DJ Magazine, ou simplement et communément abrégé DJ Mag, est une revue mensuelle britannique spécialisée dans la musique électroniqueEDM[1], surtout connue pour ses deux classements annuels des 100 meilleurs disc jockeys et clubs du monde, qui font référence dans le domaine.
Chaque mois, le magazine est traduit pour la version portugaise, polonaise (depuis 2010)[2], ukrainienne, lituanienne, chinoise, bulgare, espagnole, française, allemande, italienne et néerlandaise[3]. La version francophone du magazine (pour la France et la Suisse) parait en [4]. Elle est éditée par SARL DJ Mag basée à Lyon[5].
Le magazine publie chaque année deux listes, ou Top 100, l'une consacrée au disc jockeys depuis 1991, et l'autre consacrée aux boîtes de nuit depuis 2008. Au départ conçu par un choix éditorial du magazine, le classement devient public en 1997[6]. En 2009, le vote se trouve lié à Facebook. Cette modification entraine également un changement dans la nature des votes du public : de DJs underground et ne passant pas ou peu en radio, le classement voit apparaitre des artistes pouvant produire des tubes mondiaux. Le succès à l'époque de David Guetta qui impose ses titres dans de multiples hit-parades mondiaux reste le tournant important de ce changement[6]. La création musicale, avec des hits, devient indispensable pour atteindre les hautes marches du classement[6]. La relation à Facebook entraine aussi une prédominance pour les disc jockeys ayant le plus grand nombre d'abonnés ; d'ailleurs, années après années, l’influence des réseaux sociaux est de plus en plus significative sur le Top 100[6]. Le profil des votants a lui tendance à être modifié : historiquement venant des habitués des discothèques, les votes reçoivent aussi maintenant un public plus jeune, mineur, ne fréquentant jamais les clubs et consommant la musique électronique sur Youtube ou en streaming, « une sorte de fan club virtuel » où l'image et le marketing prennent le pas sur la seule prestation scénique[6]. Malgré tout, quelques tête d'affiches restent accrochées depuis plusieurs années au haut du classement, notamment le trio van Buuren, Tiësto et Guetta[6].
Les disc jockeys britanniques Danny Rampling et Smokin Jo sont le premier homme et la première femme à être récompensés[7], alors que le néerlandais[8],[9],[10]Armin van Buuren détient le record avec cinq récompenses dont quatre consécutives entre 2007 et 2010 (record de victoire consécutives également) et dix-huit années consécutives de présence dans le top 5[6]. En parallèle, David Guetta est présent dans le top 10 depuis une décennie[6]. L'argentin Alfredo Fiorito est le premier DJ non-européen à se classer dans le Top 3, en 1993. Pour les boîtes de nuit, l'espagnole Space est détentrice du record de trois premières places. Depuis 1999, les résultats des classements pour les DJs se basent sur le vote du public ; pour le classement 2016, c'est plus d'un million de personnes qui votent[6]. Trackitdown.net participe au classement 2008, expliquant qu'« en offrant à chaque votant une chanson gratuitement téléchargeable de notre catalogue sur 350 000 titres depuis 10 000 labels, nous pouvons facilement démontrer que c'est facile de trouver son genre de musique électronique préféré en toute légalité[11]. » L'attribution des récompenses aux artistes s'effectue dans le club Ministry of Sound de Londres, avant d'être déplacée en 2011 à l'Amsterdam Music Festival aux Pays-Bas, ce qui est toujours le cas en 2014[12],[13] et les années suivantes. Le classement des clubs est lui aussi réalisé par un vote du public.
Un article publié en 2013 dans le magazine américain Huffington Post laisse penser que les disc jockeys payent pour obtenir une place dans la liste. Le journaliste, Kevin Yu, dans un article intitulé DJMag Top 100 (Marketable) DJs publié en juillet 2013 explique que : « Depuis quelques années, le classement DJ Mag a été critiqué car il ne représente pas le talent des artistes, mais plutôt le nombre de dollars qu'ils obtiennent grâce au marketing. » L'article va plus loin expliquant que « l'EDM se popularise significativement, et ce grâce uniquement à l'argent et au profit. Il y a une augmentation du nombre de méga clubs dans le pays qui incluent Hakkasan à Vegas et Create Nightclub à Los Angeles. Les festivals de musique électronique s'élargissent chaque année. Comment peut-on dépenser 35 millions $ dans le coût de production ? C'est ce que l'un des plus grands festivals (l'Electric Daisy Carnival) a dépensé. Et comme si ce n'était pas assez, il existe des agences qui « aident » les DJs à se hisser encore plus haut dans le DJ Mag Top 100. » En accord avec ces arguments, le DJ anglais Gareth Emery explique dans le même article : « Une fois, j'ai reçu un coup de téléphone assez bizarre d'une société aidant les DJs à se hisser dans le Top 100, pour m'informer que l'un de mes 'compétiteurs' (selon ses termes) avait dépensé 15 000 $ sur Twitter pour de la publicité, et que si je ne faisais pas de même, ça serait 'dur de rester dans le classement'. Bien sûr, je n'allais pas demander le nom de ce DJ, mais ça m'a donné la gerbe. » Yu lui demande : « Le DJMag s'est-il transformé en un concours de popularité ou y a-t-il toujours quelque chose à voir avec le talent des DJs[14] ? » C'est pourtant bien de nos jours un classement de popularité basé sur les choix des votants.
Le DJ deadmau5, connu pour son franc parler, explique, dans une entrevue avec NME, qu'il n'y a plus rien à voir avec le talent du disc jockey ; il accuse David Guetta de « juste actionner la chanson et de presser le bouton play » et que ses live shows « manquent de talent et se basent que sur le playback[15]. » La liste est également accusée de ne pas inclure d'autres styles de musique électronique et de montrer uniquement les DJs populaires les plus commerciaux[16]. Les controverses sont également alimentées par le fait que les producteurs, tourneurs ou managers utilisent ce classement pour « négocier à la hausse ou à la baisse » le montant des prestations d'un DJ[6]. Ce classement reste particulièrement important en Asie où les DJ se voient invités et payés en fonction de leur popularité et donc de leur position dans cette publication annuelle[17] Cela dit, le magazine reconnait lui-même que son classement reste « prestigieux et polémique » mais souligne, en plus de sa « dimension internationale », que c'est « le plus gros sondage de l'industrie musicale » même s'il ne reflète pas forcément la diversité offerte par les musiques électroniques[6].
↑ abcdefghij et kLudovic Rambaud, « Dossier spécial : Top 100 DJs, les 100 DJ's les plus populaires », DJ Magazine, Lyon, no 15, octobre - novembre 2016, p. 46 et 49 (ISSN2271-006x)