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Albert Condamin

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Albert Condamin
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Albert Condamin, né à Marseille le et mort à Lyon le , est un exégète biblique jésuite. Il enseigne à l’Institut catholique de Toulouse puis dans les scolasticats jésuites en Angleterre et à Lyon.

C'est un spécialiste du Livre d'isaïe, du Livre de Jérémie et de la poésie biblique qui se heurte à l'intransigeance du Saint-Siège qui l'accuse de modernisme.

Né à Marseille le , Albert Condamin entre chez les jésuites à 20 ans et séjourne essentiellement dans les maisons des jésuites repliés en Angleterre après leur interdiction d'enseigner en France. Ordonné prêtre en 1895, il continue sa formation à Beyrouth, à Paris et à Angers de 1896 à 1899[1]. Albert Condamin est élève à l'École pratique des Hautes études[2].

Il enseigne à l'Institut catholique de Toulouse de 1899 à 1901. Il y enseigne l'Écriture sainte[1] et l'hébreu[2]. Il enseigne ensuite en Angleterre, aux scolasticats jésuites de Cantorbéry et de Ore Place de 1906 à 1926. Il revient en France au retour du scolasticat jésuite à Fourvière, à Lyon, et y continue son enseignement de 1926 à 1933. C'est dans cette ville qu'il meurt le [1].

Exégète accusé de modernisme

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Albert Condamin fait partie des exégètes bibliques catholiques progressistes, comme Marie-Joseph Lagrange dont il est un collaborateur, correspondant régulier et ami. Lagrange l'appelle son « frère d'armes »[3] et cette amitié est précieuse et solide[4],[5],[6].

En 1905, Condamin publie une traduction critique du Livre d'Isaïe. Selon le théologien américain Edward L. Curtis, « the striking feature of this work is a graceful and vigorous translation, preserving the parallelism of Hebrew poetry especially, dividing the text into strophes. »[7]. Les travaux d'Albert Condamin se heurtent au blocage du Saint-Siège, qui lui ordonne en 1907 de ne pas publier la seconde partie de son étude sur le Livre d'Isaïe, déjà censurée lors de la publication de la première partie deux ans plus tôt[3]. En effet, Condamin y soutient qu'une partie de ce livre, à partir du chapitre 40, n'a pas été écrite au VIIIe siècle av. J.-C mais par un autre auteur[1][a]. Comme Lagrange et d'autres, il est accusé de modernisme[9].

En 1939 encore, une nouvelle édition de la seconde partie de son étude sur le Livre d'Isaïe est arrêtée sur ordre du cardinal Eugène Tisserant alors que les pages sont déjà imprimées[3] et prêtes à être éditées chez Gabalda. Tisserant croit d'abord qu'il peut autoriser cette parution avant de donner un contre-ordre[10].

La poésie biblique

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De 1910 à 1931, Albert Condamin tient dans la revue Recherches de science religieuse un bulletin concernant les publications sur les religions de Mésopotamie[1].

Albert Condamin publie une traduction et un commentaire du Livre de Jérémie qui sont plusieurs fois rééditées et font l'objet de recensions dans des revues académiques, religieuses et historiques. Le rabbin Mayer Lambert critique notamment sa théorie de la strophique[11]. René Dussaud, dans la revue Syria, souligne que « L'éloge de l'oeuvre du P. Condamin n'est plus à faire »[12]. Selon Louis Dennefeld, « Si tous les spécialistes ne sont pas d'accord avec le P. Condamin sur le système métrique par lui appliqué à bien des morceaux du livre de Jérémie, ils sont d'autant plus unanimes à reconnaître la grande valeur de son exégèse. »[13].

En 1933, Albert Condamin publie une étude des poèmes de la Bible qui est également signalée et commentée[14],[15],[16]. Ce livre vulgarise en France les études exégétiques allemandes sur la structure strophique des textes bibliques[17].

  • Albert Condamin S. J., La Bible et l'assyriologie : Première partie. L'histoire et la prophétie ; la religion et la morale, Paris, J. Dumoulin, , 70 p. (lire en ligne)[6].
  • Albert Condamin S. J., Le Livre d'Isai͏̈e : traduction critique avec notes et commentaires, Paris, Librairie Victor Lecoffre, , 401 p. (lire en ligne)[7].
  • Albert Condamin, S. J., Le Livre de Jérémie : Traduction et commentaire, Paris, Gabalda, (1re éd. 1920), 380 p., in-8° (lire en ligne)[11],[12],[13].
  • Albert Condamin, S. J., Poèmes de la Bible : Avec une introduction sur la strophique hébraïque, Paris, Beauchesne, , 289 p., in-8° (lire en ligne)[14],[15].

Notes et Références

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  1. La recherche actuelle distingue plutôt trois auteurs[8].

Références

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  1. a b c d et e François Laplanche, La Crise de l'origine : L'Histoire et la science catholique des Evangiles au XXe siècle, Paris, Albin Michel, coll. « L'évolution de l'humanité », (ISBN 978-2-226-38022-7, lire en ligne).
  2. a et b « Chronique de l'enseignement », Revue internationale de l'enseignement, vol. 41, no 1,‎ , p. 60–65 (lire en ligne, consulté le ).
  3. a b et c Bernard Montagnes, « La question biblique au temps de Pie XI », dans Achille Ratti pape Pie XI : Actes du colloque de Rome (15-18 mars 1989) organisé par l'École française de Rome en collaboration avec l'Université de Lille III - Greco no 2 du CNRS, l'Università degli studi di Milano, l'Università degli studi di Roma - «La Sapienza», la Biblioteca Ambrosiana, Rome, École Française de Rome, coll. « Publications de l'École française de Rome, » (no 223), (lire en ligne), p. 255-276.
  4. Bernard Montagnes, Marie-Joseph Lagrange : une biographie critique, Paris, Éditions du Cerf, coll. « Histoire biographie », (ISBN 978-2-204-07228-1, lire en ligne).
  5. Bernard Joassart, « Figures du modernisme Eudoxe Irénée Mignot et Marie-Joseph Lagrange: À propos de livres récents », Nouvelle Revue théologique, vol. 127, no 4,‎ , p. 615-622 (ISSN 0029-4845 et 2406-4726, DOI 10.3917/nrt.274.0615, lire en ligne, consulté le ).
  6. a et b Dominique Charpin, En quête de Ninive : Des savants français à la découverte de la Mésopotamie (1842-1975), Paris, Les Belles Lettres - Collège de France, coll. « Docet omnia » (no 8), , 461 p. (ISBN 9782251453583), p. 136.
  7. a et b (en) Edward L. Curtis, « Some Commentaries on the Prophets Der Prophet Jesaja. C. von Orelli Der Prophet Jeremia. C. von Orelli Kurzer Hand-Commentar zum Alten Testament: Dodekapropheton. Karl Marti Etudes bibliques: Le livre d'Isaie. Albert Condamin », The American Journal of Theology, vol. 10, no 4,‎ , p. 708–712 (ISSN 1550-3283, DOI 10.1086/478646, lire en ligne Accès limité, consulté le ).
  8. Jacques Vermeylen, « Ésaïe », dans Thomas Römer, Jean-Daniel Macchi et Christophe Nihan (dir.), Introduction à l'Ancien Testament, Genève, Labor et Fides, , 902 p. (ISBN 978-2830913682, lire en ligne), p. 410-425.
  9. Étienne Fouilloux, « Les jésuites en France du XIXe au XXe siècle », dans Étienne Fouilloux et Bernard Hours (dir.), Les jésuites à Lyon : XVIe – XXe siècle, Lyon, ENS Éditions, coll. « Sociétés, Espaces, Temps », , 275 p. (ISBN 978-2-84788-743-3, lire en ligne), p. 247–264.
  10. Étienne Fouilloux, Eugène, cardinal Tisserant (1884-1972) : une biographie, Paris, Desclée De Brouwer, coll. « Pages d'Histoire », (ISBN 978-2-220-02176-8, lire en ligne).
  11. a et b Mayer Lambert, « Condamin (Α.). Études bibliques. Le livre de Jérémie. Traduction et Commentaire, 1920 », Revue des études juives, vol. 71, no 141,‎ , p. 108–109 (lire en ligne, consulté le )
  12. a et b René Dussaud, « Albert Condamin. — Le Livre de Jérémie. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 17, no 4,‎ , p. 384–388 (lire en ligne, consulté le ).
  13. a et b Louis Dennefeld, « P. Albert Condamin, S. J., Le livre de Jérémie. Traduction et commentaire, 1936 », Revue des sciences religieuses, vol. 17, no 2,‎ , p. 241–241 (lire en ligne, consulté le ).
  14. a et b René Dussaud, « Albert Condamin. — Poèmes de la Bible, avec une introduction sur la strophique hébraïque. », Syria. Archéologie, Art et histoire, vol. 16, no 3,‎ , p. 301–303 (lire en ligne, consulté le ).
  15. a et b Louis Dennefeld, « A. Condamin, Poèmes de la Bible avec une introduction sur la strophique hébraïque, 1933 », Revue des sciences religieuses, vol. 14, no 3,‎ , p. 454–455 (lire en ligne, consulté le ).
  16. Louis Mariès, « Rythmes quantitatifs dans le Livre de la Sagesse », Comptes-rendus des séances de l année - Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 79, no 1,‎ , p. 104–117 (ISSN 0065-0536, DOI 10.3406/crai.1935.76588, lire en ligne, consulté le )
  17. Guilhem Labouret, « Aux sources du verset moderne : le verset chez Lamennais, entre exégèse et invention », Études littéraires, vol. 39, no 1,‎ , p. 13–24 (ISSN 0014-214X et 1708-9069, DOI 10.7202/018099ar, lire en ligne, consulté le ).

Articles connexes

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Liens externes

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