Magnétoscope
Un magnétoscope est un appareil électronique destiné à l'enregistrement et la relecture d'un signal vidéo et audio, sur une bande magnétique ou vidéocassette. À l'instar du magnétophone dévolu à l'enregistrement sonore, il bénéficie des progrès industriels de l'électronique et des supports magnétiques déjà en vigueur pour l'audio.
Invention
modifierLe , l’ancêtre du magnétoscope est conçu par un notaire français, Constantin Senlecq qui imagine un système d’enregistrement magnétique des images sur un fil d’acier magnétique. Un brevet est déposé mais aucun prototype n'est construit. Le , le britannique d’origine russe Boris Rtcheouloff dépose le brevet d’un enregistreur sur support magnétique, destiné à sauvegarder les émissions de télévision, sur le principe de l'enregistreur audio « télégraphone » de l’inventeur Valdemar Poulsen. , les tout premiers enregistrements de télévision au monde sont effectués par l’anglais John Logie Baird. Il pense à adapter les enregistreurs sonores qui gravent des disques de cire, pour sauvegarder les images vidéo, muettes. Le , le célèbre chanteur américain Bing Crosby présente une démonstration du premier magnétoscope à bande à Los Angeles. La société de l’artiste américain a l’exclusivité de la distribution des tout premiers magnétoscopes professionnels développés par la société Ampex. L’appareil exploite une bobine magnétique qui ne peut enregistrer plus de 16 minutes au total. L’émission de variétés en public du chanteur peut ainsi être rediffusée le même jour, sur les zones Est et Ouest des États-Unis, décalage horaire oblige.
Le premier magnétoscope professionnel est commercialisé à partir de 1954 par la société RCA. Ces premiers magnétoscopes enregistrent les signaux vidéo longitudinalement comme les magnétophones, sur une bande magnétique de 2 pouces et consomment une longueur considérable de bande magnétique en exploitant une vitesse de défilement, de neuf mètres par seconde. Le , Ampex dévoile la version finalisée de son magnétoscope à la presse, lors d’une convention à Chicago (NAB). Le , Ampex commercialise le premier magnétoscope à bande fabriqué en série. Cette grosse armoire nécessite un système de ventilation et de refroidissement. Il faut changer la bobine de ruban magnétique chaque heure. Il n’enregistre et ne reproduit qu’en noir et blanc. La chaîne CBS de Los Angeles diffuse ses premières émissions régulières enregistrées en vidéo. L’émission « Douglas Edwards and the News » est le premier programme préenregistré en vidéo. Le problème de la consommation de bande est résolu en enregistrant les signaux vidéo de manière transversale par rapport au défilement de la bande, en utilisant des têtes vidéo tournantes, ramenant le défilement à 38 centimètres par seconde. Parmi les ingénieurs impliqués dans cette invention, on compte Charles Ginsburg, Charles Anderson, Ray Dolby, Shelby Henderson, Alex Maxey et Fred Pfost. Le , le premier enregistreur lecteur d’émissions de télévision en couleurs est lancé par Ampex et RCA. Deux séries américaines seront « ampexées » en couleurs.
En 1959, la société japonaise Toshiba innove en enregistrant les signaux vidéo de manière dite « hélicoïdale », avec un seul bloc vidéo rotatif. En 1964, cette technologie est améliorée par le hollandais Philips qui ajoute une deuxième tête vidéo au bloc rotatif. En 1968, le procédé est intégré aux magnétoscopes grand public en utilisant des bandes magnétiques de ½ pouce. Cette technique d'enregistrement des signaux vidéo est conservée pour tous les magnétoscopes professionnels et grand public fabriqués ultérieurement.
Formats professionnels
modifierTechnique analogique :
- 1954 : RCA lance le magnétoscope à enregistrement « longitudinal » des signaux vidéo sur bande magnétique de 2 pouces ;
- 1956 : Ampex lance le magnétoscope à enregistrement « transversal » des signaux vidéo sur bande magnétique de 2 pouces ;
- 1959 : Toshiba lance le magnétoscope à enregistrement « hélicoïdal » des signaux vidéo sur bande magnétique de 2 pouces ;
- 1970 : magnétoscope sur bande de 1 pouce par Sony, Ampex et la marque Fernseh de l'allemand Robert Bosch GmbH ;
- 1971 : 1er magnétoscope à cassette, le U-matic de Sony utilisant de la bande magnétique de ¾ de pouce ; il est surtout utilisé par les entreprises et les écoles ;
- 1982 : magnétoscope à cassette Betacam né de l'alliance de Sony et de Thomson ; il est devenu le standard des studios de télévision à travers le monde ; à ses débuts, le Betacam n'utilisait que des cassettes identiques à celles du Betamax de Sony dont il était un dérivé pour les professionnels ; plus tard, les cassettes dites « grand format » sont apparues ;
Technique numérique
Formats grand public
modifierTechnique analogique
modifierLes dates importantes de l'évolution de la vidéo analogique :
- 1968 : Philips et Sony lancent sur le marché différents modèles de magnétoscope à bobines utilisant de la bande magnétique de ½ pouce ;
- : Philips commercialise le premier magnétoscope à cassette à usage grand public, le VCR (Video Cassette Recorder) avec une capacité d'enregistrement de 45 minutes (arrivée sur le marché français en 1975 et disparition en 1977) ;
- : Sony commercialise le Betamax avec, à ses débuts, une capacité d'enregistrement de 60 minutes ; peu de temps après, il eut une capacité d'enregistrement maximale de 3 heures et 35 minutes pour les modèles européens et jusqu'à 5 heures pour les modèles japonais et américains en mode long play (arrivée en France en et disparition en 1983 mais il continua d'être produit pour les marchés allemand, anglais et autres jusqu'en 1985 et jusqu'en 2002 pour les seuls marchés japonais et américain) ;
- : JVC commercialise la VHS (Video Home System) avec dès son début une capacité d'enregistrement maximale de 3 heures, ensuite poussée à 4 heures puis 5 heures, et finalement 10 heures en mode long play (arrivée en France en et disparition en 2006) ;
- : nouvelle version long play pour le VCR de Philips portant la capacité d'enregistrement à 2 heures et 30 minutes, et était incompatible avec son grand frère, le VCR « standard » pour des raisons techniques, bien qu'utilisant les mêmes cassettes (arrivée en France en et disparition en 1979) ;
- : Grundig commercialise le standard Super Video (SV) qui était un dérivé direct du VCR dont il utilisait la même cassette mais avec lequel il était incompatible ; il révolutionna la durée d'enregistrement en atteignant dès sa sortie une durée d'enregistrement de 5 heures, contre 3 heures et 35 minutes pour le Betamax, 3 heures pour la VHS, 2 heures et 30 minutes pour le VCR LP (arrivée en France en et disparition en 1979).
- 1979 : Philips et Grundig commercialisent le V2000 ou Vidéo 2000 présentant l'énorme avantage par rapport à ses concurrents d'utiliser des cassettes vidéo enregistrables sur les deux faces (comme la cassette audio) et portant ainsi l'autonomie d'enregistrement à 8 h par cassette (2 x4 heures) (arrivée en France en 1979, disparu en 1983) mais continua d'être développé essentiellement pour les marchés allemand, anglais, etc. jusqu'en 1988 apportant des améliorations telles que la stéréo, le long play portant la capacité d'enregistrement à 16 heures par cassette (2 x 8 heures).
- Un dernier standard aurait dû voir le jour pour le grand public en 1979 : le LVR (en) (Longitudinal Video Recorder) mis au point par BASF, ce standard faisait exception à l'enregistrement des signaux vidéo dit hélicoïdale en les enregistrant de manière longitudinale avec une tête vidéo fixe. La bande de ½ pouce contenue dans une cassette « débitrice » (la réception de la bande se faisait par un plateau contenu dans le magnétoscope, d'où l'impossibilité d'éjecter la cassette sans l'avoir au préalable rembobinée) défilait à une vitesse de 4 m/s et contenait 72 pistes, chacune explorée en 2 min 30 s. Le changement d'une piste à l'autre se faisait par un micro moteur « pas-à-pas » fixé sur la tête vidéo en 20 ms et une mémoire stockant 80 ms de vidéo pour éviter une coupure au changement de piste. Il offrait une autonomie d'enregistrement de 30 minutes. Bien sûr l'autonomie aurait été étendue si son développement avait continué. Toshiba réalisa aussi un magnétoscope du type LVR avec cependant quelques différences, le nombre de pistes passait de 72 à 220, l'autonomie d'enregistrement poussée à trois heures et un procédé de cassette sans fin.
Technique numérique
modifierIl existe plusieurs standards d'enregistrement numérique de la vidéo sur bande magnétique, par exemple DV, miniDV, Digital-S, etc. Cependant aucun d'entre eux ne s'est imposé en remplacement des magnétoscopes de salon. On leur a préféré le DVD pour la diffusion d'œuvres enregistrées et le magnétoscope numérique (à disque dur) pour l'enregistrement de programmes télévisés. Même pour la prise de vues, l'enregistrement vidéo sur bande magnétique a été supplanté pendant les années 2000 par l'enregistrement sur disque dur ou carte mémoire.
Histoire
modifierLes premiers magnétoscopes sont liés au développement de la télévision et n'ont servi longtemps qu'à des professionnels.
Dans les années 1980, les industriels mirent sur le marché des modèles à un prix abordable et d'un maniement facile pour les néophytes de la vidéo.
Plusieurs technologies étaient alors en compétition : VCR de Philips, Betamax de Sony, V2000 de Philips et VHS de JVC.
La qualité des images du Betamax était très légèrement supérieure, mais sa durée d'enregistrement était insuffisante pour les besoins du grand public qui souhaitait enregistrer des films entiers sur un seul support. À cause de cette faiblesse, le Betamax ne fut populaire qu'auprès des amateurs avertis. Le V2000, malgré sa qualité bien supérieure, ne parvint pas à s'imposer et cessa d'être produit.
Pour beaucoup le choix de la technologie a été dicté par l'offre vidéo VHS en vidéo-club plus que par les qualités du produit.
Après le retrait de Panasonic en 2012, Funai, dernier fabricant de magnétoscopes VHS, annonce en la fin de la fabrication du dernier modèle existant dont la production annuelle en 2015 est de 750 000 unités, bien loin des 15 millions des années 2000[1].
Notes et références
modifier- Omar Belkaab, « Adieu : plus aucun magnétoscope VHS ne sera jamais fabriqué », sur Numerama, (consulté le ).