En 1945, quand l'île de Taïwan revint sous contrôle du Kuomintang de la République de Chine, le mandarin standard fut décrété langue officielle du territoire et enseigné dans les écoles (avant 1945, le japonais était la langue officielle en vigueur et enseignée sur l'île). Depuis, le mandarin était devenu lingua franca entre les différents groupes ethniques et linguistiques de Taïwan : la majorité Hoklo (Hokkien) parlant le taïwanais, les Hakka leur langue, les personnes originaire de la Chine continentale parlant diverses langues chinoises, et les aborigènes de Taïwan leurs langues propres.
Jusque dans les années 1980, l'administration du Kuomintang a constamment promu l'utilisation du mandarin standard et découragé l'usage du taïwanais et d'autres langues locales, les considérant généralement comme inférieures. Le mandarin était la seule langue utilisée dans les médias. Il y eut un retour de flamme dans les années 1990. Bien que les plus fervents promoteurs de l'indépendance de Taïwan tendaient à opposer à l'utilisation du mandarin standard celle du taïwanais, le mandarin reste prééminent. De nos jours, le mandarin est enseigné par immersion linguistique débutant à l'école maternelle. Plus tard, l'enseignement se fait seulement en mandarin, si ce n'est pour les classes en langue locale où l'enseignement de celles-ci se fait à raison de quelques heures par semaine depuis le milieu des années 1990.
Le mandarin taïwanais (comme pour le singlish et de nombreuses autres situations de continuum créole) est parlé en différentes variantes selon la classe sociale et la situation des locuteurs. Les occasions formelles demandent un niveau acrolectal du Guóyǔ, qui diffère en pratique quelque peu du mandarin standard. Des situations moins formelles imposent une forme basilectale, qui comprend davantage de spécificités taïwanaises. Les locuteurs taïwanais bilingues pratiquent l'alternance codique entre le mandarin et le taïwanais, parfois en la même phrase.
Le mandarin est parlé aisément par la quasi-totalité de la population, sauf parfois les personnes âgées qui ont été éduquées en japonais. En la capitale Taipei, où se trouve une importante concentration de personnes issues du continent et dont la langue maternelle n'est pas le taïwanais, le mandarin est cependant davantage pratiqué et maîtrisé.
Il existe deux catégories de prononciation différentes. La première concerne des différences par rapport au mandarin standard (il s'agit généralement de différences dans les tons plus que par rapport aux voyelles et consonnes). La seconde est plus générale, avec des différences non officielles et provenant généralement de l'influence du taïwanais sur le Guóyǔ.
Il n'y a que peu de différences dans la prononciation officielle, essentiellement dans les tons, entre le Guóyǔ et le mandarin standard. Une liste complète est disponible à http://www.zhongwen.com/x/guopu.htm.
Ci-dessous une liste partielle de ces différences :
En basilecte mandarin taïwanais, les sons qui n'existent pas en taïwanais sont remplacés par des sons issus de cette langue. Ces variations du mandarin standard sont similaires aux variations du mandarin parlées dans le sud de la Chine continentale. En utilisant le système du hanyu pinyin, les changements de sons suivants interviennent (du mandarin standard au taïwanais suivi d'un exemple) :
f- devient hu- (fan – huan反→緩) ou f bilabial similaire au japonais [1]
La construction en mandarin standard de questionnement par l'indication de l'affirmative et de la négative 有…沒有 (avoir... ne pas avoir?) n'est pas utilisée en mandarin de Taïwan.
Par exemple : 你有汽車沒有? (littéralement « vous avoir voiture pas avoir? ») ne se retrouve généralement pas en mandarin de Taïwan, où l'usage serait plutôt la construction en mandarin standard 你有没有汽车? (lit. « vous avoir pas avoir voiture? »). Les deux phrases ont la même signification, à savoir « Avez-vous une voiture? ».
En certains contextes, la construction utilisant 有 est généralement utilisée lorsque la particule finale de la phrase 了 serait généralement utilisée pour dénoter un aspect accompli. En l'espèce, un Taïwanais dirait « 你有吃飯嗎? » pour signifier « Avez vous mangé? » alors que le mandarin standard exprimerait « 你吃饭了吗? ». Ceci est dû à l'influence de la grammaire du taïwanais qui utilise 有 en un même contexte.
Les différences de vocabulaire peuvent être distinguées en cinq catégories, soit un usage différent du même terme, les mots-valise, les termes techniques, les idiomes et les mots spécifique au mode de vie à Taïwan. À cause du faible volume d'information circulant entre la Chine continentale et Taïwan après la guerre civile, de nombreux objets et concepts qui ont été créés depuis la scission du pays ont des noms différents en Guóyǔ (mandarin de Taïwan) et en Putonghua (mandarin standard). De plus, de nombreux termes ont été adoptés du japonais de par la proximité géographique et politique depuis 1949, mais aussi à cause du statut de colonie japonaise de Taïwan au cours de la première moitié du XXe siècle.
Certains termes ont différentes significations à Taïwan et en Chine continentale, qui peuvent mener à des incompréhensions entre les locuteurs des deux territoires. Il existe généralement des termes non ambigus qui peuvent être compris par tous.
Tel quel, c'est un verbe rarement rencontré en un contexte formel à Taïwan, alors qu'il est couramment utilisé en Chine continentale en des contextes officiels.
窩心 (T) 窝心 (S) wō xīn
Quelque chose de chaleureux
Être préoccupé
出租車 (T) 出租车 (S) chū zū chē
Voiture de location
Taxi
A Taïwan, les taxis sont appelés 計程車 (jì chéng chē), qui est utilisé moins fréquemment en Chine continentale.
計算機 (T) 计算机 (S) jì suàn jī
Calculateur
Ordinateur
Termes non ambigus :
計算器 (T) / 计算器 (S) (calculateur)
電腦 (T) / 电脑 (S) (ordinateur).
研究所 yán jiū suǒ
Ecole supérieure (Les formations en dessus de la licence c'est-à-dire le master et le doctorat)
Institut de recherche
愛人 (T) 爱人 (S) ài ren
Amoureux (non marié)
Conjoint
Le terme ài ren n'est pas utilisé à Taïwan; l'expression usuelle est 男朋友 nánpéngyǒu / 女朋友 nǚpéngyǒu (litt. ami masculin / ami féminin) au sens de petit(e) ami(e).
Certains termes peuvent être compris des deux côtés pour une même signification. Il existe cependant un usage privilégié de part et d'autre.
Le terme machi (麻吉Pinyin: májí) est une translittération de l'anglaismatch (s'accorder), est utilisé pour décrire des choses ou des gens complémentaires l'un de l'autre.
le terme anglais hamburger a été adopté par les communautés sinophones. À Taïwan, la translittération 漢堡 (Pinyin: hànbǎo) est préférée à 漢堡包 (Pinyin: hànbǎobāo).
le terme Fensi (粉絲) est une translittération de l'anglais fans, et est utilisé pour décrire des fans ou des personnes idolâtrant une star.
Les termes « 阿公agōng » et « 阿嬤amà » sont plus couramment entendus que les termes du mandarin standard 爺爺yéye (grand-père paternel), 外公wàigōng (grand-père maternel), 奶奶nǎinai (grand-mère paternelle) et 外婆wàipó (grand-mère maternelle).
Certaines nourritures locales sont évoquées sous leur nom taïwanais. Parmi ceux-ci :
↑Ceci s'applique au locuteur natif hoklo - le locuteurs hakka maintiennent précisément l'opposé : (par exemple hua - fa花→發)
↑Souvent écrit en utilisant l'équivalent mandarin 刨冰, mais prononcé en utilisant le mot taïwanais.
↑Score Google dans China Times (中時電子報) et Liberty Times (自由時報) sont inclus.
↑Peut être un piège, car 見笑 signifie « se moquer de » en mandarin standard. Le contexte indiquera quel sens doit être donné.
↑De nombreuses personnes à Taïwan utilisent la prononciation mandarine (guīmáo).
↑l'écriture 凍蒜 vient sans doute de 1997, quand le prix de l'ail a grimpé, et que la population demanda au gouvernement une régulation des prix.
↑Dérivé de la prononciation taïwanaise (POJ: kî-bông-jí, API : /ki˧˧bɔŋ˧˧ʑi˥˧/)
↑La plupart des personnes à Taïwan emploient la prononciation taïwanaise (POJ: o·-bá-sáng, API : /ɔ˧˧ba˥˥sang˥˧/)
↑Dérivé de la prononciation taïwanaise (烏鰱, POJ: o·-liân, API : /ɔ˧˧liɛn˧˥/)
↑La plupart des personnes à Taïwan emploient la prononciation taïwanaise (POJ: o·-jí-sáng, API : /ɔ˧˧ʑi˥˥sang˥˧/)
↑計算機 peut également signifier « calculateur » à Taïwan.
↑The first character 閣 is usually omitted when placed behind the surname. For example, the current premier is Su Tseng-chang (蘇貞昌). Since his surname is 蘇, he may be referred to in press as 蘇揆.
↑The numbers are a bit misleading in this case because in the PRC, 公车 also refers to government owned vehicles.
↑Les jeunes de Taïwan utilisent également ce mot Young people in Taiwan also use this word to refer to someone or something extremely damnable.
Tseng, Hsin-I. (2003). The syntax structures of contemporary Taiwanese Mandarin [當代台灣國語的句法結構]. Unpublished master's thesis, National Taiwan Normal University, Taipei.
(Note : il existe de nombreuses classifications, celle-ci n'est qu'un exemple ; les catégories en italique ne sont pas unanimement reconnues comme des catégories indépendantes.)