L'élection présidentielle française de 1953 est la seconde élection présidentielle de la Quatrième République. Elle voit l'élection de René Coty après 13 tours de scrutin. Il succède à Vincent Auriol, élu en 1947. Première élection française à être retransmise à la télévision, la diffusion du processus électoral s'avère interminable et est interrompue par ordre du gouvernement avant la fin du scrutin, mettant alors en image les dysfonctionnements de la Quatrième République[1].
L'élection présidentielle se déroule dans un climat politique instable. Les crises gouvernementales se succèdent et les prises de position sur la guerre d'Indochine ou la Communauté européenne de défense (CED) peuvent être des arguments rédhibitoires en défaveur de certains candidats, notamment aux yeux des parlementaires de gauche.
Réunissant les suffrages de gauche, notamment ceux du Parti communiste français après un premier tour de scrutin marqué par le retrait du communiste Marcel Cachin, le socialisteMarcel-Edmond Naegelen va être le seul candidat à se maintenir pendant les 13 tours de scrutin, bloquant sur son nom la majorité des voix de gauche qui désapprouvaient la CED. Après l'échec de Georges Bidault pour le MRP, la droite se rassemble alors sur l'indépendantJoseph Laniel. Dès lors, une triangulaire s'installe entre Naegelen pour la gauche, Yvon Delbos puis Jean Médecin pour le centre radical et Laniel pour la droite.
Au 8e tour du scrutin, ce dernier rate l'élection de 22 voix, mais une manœuvre du président du Congrès, le socialiste André Le Troquer, lui retire des suffrages : des bulletins ne mentionnant pas son prénom pouvaient être attribués à son frère, le sénateur René Laniel[2]. Pour autant, il n'est pas élu non plus aux deux tours suivants.
Après le retrait de Joseph Laniel, son bras droit Jacquinot tente lui aussi, sans succès sa chance. Finalement, les suffrages se portent sur René Coty, de droite mais n'ayant pas voté pour la CED (car absent pour raisons de santé)[3]. Ce dernier a d'ailleurs déclaré : « Je ne me fais aucune illusion : si je suis président de la République, c'est parce que j'ai été opéré de la prostate. Cette opération m'a dispensé de prendre parti pour ou contre la CED »[4].