Les élections présidentielles de 2017 en France - Faits et chiffres
La période des élections présidentielles est toujours impitoyable, mais rarement une campagne aura été aussi passionnante et truffée d’incertitudes : entre la disgrâce de nombreuses figures majeures du paysage politique français et la divulgation de scandales, de nombreux candidats sont mis à mal au profit d’autres qui s’en frottent les mains.
En effet, outre les vieux briscards de la politique tels que Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, 2017 aura été l’année témoin de la fulgurante ascension de l’ex-financier et ancien ministre de l’économie Emmanuel Macron avec son mouvement « En Marche ! », mais a aussi assisté à la chute de vieux pontes : l’actuel président de la République François Hollande s’est spontanément retiré de la course et chaque primaire politique a éliminé ses égéries.
Après le projet avorté d’une grande primaire réunissant toutes les formations de gauche visant à porter un seul et unique candidat à l’élection présidentielle, trois partis ont organisé des primaires afin de laisser les Français, en échange d’une modeste participation financière, choisir leur leader.
Ainsi, dans une configuration totalement insolite, quatre des principaux candidats à l’Élysée ne s'étaient jamais présentés à l’élection présidentielle auparavant, dont trois totalement inconnus du grand public il y a encore deux ans. Cécile Duflot a d'abord été écartée et a cédé la place à l’eurodéputé Yannick Jadot pour représenter Europe Écologie/Les Verts (une candidature qu'il a finalement abandonnée pour s'unir à Benoît Hamon). Nicolas Sarkozy n’a pas passé le premier tour de la primaire des Républicains, et Alain Juppé n’a obtenu qu’un tiers des suffrages au second tour. Enfin, Manuel Valls a été largement dépassé par son concurrent, Benoît Hamon, lors du deuxième scrutin de la primaire du Parti socialiste.
Malgré leur victoire aux primaires de leur parti, Benoît Hamon et François Fillon ont eu de nombreux obstacles à surmonter pour accéder au cours de leur campagne. Le premier a dû à la fois unir autour de son programme les membres d’un Parti socialiste très divisé et séduire les Français qui viennent à peine de découvrir son visage. Il devait en outre convaincre sur sa capacité à mettre en place son programme, notamment sa proposition du revenu universel, que beaucoup jugent « utopiste ». Un défi qui s'est soldé par un échec puisque que M. Hamon a vu nombre d'élus de son propre camp se rallier à la candidature de son concurrent Emmanuel Macron et a engrangé le score du Parti socialiste aux élections présidentielles le plus faible depuis 1969.
De son côté, François Fillon n’a pas eu à se justifier de son programme, bien qu’une majorité des Français le trouve inquiétant, mais s'est embourbé dans une affaire d’emplois supposés fictifs impliquant quelques 900.000 euros que son épouse aurait indument perçus.
Il n’est pas le seul à être mêlé à ce type d’affaire : Marine Le Pen a été déclarée responsable de détournement d’argent public via des postes d’assistants parlementaires européens.
Mais la sentence des électeurs est parfois injuste et François Fillon se voit si durement touché dans l’opinion publique par les soupçons d’emploi fictif, qu'il n'est arrivé qu'en troisième position dans les suffrages. Il n’en est rien pour la candidate du Front national qui est passée au second tour de cette élection, avec environ 21 % des votes, comme l'avaient prédit la plupart des sondages d'opinion.
Rien n’était joué pour autant car l'écart entre les quatre principaux candidats à la présidentielle se réduisait de plus en plus au fil des débats télévisés, à tel point que cette élection était considérée comme l'une des plus incertaines de la Vème République.
Et le combat politique ne s'est d'ailleurs pas fait que lors des débats et des meetings, il s'est aussi mené via l’image et les nouvelles technologies. Internet est en effet devenu un outil incontournable pour mener campagne. Si c’est la leader du Front national qui recueille le plus d’abonnés sur Facebook et Twitter, Jean-Luc Mélenchon n’est pas en reste : il s’est approprié la plate-forme de vidéo YouTube pour défendre son programme et est suivi par près de 200.000 personnes. Une popularité en ligne qui a fait des jaloux et a poussé au mimétisme chez d’autres politiques.
Malgré tous ces efforts et après un suspense sans précédent pour un premier tour d'élection présidentielle, les Français ont donné raison à toutes les prévisions des sondeurs en menant au second tour celui que la presse qualifie de « météore », Emmanuel Macron, face à Marine Le Pen qui, quinze ans plus tard, suit les pas de son père.
Sans grande surprise, et comme les sondages d'intentions de vote l'avaient prédit, c'est finalement Emmanuel Macron qui a remporté cette élection, porté par un « front républicain » visant à empêcher l'accession au pouvoir du Front national. Il devient ainsi le chef d'État français le plus jeune de la Ve République.
Malgré sa large victoire, il convient de préciser que le taux d'abstention s'est élevé à environ 25 % et atteint un niveau particulièrement élevé pour une présidentielle. En outre, le nombre de votes blancs et nuls, bien que non comptabilisés dans les résultats finaux, constitue un record. De fait, bien qu'élu, le nouveau président de la République semble loin de réunir l'entière adhésion d'une majorité de Français.