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Travail, Famille, Patrie — Wikipédia

Travail, Famille, Patrie

devise officielle du régime de Vichy

Travail, Famille, Patrie est la devise officielle de l'État français pendant la période dite du régime de Vichy. Cette devise figure notamment sur les pièces de monnaie de cette époque. Elle remplace la devise républicaine Liberté, Égalité, Fraternité.

Avers de la pièce de 2 francs de 1943 « État français », avec un labrys.
Revers de la pièce de 2 francs de 1943 « État français », avec la devise « travail famille patrie ».
Couverture d'une brochure du Parti social français du colonel de La Rocque (1937).

Origines

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Dès 1933, la devise « Travail, Famille, Patrie » avait été celle des Croix-de-Feu nationalistes puis, après dissolution, du Parti social français (PSF, droite) qui leur succèdent, fondés par le colonel de La Rocque[1]. Les trois termes se trouvaient déjà dans le slogan « Patrie, famille, travail » lancé en 1902 par le syndicaliste jaune Paul Lanoir au sein de la Fédération nationale des Jaunes de France[2].

Malgré l'antériorité des différents usages, la devise est parfois attribuée à Emmanuel Berl[3].

Instauration

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La loi du accordait au maréchal Pétain les pleins pouvoirs pour rédiger une constitution devant être soumise à l’approbation de la nation et garantissant « les droits du Travail, de la Famille et de la Patrie ». Cette Constitution ne fut jamais promulguée.

Dans la Revue des deux Mondes du , le maréchal Pétain écrit cette interprétation de la devise de la République française « Liberté, Égalité, Fraternité » :

« Lorsque nos jeunes gens […] entreront dans la vie […] nous leur dirons […] que la liberté réelle ne peut s'exercer qu'à l'abri d'une autorité tutélaire, qu'ils doivent respecter, à laquelle ils doivent obéir […]. Nous leur dirons ensuite que l'égalité [doit] s'encadrer dans une hiérarchie, fondée sur la diversité des fonctions et des mérites […]. Nous leur dirons enfin qu'il ne saurait y avoir de fraternité véritable qu'à l'intérieur de ces groupes naturels que sont la famille, la cité, la Patrie[4]. »

On a souvent écrit que ces trois mots caractérisaient bien la « Révolution nationale » entreprise par le régime de Vichy : on y retrouve en tout cas la philosophie de Gustave Thibon et la conviction, très répandue à l'époque dans toutes les idéologies antidémocratiques, que « la famille, la cité, la patrie » seraient non des constructions culturelles et historiques (donc susceptibles d'être débattues et modifiées) mais des « groupes naturels » c'est-à-dire indiscutables. Léon-Paul Fargue persifla cette devise en « Tracas, famine, patrouille ».

Remarque

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Une formule approchante figurait au paragraphe IV du préambule de la Constitution de 1848 sous cette forme :

« IV. — Elle a pour principe la Liberté, l'Égalité et la Fraternité. Elle a pour base la Famille, le Travail, la Propriété, l'Ordre public. »

Cela a justifié, chez des historiens comme Marc Ferro[5], l'opinion que

« Concernant la famille, il y a eu continuité, et non rupture, entre la politique familiale de l'époque de Daladier et celle de Pétain, puis celle des gouvernements de la IVe République »

Travail

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Le , le maréchal Pétain instaure officiellement par la loi Belin le 1er mai comme « la fête du Travail et de la Concorde sociale »[6] : par son refus à la fois du capitalisme et du socialisme, le régime pétainiste recherche une troisième voie fondée sur le corporatisme, débaptisant la « fête des travailleurs » qui faisait trop référence à la lutte des classes[7]. Le , à l’initiative de René Belin, ancien dirigeant de l’aile anticommuniste de la CGT (Confédération générale du travail) devenu secrétaire d’État au travail dans le gouvernement de François Darlan, le jour devient férié, chômé et payé[8]. La radio ne manque pas de souligner que le 1er mai coïncide aussi avec la fête du saint patron du maréchal, saint Philippe. L’églantine rouge, associée à la gauche, est remplacée par le muguet.

Déclarant refuser à la fois le capitalisme et le socialisme, le régime pétainiste affirmait rechercher une troisième voie fondée sur le corporatisme. Il parvient à séduire des représentants déçus du socialisme ou du communisme comme Marcel Déat ou Jacques Doriot, et obtient le ralliement de certains syndicalistes pour la rédaction d’une Charte du travail.

Le gouvernement de Vichy instaure, en 1941, un système de retraites par répartition (qui était jusqu'alors par capitalisation), l'« allocation des vieux travailleurs salariés »[9],[10].

Famille

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Le régime inscrit la fête des mères au calendrier. Il étend les allocations familiales aux non-salariés et les augmente pour les familles nombreuses. Il promeut une politique nataliste et économe avec la femme au foyer.

Bien que le nationalisme de Pétain se veuille le continuateur du nationalisme victorieux de 1918 et garde un certain degré de germanophobie de type maurrassien, cela ne l’empêche pas de collaborer avec le régime nazi, en occultant soigneusement l'annexion de l'Alsace-Lorraine par le Reich (qui n'est mentionnée sur aucune carte et dans aucun livre de géographie). Pétain n'avait pas d’antécédents pro-allemands ou anti-britanniques avant la guerre : au début de la guerre, il réaffirme à plusieurs reprises se considérer comme l'allié et l'ami de la Grande-Bretagne. Mais dans l'allocution radiodiffusée du , il reproche à Winston Churchill son discours du faisant suite à la signature de l'armistice[11], et à partir de ce moment, le régime développe une hostilité croissante envers les Alliés, notamment les Britanniques, qui se nourrit de la bataille de Mers el-Kébir et d'autres combats aux côtés de l'Axe (guerre de Syrie, guerre d'Afrique du Nord, guerre contre l'URSS, SS français).

Notes et références

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  1. Albert Kéchichian, Les Croix-de-feu à l'âge des fascismes – Travail, Famille, Patrie, Éditions Champ Vallon, 2006, 410 p. (ISBN 2876734508 et 9782876734500), p. 7-10 [présentation en ligne].
  2. Maurice Tournier,« Les mots fascistes, du populisme à la denazification », Mots, juin 1998, no 55, p. 157-158.
  3. À tort : selon François Thibault : Notre-Dame des Ombres, Le Cherche-Midi, 1997, et Bernard Morlino : Emmanuel Berl : les tribulations d'un pacifiste, La Manufacture, 1990, Berl a trouvé, entre autres formules, les phrases : « Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal » et « La terre, elle, ne ment pas », lorsqu'Yves Bouthillier lui a demandé de rédiger les discours de Philippe Pétain des 23 et 25 juin, mais pas la devise du régime.
  4. Maréchal Pétain, « Politique sociale de l'avenir », La Revue des Deux Mondes, .
  5. Marc Ferro, Pétain, Librairie Arthème Fayard, 1987.
  6. La propagande festive de Vichy RD Cairn.info 2002.
  7. Franck Ferrand, « L'histoire du 1er mai » sur europe1.fr, 1er mai 2013.
  8. * QUID 2002
    • Loi du 12 avril 1941, modifiée par la loi du 26 avril 1941, instituant le 1er mai jour férié, fête du travail et de la concorde sociale.
      • Art. 1er : le 1er mai est jour férié.
      • Art. 2 : ce jour sera chômé comme fête du travail et de la concorde sociale sans qu’il en résulte une réduction du salaire des travailleurs. Dans les cas où, en raison de la nature du travail, celui-ci ne pourrait être interrompu, le travailleur bénéficiera d’une indemnité compensatoire à la charge de l’employeur.
  9. Jacques George, « Retraites : une histoire récente, une situation fragile », , sur le site cahiers-pedagogiques.com, consulté le .
  10. Jacques Trémintin, Lien social, no 649, , critique du livre : La protection sociale sous le régime de Vichy (sous la direction de Philippe-Jean Hesse et Jean-Pierre Le Crom, éd. Presses universitaires de Rennes, 2001), sur le site lien-social.com, consulté le .
  11. Allocution radio du , [lire en ligne le site lignemaginot.com], consulté le .

Article connexe

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Liens externes

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