Mammouth de Durfort
Mammouth de Durfort | ||||
L'« éléphant de Durfort », le spécimen de mammouth méridional le plus complet découvert en France. Exposé à Paris, au Muséum national d'histoire naturelle, il est constitué de 180 ossements attachés aux segments du socle par des colliers en acier pour éviter de les percer comme cela était encore l'habitude à la fin du XIXe siècle[1]. | ||||
Coordonnées | 43° 59′ 27″ nord, 3° 57′ 18″ est | |||
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Pays | France | |||
Région française | Occitanie | |||
Département français | département du Gard | |||
Localité voisine | Durfort-et-Saint-Martin-de-Sossenac | |||
Période géologique | 2–2 Ma | |||
Découvert le | automne 1869 | |||
Découvreur(s) | travaux de voirie | |||
Identifié à | Elephas meridionalis | |||
Géolocalisation sur la carte : Gard
Géolocalisation sur la carte : Occitanie (région administrative)
Géolocalisation sur la carte : France
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Le mammouth de Durfort, aussi connu comme « l'éléphant de Durfort », est un squelette complet de mammouth méridional (Mammuthus meridionalis) découvert à un kilomètre du village de Durfort-et-Saint-Martin-de-Sossenac (département du Gard) en 1869[2]. Pièce emblématique de la galerie de Paléontologie du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, où elle est installée depuis son ouverture en 1898, elle « est l’un des plus grands et des plus complets fossiles de mammouth connus au monde[3] » (complet à 90 % ou 95 %)[1].
Description
[modifier | modifier le code]Son ancienneté est estimée entre un million d'années et 700 000 ans[4]. Il s'agirait d'un mâle jeune d'une trentaine d'années, haut de 3,80 mètres au garrot, d'une longueur de six mètres et d'un poids estimé à dix tonnes[4]. Il a des défenses de trois mètres de long[4].
Historique
[modifier | modifier le code]En 1869, cette espèce disparue était connue sous le nom d'« éléphant méridional » (Elephas meridionalis), mais plus tard elle est rangée dans le genre Mammuthus.
Le mammouth est découvert lors de travaux de voirie, en novembre 1869, par Paul Cazalis de Fondouce, ingénieur de Centrale, et Jules Ollier de Marichard, archéologue et inspecteur des Monuments historiques, alors qu'ils se rendent à leurs fouilles dans une caverne, la « grotte des morts »[4]. Ils observent, sur un tas de déblais de cantonniers, des débris ressemblant à de grandes dents. Ils interrogent alors deux cantonniers et apprennent d'eux qu'ils avaient déjà cassé les deux défenses du mammouth en les prenant pour de vulgaires tuyaux de canalisations d'eau[5]. Le crâne est extrait, mais l'hiver puis la guerre franco-allemande de 1870 interrompent les fouilles : le chantier reste ouvert aux intempéries[4],[6].
En 1872, le propriétaire du champ monnaye son accord pour la reprise des fouilles par Jules Ollier de Marichard et Paul Cazalis de Fondouce. Pendant trois ans, le champ de fouille (40 × 30 mètres, sur neuf mètres de profondeur) va permettre de découvrir quatre mammouths, quatre hippopotames, un rhinocéros éteint Stephanorhinus etruscus (en), cinq bisons européens, quatre cerfs, un cheval, un chien et un daim[6]. Seul un squelette de mammouth ne se désagrège pas à l'air.
Après l'excavation complète du fossile, le [6], son transport vers Paris est envisagé pour l'exposition universelle de 1878. Un transport par bateaux est envisagé, mais ne se fait pas ; Paul Gervais craint qu’un autre transport n'abîme le squelette[7].
Le squelette est monté une première fois en 1873 par le personnel du Liste des chaires du laboratoire d'anatomie comparée, dans la Rotonde de la ménagerie du Jardin des plantes alors appelée « la serre de la girafe » (en souvenir de la girafe Zarafa) puis une deuxième fois en 1885[4],[6] dans l'ancienne galerie d'Anatomie que Georges Cuvier avait ouverte au public en 1806 (dont il reste de nos jours le bâtiment dit « de la baleine ») et ensuite il est transporté à la galerie de Paléontologie que le Muséum inaugure en 1898. Il y est exposé depuis.
Une étude préliminaire menée en 2020 montre que les montages successifs du spécimen avant son installation définitive dans la galerie, les variations de température et d’hygrométrie, la pollution urbaine, l’ancien chauffage au charbon ainsi que les contacts directs du public ont encrassé et fragilisé le squelette. Le spécimen fait l'objet d'une restauration en 2022 et 2023 par la société de services muséographiques Aïnu, après un appel à financement participatif (185 000 euros récoltés en trois mois auprès de 1 900 donateurs) qui permet à certains d'entre eux d'avoir un os à leur nom[4],[8], à l'occasion de laquelle les technologies d'investigation modernes sont utilisées pour en apprendre davantage sur l'animal, les circonstances de sa mort et le milieu dans lequel il vivait[1],[9]. « Cette restauration est l’occasion d’une intervention multiple : décrassage et consolidation des os, décapage de la couche de plâtre masquant certaines surfaces. Parallèlement, l’attention s’est focalisée sur l’articulation des éléments squelettiques afin d’améliorer la rigueur anatomique du montage : le cou a été raccourci, la pente naturelle du dos (arrière-train fuyant) a été rétablie. Les os originaux des mains et des pieds, qui étaient stockés dans les tiroirs des collections du Muséum, sont venus remplacer les moulages disgracieux présentés jusque-là. Enfin, la posture ayant été corrigée, le squelette reflète désormais la démarche naturelle des mammouths et des éléphants, appelée amble[10] ».
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Vahé Ter Minassian, « Mammouth star du Muséum : un chantier hors norme pour le restaurer », Le Monde, no 24404, , p. 31-34 (lire en ligne).
- « Détails et illustrations du lieu de la découverte », sur geosciencesetarcheologieenpaysdoc.midiblogs.com (consulté le )
- Régis Debruyne, « Mammouth de Durfort », sur universalis.fr (consulté le ).
- Départements scientifiques du Muséum, « Le mammouth de Durfort : Historique et projet de restauration », (consulté le )
- « Le mammouth de Durfort, star du Muséum d’histoire naturelle, découvert dans le Gard : "Il est exceptionnel" », sur midilibre.fr, .
- Frédéric Bertho, « Mammouth de Durfort et premiers cévenols », Ces portes qui donnent, (consulté en )
- « Paul Gervais et le squelette de l’extraordinaire éléphant de Durfort – Traces Écrites : lettres autographes, manuscrits anciens et archives du Moyen Âge à nos jours. » (consulté le )
- Camille Gévaudan (photogr. Geoffroy Van der Hasselt), « Le mammouth de Durfort restauré : "Ce spécimen est devenu emblématique" », Libération, (lire en ligne).
- Le mammouth de Durfort sur le site du Muséum : [1]
- Régis Debruyne, « Mammouth de Durfort. Une restauration nécessaire », sur universalis.fr (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Claude Pommereau, Mammouth de Durfort. Récit d'une restauration colossale, Beaux Arts & Cie, , 50 p.
- Bernard de Fréminville, Le mammouth de Durfort. Le plus majestueux des fossiles de la grande Galerie de paléontologie du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, , 47 p.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Mammouth de Choulans (découvert en 1859)
- Mammouth de Baulou (découvert en 1901)
- Mammouth de l'Aa (découvert en 1908)
- Mammouth de Changis (découvert en 2012)
Liens externes
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- Site officiel
- Mammouth de Durfort. Restauration d’un spécimen remarquable, dossier de presse du Muséum national d'Histoire naturelle, juin 2023
- Dans les pas du mammouth géant, Saléha Gherdane (réalisatrice), dans Science grand format sur France 5 (, 91 minutes)