iBet uBet web content aggregator. Adding the entire web to your favor.
iBet uBet web content aggregator. Adding the entire web to your favor.



Link to original content: http://fr.wikipedia.org/wiki/Centaurée_des_montagnes
Centaurea montana — Wikipédia Aller au contenu

Centaurea montana

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
(Redirigé depuis Centaurée des montagnes)

La Centaurée des montagnes, Bleuet des montagnes, ou le Bleuet vivace (Centaurea montana L.), est une espèce de plantes à fleurs de la famille des Astéracées (Centaurea à ne pas confondre avec Centaurium). La plante est parfois appelée Barbeau des montagnes, Bleuet de montagne, Jacée de montagne ou Jacée des montagnes.

Étymologie

[modifier | modifier le code]

« Centaurée » vient du mot centaurea qui en latin et en grec se référait à diverses plantes médicinales mal déterminées. Ce mot, lui-même, est issu du grec kentauros, centaure, car elles étaient associées au centaure Chiron, le précepteur d'Héraclès et connaisseur de la médecine par les plantes[1].

Le nom de l'espèce, montana, lui a été donné car on la retrouve souvent en montagne.

Description générale

[modifier | modifier le code]

Port général

[modifier | modifier le code]

Cette centaurée est une plante herbacée vivace mesurant, en général, entre 20 et 60 cm de hauteur[2] pour 30 à 60 cm en largeur. Elle peut être plus ou moins grande selon les variétés.

C'est une plante à souche épaisse et tapissante[3],[4],[5]. Elle produit des rhizomes stolonifères[3].

Appareil végétatif

[modifier | modifier le code]

Le Bleuet vivace est une plante tétraploïde (4n=44)[6]. Ses parties aériennes sont pubescentes aranéeuses, ce qui signifie qu’elles possèdent des poils fins, mous et entrecroisés[3]. Ses feuilles larges, longues de 5 à 6 cm, sont sessiles, longuement décurrentes et positionnées de manière alterne. Elles sont lancéolées ou parfois lancéolée-oblongues. Leur bordure peut être légèrement dentée bien que les feuilles soient principalement entières à pennatifides. Elles sont laineuses à revers et le feuillage est caduc[3],[4].

Appareil reproducteur

[modifier | modifier le code]
Centaurée des montagnes, fruits et graines.

Les fleurs internes sont hermaphrodites alors que les externes sont stériles. Les fleurs extérieures, rayonnantes,sont bleues alors que les fleurs centrales sont bleues-roses. Elles sont toutes tubulées[2]. L'inflorescence est une cyme de capitules d'environ 5 cm de diamètre. Les involucres de ses capitules sont gros et ovoïdes, recouverts de folioles entourés d'une large bordure de cils noirs[3],[4]. Les cymes se retrouvent presque toujours en position monocéphale, c'est-à-dire que la plante porte une seule inflorescence au bout d’une longue tige[3],[4],[7].

Le pollen est disposé dans les fleurs hermaphrodites dont la durée de vie est de 2 jours. En moyenne, la plante produit 37,9 fleurs par capitule[8]. Son grain de pollen est de forme sphéroïde-prolate. Sa viabilité peut excéder 90 % selon les conditions, la production de pollen par le bleuet vivace étant sensible aux facteurs externes (chute de température ou manque d’eau)[8]. La plante peut fleurir de mai à juillet. La durée de sa floraison est de 29 à 52 jours selon les conditions dans lesquelles la plante se trouve[8]. Ses fruits sont des akènes gros à aigrette blanchâtre[3].

Répartition géographique

[modifier | modifier le code]

Le Bleuet vivace est observable dans toute l'Europe centrale[3] et quelque peu en Asie. Il s'est établi de l'Ouest de l'Europe jusqu'à la Pologne, et au Nord-Ouest des Balkans. On le retrouve notamment en Autriche, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Suisse, République tchèque, Allemagne, Espagne, France, Italie, Croatie, Liechtenstein, Slovénie, Slovaquie et Serbie[6],[9]. En France, l'espèce est montagnarde et peut s’observer dans les Alpes, le Jura et plus localement, dans le Massif central et les Pyrénées.

Aux États-Unis, on le retrouve introduit dans quelques États, importé d'abord comme plante ornementale et puis échappé. Là, le bleuet vivace est même fortement invasif[10],[11]. Il en est de même pour quelques provinces canadiennes[10].

La plante est aussi fortement répandue dans les jardins.

Ses milieux privilégiés sont les forêts fraîches, les coupes forestières, les prés fauchés et les pâtures[2]. Elle pousse parfois dans des zones plus rocheuses[3]. On la retrouve dans les montagnes jusqu’à l’étage subalpin et on peut la classer comme orophyte méridional[7]. Elle pousse bien dans les zones ensoleillées à mi-ombre et les milieux assez humides même si elle peut supporter la sécheresse. Elle préfère les températures fraîches et peut résister jusqu'à -15 °C[3],[12],[6]. On peut la trouver sur des sols caillouteux ou pauvres, du moment qu'ils sont bien drainés[5]. Elle préfère les sols à pH neutre ou basique (sols calcaires ou basaltiques) et ne supporte absolument pas la salinité[3],[12].

Dispersion des graines

[modifier | modifier le code]

Les akènes sont dispersés de manière anémochore[7].

Pollinisateurs

[modifier | modifier le code]

Comme une bonne partie des Astéracées, le bleuet vivace est considéré comme une plante attirant les insectes. C'est une plante mellifère possédant un pollen de haute valeur calorique et qui contient une quantité relativement importante d'amidon et de graisses. Ce facteur est même constant phylogénétiquement parlant au sein des plantes de l’espèce[8]. Les insectes prédominants sur les fleurs de cette centaurée sont les bourdons (77,7 % des insectes observés). On y trouve aussi, du plus au moins abondant, des abeilles communes, des abeilles solitaires, des diptères, de lépidoptères et des guêpes[8]. La présence d'une quantité importante de bourdon par rapport aux autres types d'insectes est due à la longueur du tube corollaire. Celui-ci fait, en général, 7,2 mm ce qui est un désavantage pour les abeilles communes car elles ont une langue de 6,6 mm de long en moyenne, alors que les bourdons en possèdent une d’environ 7,8 mm[8].

Phytophages

[modifier | modifier le code]

La plante abrite aussi des chenilles et des pucerons qui s’en nourrissent[12]. On y retrouve, entre autres, la chenille du papillon Melitaea phoebe occitanica, le Mélitée des centaurées[13], et le puceron Brachycaudus helichrysi[12].

(Pour une liste plus complète des papillons utilisant les centaurées comme plantes hôtes pour leurs chenilles, voir Centaurea)

Au niveau maladies, la centaurée des montagnes est sujette à l'oïdium, la fusariose, le mildiou, la sclérotiniose et la rouille[12].

Comme beaucoup de plantes à fleurs, le bleuet vivace subit des stress environnementaux et anthropogènes (pastoralisme, brulis, tourisme de ski, installation de champs, …)[14],[15],[16]. Cette plante étant considérée comme adventice, elle a souvent été arrachée ou éliminée au désherbant[17]. Ainsi, cette espèce est protégée, notamment en France, dans les départements de Meurthe-et-Moselle, de la Meuse et de la Moselle[3].

En Belgique, elle fait l'objet de limitations de prélèvements, d'interdiction de commerce et de destruction intentionnelle par sa position d’espèce partiellement protégée[18].

En Suisse, par contre, le bleuet vivace n'est pas menacé dans la plupart des régions biogéographiques. Pourtant, dans certains cantons (Argovie et Thurgovie), une protection légale totale est mise en place[19].

Propriétés et utilisation

[modifier | modifier le code]

Usages médicinaux

[modifier | modifier le code]

Dans le genre Centaurea, beaucoup d'espèces ont longtemps été utilisées dans la médecine traditionnelle pour soigner diabètes, diarrhées, rhumatismes, hypertension, … Les fleurs contiennent des substances digestives et diurétiques[9]. Les graines possèdent une grande quantité de flavonoïdes, de glycosides et d'indoles que l'on trouve dans beaucoup de produits pharmacologiques et médicinaux différents[14]. La plante possède aussi des acétylènes, des lignines et des lignanes (comme l'artigénine) trouvables dans les parties aériennes[9].

Le bleuet vivace possède un indole alcaloïde dimérique, la montamine, qui a été isolé de ses graines et qui est unique à cette plante. Ce composé possède une activité cytotoxique et anti-cancer. Il aurait un effet contre le cancer du côlon. Après analyse, elle aurait une concentration inhibitrice médiane (CI 50) maximale de 43,9 µM, ce qui signifie qu’elle est plutôt efficace[9]. On y trouve aussi la montanoside qui a aussi des activités anti-cancers mais qui est bien moins efficace (CI 50 = 153,4 µM).

Plante ornementale

[modifier | modifier le code]

Souvent considéré comme plante adventice, le bleuet vivace est pourtant très prisé comme plante ornementale dans les jardins grâce à sa gamme de couleur variée et sa rusticité excellente, la rendant facile à cultiver. Il existe une quantité importante de cultivars pour cette centaurée dont les couleurs passent du blanc au pourpre voire noir en passant par le bleu[20],[12].

Pour obtenir des plants, il faut les semer d’août à septembre ou bien bouturer des racines en hiver. Elle fournit ainsi des touffes très denses que l'on peut diviser en automne ou au printemps. Le tuteurage peut être nécessaire[4].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. François Couplan, Les plantes et leurs noms : histoires insolites, France, Éditions Quae, , 223 p. (ISBN 978-2-7592-1799-1, lire en ligne), p. 39-40
  2. a b et c B. Bastin, J.R. De Sloover, C. Evrard et P. Moens, Flore de la Belgique, Louvain-La-Neuve, Éditions Erasme, , 359 p. (ISBN 978-2-87127-918-1)
  3. a b c d e f g h i j k et l « Cyanus montanus (L.) Hill », sur Tela Botanica (consulté le )
  4. a b c d et e Christopher Brickell, Patrick Mioulane et la Royal Horticultural Society (trad. de l'anglais), Encyclopédie universelle des 15000 plantes et fleurs de jardin de a à z, Paris, Éditions Bordas, , 1096 p. (ISBN 2-04-027239-9)
  5. a et b Patrick Mioulane et al., Le Truffaut, encyclopédie pratique illustrée du jardin, Éditions Bordas, , 768 p. (ISBN 978-2-04-027143-5)
  6. a b et c (en) Katarína Olšavská, Marián Perný, Carsten J. Löser, Rosemarie Stimper et Iva Hodálová, « Cytogeography of European perennial species of Cyanus (Asteraceae) », Botanical Journal of the Linnean Society, no 173, Issue 2,‎ , p. 230-257 (lire en ligne)
  7. a b et c Ph. Julve, « Baseflor : Index botanique, écologique et chorologique de la flore de France », sur Flore et végétation de la France : CATMINAT, (consulté le )
  8. a b c d e et f (en) Bożena Denisow, Monika Strzałkowska-Abramek, Małgorzata Bożek et Anna Jeżak, « Ornamental Representatives of the Genus Centaurea L. as a Pollen Source for Bee Friendly Gardens », Journal of Apicultural Science, no 58,‎ , p. 49-58 (lire en ligne)
  9. a b c et d (en) Mohammad Shoeb, Stephen M. MacManus, Marcel Jaspars, Jioji Trevidu, Lutfun Nahar, Paul Kong-Thoo-Lin et Satyajit D. Sarker, « Montamine, a unique dimeric indole alkaloid, from the seeds of Centaurea montana (Asteraceae), and its in vitro cytotoxic activity against the CaCo2 colon cancer cells », Tetrahedron, no 62,‎ , p. 11172-11177 (lire en ligne)
  10. a et b (en) « Centaurea montana L. perennial cornflower », sur Natural Resources Conservation Service (consulté le )
  11. (en) « Mountain Bluet », sur Northwest Invasive Plant Council (consulté le )
  12. a b c d e et f « Bleuet, Barbeau des montagnes blanc », sur Le Jardin du Pic Vert (consulté le )
  13. (en) « Centaurea L. », sur Lepidoptera and some other life forms, (consulté le )
  14. a et b (en) Wissam A. Abou-Alaiwi, Shobha D. Potlakayala, Stephen L. Goldman, Puthiyaparambil C. Josekutty, Deepkamal N. Karelia et Sairam V. Rudrabhatla, « Agrobacterium-mediated transformation of the medicinal plant Centaurea montana », Plant Cell, tissue and Organ Culture (PCTOC), no 109,‎ , p. 1-8 (lire en ligne)
  15. J-C. Rameau, D. Mansion et G.Dumé, Flore forestière française : Montagnes, Paris, Forêt privée française, , 2421 p. (ISBN 978-2-904740-41-1, lire en ligne), p. 15
  16. CAM, 2007, Volet environnement de l’Unité de Formation Commune aux Activités réalisé par la Commission nationale de protection de la montagne de la FFCAM, p. 3-4. [1]
  17. Phillipe Jauzein, « L'appauvrissement floristique des champs cultivés », dossier de l'environnement de l'INRA, no 21,‎ , p. 65-78 (lire en ligne)
  18. « Plantes protégées et menacées de Wallonie », sur La biodiversité en Wallonie (consulté le )
  19. « Centaurea montana L. », sur Info flora (consulté le )
  20. (en) « Centaurea Montana », sur HollistonReporter, (consulté le )

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes

[modifier | modifier le code]