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Mur d'argent

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Le superpatriote déserteur.
Affiche de Pierre Dukercy pour la campagne électorale du parti radical-socialiste aux élections législatives de , dénonçant l'évasion fiscale sous le cartel des gauches en .

Le mur d'argent (ou mur de l'argent) est une expression symbolique employée en France lors de la crise monétaire qui suit la Première Guerre mondiale durant le Cartel des gauches, sous la présidence du Conseil d'Édouard Herriot, en . Elle désigne l'opposition des milieux bancaires, financiers ou industriels aux mesures d'Herriot et par extension à tout gouvernement de gauche.

Origine et contexte

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Après la Première Guerre mondiale, la France est endettée et l'inflation appauvrit les épargnants. Le bloc national, toujours réuni autour du principe de l'union sacrée, est au gouvernement. Il doit cependant faire face à une agitation sur le plan social dès [1].

La situation économique française est dégradée et le pays fait face à une crise monétaire, car la France en dettes comptait sur les réparations de guerre, accordées par le Traité de Versailles en , pour retrouver son équilibre financier ; mais à partir de , l'Allemagne est en défaut de paiement à la suite de l'hyperinflation et de l'effondrement du mark[2]. Afin de faire pression sur le pays, le président du Conseil, Raymond Poincaré, décide d'envahir la Ruhr. En France, il augmente les impôts et refuse obstinément de dévaluer le franc, pensant, comme tout le corps social, pouvoir revenir à la valeur du franc-or d'avant guerre[3],[4],[5].

Le voilà, le « mur d'argent » !
Affiche de Charles de Boussay retournant le thème du mur d'argent contre le cartel des gauches[6].
Paris, Imprimerie service de propagande, .

Face aux difficultés, le bloc se disloque progressivement et le cartel des gauches remporte les élections législatives de , menant Édouard Herriot à la présidence du Conseil. En , il accepte le plan Dawes qui réévalue à la baisse les réparations de guerre dues par l'Allemagne et demande l'évacuation des troupes françaises de la Ruhr.

Inspiré par Jaurès, il suggère un impôt sur le capital, entrainant la fuite des capitaux, la dépréciation du franc et l'inflation. Son gouvernement hérite d'une gestion dont il n'est pas responsable, celle d'une multiplication des prêts et du dépassement des plafonds d'avances de la Banque de France. En , il est obligé de démissionner à la suite de la publication — délibérée —, des faux bilans de la Banque de France[7], par le responsable lui-même, le gouverneur Georges Robineau. Herriot n'en avait été informé qu'en . Ne faisant rien, afin d'éviter la panique et espérant un rétablissement prochain, il est pris en otage par le chantage de la banque[8],[9],[10].

La presse, Herriot lui-même, ou des hommes politiques considèrent alors que le « mur d'argent » — expression dont les historiens ignorent l'origine précise — est responsable de l'aggravation des difficultés financières du pays[11],[12].

Fin , le gouverneur Georges Robineau, le sous-gouverneur Paul Ernest-Picard et le secrétaire général Albert Aupetit sont démis de leur fonction. Pour Joseph Caillaux, il convient de nettoyer « les écuries d'Augias à la Banque de France »[8],[13].

Postérité

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Raymond Poincaré est rappelé et, finalement après des hésitations et débats entre stabilisateurs et revalorisateurs, en , il accepte la dévaluation de la monnaie avec le franc Poincaré ou « franc à quatre sous », dévalué de 80 % par rapport au franc Germinal d'avant-guerre. La convertibilité-or du franc, ainsi que la confiance, sont rétablies[5].

D'autres dévaluations suivront toutefois en , et .

L'expression symbolisant l'hostilité des « grandes puissances d’argent » envers les gouvernements de gauche relève du combat politique et de la dénonciation du poids des milieux économiques dans le gouvernement de la France ; elle préfigure l'expression « deux cents familles » du Front populaire[14].

Pour Serge Berstein ce que montre « l'action politique du monde de l'argent durant les mois du Cartel, c'est son refus de voir un gouvernement conduire une action s'appuyant à la fois sur les mécanismes économiques libéraux et sur des conceptions de gauche dans l'ordre politique et social »[15]. Inversement, la droite a déclaré l'incompétence de la gauche en matière économique et financière[16]. L'expression est encore utilisée chaque fois qu'un homme de gauche est amené à gouverner. Elle le fut à propos de François Mitterrand ou de François Hollande[17].

Notes et références

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  1. Jean-François Sirinelli, chap. II « Les espoirs des années Vingt », dans Le siècle des bouleversements : de à nos jours, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Une histoire personnelle de la France », , 321 p. (ISBN 978-2-13-062021-1 et 978-2-13081-960-8, DOI 10.3917/puf.siri.2014.01, lire en ligne), p. 57–68.
  2. Xavier Mauduit (présentateur), André Orléan (invité) et Marie-Bénédicte Vincent (invité), « À vos marks ! , l'hyperinflation ruine l'Allemagne » [audio], Le Cours de l'histoire, France Culture, .
  3. Orléan 2008.
  4. Mouré 1991.
  5. a et b Tristan Gaston-Breton, « , le dilemme du franc Poincaré », Les Échos, .
  6. Nicolas Beaupré et Henry Rousso (dir.), Les grandes guerres : , Paris, Belin, coll. « Histoire de France » (no 12), , 1143 p. (ISBN 978-2-7011-3387-4 et 978-2-7011-8921-5, présentation en ligne), p. 240.
  7. Duchaussoy 2011b, p. 11 [lire en ligne].
  8. a et b Blancheton 2005.
  9. Jackson 2010.
  10. Philippe Simonnot, « Quand la Banque de France falsifiait ses bilans », Le Monde, .
  11. Duchaussoy 2011.
  12. Garrigues 2011.
  13. Blancheton 2014.
  14. Vincent Duchaussoy, « Les socialistes, la Banque de France et le «mur d’argent » (1981-1984) », Vingtième Siècle,‎ , p. 111-122 (lire en ligne)
  15. Berstein 1978, p. 493.
  16. Le Naour 2022.
  17. Jean-Noël Jeanneney , « Le Mur de l'argent : 1924 » [PDF], sur europartenaires.net, .

Bibliographie

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Sur la résurgence du mur d'argent :

Articles connexes

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