de Pépin de Landen[4].
Quant à sa mère, elle reste inconnue des différentes sources tant contemporaines qu'ultérieures. Cependant, on peut remarquer dans la parenté proche de Pépin un certain nombre de porteurs de prénoms agilolfinges. Il est en effet frère d'une Waldrade[5] et père d'un Grimoald et d'une Gertrude. Comme aucun document ne mentionne Pépin comme un Agilolfinge, ce dernier ne peut être allié à cette famille que par les femmes. Chronologiquement, le seul lien agnatique qui rende compte de cette onomastique est que la mère de Pépin de Landen soit une fille de Garibald, premier duc de Bavière, et de son épouse Waldrade, veuve des rois Thibaut et de Clotaire Ier. Compte tenu de la transmission du prénom Gertrude, qui est celui d'une probable nièce de Garibald, à la fille de Pépin, il est possible que la mère de Pépin portait ce prénom[6].
Biographie
[modifier | modifier le code]Il est cité pour la première fois dans la Chronique de Frédégaire en 613, comme l'un des nobles austrasiens qui font appel à Clotaire II dans le but d'inciter ce dernier à conquérir le royaume d'Austrasie et de déposer la reine Brunehaut. Arnoulf, également noble franc d'Austrasie, s'associe à cette ambassade. Après avoir vaincu le roi Sigebert II et conquis le royaume d'Austrasie, Clotaire II confie à Pépin l'éducation de son fils aîné, le futur roi Dagobert Ier.
En 623, les principaux nobles austrasiens, dont Pépin et Arnoulf, devenu évêque de Metz, demandent un roi particulier à Clotaire II. Devant leur insistance, Clotaire II nomme roi d'Austrasie son fils Dagobert et confie à Pépin le poste de maire du palais d'Austrasie[7]. Dagobert Ier succède à son père en 629 pour l'ensemble du royaume franc, mais ne tarde pas à se débarrasser des conseillers placés par son père : Arnoul doit quitter l'épiscopat de Metz pour un ermitage, et Pépin est disgracié et remplacé par le duc Adalgisel[8].
À la mort du roi Dagobert, en 639, il s'allie à un certain Cunibert et rejoint Sigebert III, roi d'Austrasie, qui le nomme maire du palais et le charge de se rendre à Compiègne afin de récupérer le tiers du trésor royal destiné à Sigebert. Mais il ne profite pas de son retour au pouvoir et meurt peu après, en 640[9].
Tombeau
[modifier | modifier le code]Quant à la dépouille du bienheureux Pépin, mort près de Metz ou à Metz, elle fut inhumée dans son domaine de Landen, puis après quelques années, sa veuve Itta fit transférer sa dépouille à Nivelles.
Des fouilles entreprises en 1981 à Sinte-Gitterdal, ont permis de mettre au jour les fondations d'une ancienne chapelle, crypte de la famille des Pépinides, tombée en ruine en 1756. Un musée archéologique conserve les différentes phases de construction de cette chapelle.
Le site de Sinte-Gitterdal fut classé comme « paysage protégé » par Arrêté royal du . Les ruines de la chapelle et le tumulus de Pépin de Landen furent tous deux classés « monuments » par Arrêté royal du .
Mariage et descendance
[modifier | modifier le code]Il épouse Itte Idoberge qui, selon les Annales Laubienses, écrites au XIe siècle, serait issue d'une famille sénatoriale d'Aquitaine, sœur de Modoald, évêque de Trêves. De ce mariage sont nés :
- Grimoald, né vers 615, maire du palais d'Austrasie et assassiné en 657 ;
- Begga[10], morte vers 693, femme d'Ansegisel, ancêtre des Carolingiens, abbesse d'Andenne après son veuvage ;
- Gertrude (v. 626 † 659), abbesse de Nivelles après la mort de sa mère.
Généalogie
[modifier | modifier le code]Clotaire Ier roi des Francs | Waldrade princesse lombarde | Garibald Ier duc de Bavière | Theodebald duc | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Carloman noble franc | (Gertrude) | Grimoald | Tassilon Ier duc de Bavière | Gertrude ép.Richomer | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Itte Idoberge | Pépin de Landen maire du palais | Waldrade | Agilolfinges | Gerberge | Bertrude ép.Clotaire II | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Grimoald maire du palais | Gertrude abbesse de Nivelles | Begga ép.Ansegisel | Waldgisel noble à Verdun | Erchinoald maire du palais | Dagobert Ier | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Plectrude | Pépin de Herstal maire du palais | Alpaïde | Wandregisel abbé de Fontenelle | derniers Mérovingiens | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Grimoald maire du palais | Charles Martel maire du palais | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Carolingiens | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Légende
[modifier | modifier le code]Sa descendance ayant accédé au trône royal puis impérial, sa noblesse est par la suite associée à la sainteté, soutenue par le fait que sa veuve et deux de ses filles étaient des religieuses renommées et vénérées. Au XIe siècle, une Vie de saint Pépin est rédigée. Au XIIIe siècle, une généalogie des ducs de Brabant le place comme le premier d'entre eux et lui attribue comme patronyme le nom d'une de ses terres, celle de Landen. C'est cette qualification qui sert encore aujourd'hui à le nommer[1]. Il est honoré le 21 février comme Saint par les Églises chrétiennes[11],[12].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Settipani 1989, p. 49 et Settipani 2014, p. 130.
- Information reprise par Fustel de Coulanges, Histoire des institutions politiques de l'ancienne France, vol. 6, livre II, Paris, Hachette, (lire en ligne), p. 125.
- Karl August Eckhardt, Studia Merovingica, Witzenhausen, .
- Settipani 1989, p. 67 et Settipani 2014, p. 152.
- Selon Ummo, dans sa Vita Arnulfi (au milieu du IXe siècle). Cette Waldrade serait la mère de Wandregisel, fondateur de l'abbaye de Saint-Wandrille.
- Settipani 1989, p. 68 et Settipani 2014, p. 153-155.
- Settipani 1993, p. 147-8.
- Settipani 1989, p. 48 et Settipani 2014, p. 130.
- Settipani 1989, p. 48-9 et Settipani 2014, p. 130.
- probable déformation de Gerberge (Settipani 1993, p. 152).
- Saint Pépin de Landen sur Nominis.
- Saints pour le 21 février du calendrier ecclésiastiquesaints pour le 21 février du calendrier ecclésiastique orthodoxe.
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Pierre Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », (réimpr. 1997), 490 p. (ISBN 2-01-278851-3, présentation en ligne).
- Christian Settipani, Les Ancêtres de Charlemagne, Paris, , 170 p. (ISBN 2-906483-28-1).
- Les Ancêtres de Charlemagne, Oxford, P & G, Prosopographia et Genealogica, coll. « Occasional Publications / 16 », , 2e éd. (1re éd. 1989), 347 p. (ISBN 978-1-900934-15-2).
- Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle Histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), Villeneuve-d'Ascq, éd. Patrick van Kerrebrouck, , 545 p. (ISBN 978-2-95015-093-6).
- Jean-Charles Volkmann, Bien connaître les généalogies des rois de France, Éditions Gisserot, , 127 p. (ISBN 978-2-87747-208-1).
- Michel Mourre, Le Petit Mourre. Dictionnaire d'Histoire universelle, Éditions Bordas, (ISBN 978-2-04-732194-2).